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NUMISMATIQUE DU CONGO

DEUXIEME SUPPLEMENT

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Pl. V-IX.

COQUILLACES

Colliers en rondelles de coquilles.

Nous avons donné au

chapitre I, la description et la vue de colliers appelés musanga, que certaines populations de l'est de la Colonie emploient comme monnaies.

Les peuplades situées entre le Lomami, le lac Kivu et la partie septentrionale du lac Tanganyika utilisent, presque toutes, dans le même but, des fragments de coquilles de mollusques (1) enfilés sur des cordelettes faites de brins d'herbes tordus, dont ils forment des colliers simples ou réunis en chapelets à plusieurs branches.

Ils en ont de quatre longueurs correspondant à la palme, hauteur de la paume de la main prise sous le médius; au pied court, mesuré du talon à la pointe de petit orteil; au pied long mesuré du talon à la pointe du gros orteil; à la coudée, longueur de l'avant-bras, du coude à l'extrémité des doigts.

La coquille de l'escargot est appelée nkola par ces indigènes, (nkodia en kikongo) et les fragments découpés portent le nom de bola.

Ces fragments ont des dimensions différentes dans les diverses tribus; chez d'aucunes ce sont des plaques irrégulières qui atteignent 10 à 12 millimètres de côté et même plus, tandis

(1) Ils emploient pour cet usage le test de divers coquillages dont un, du genre « limnée», provient des eaux douces de la région; il mesure environ 13 centimètres de hauteur et 7 centimètres de grosseur. De couleur brune, sa coquille est mince et cassante. Un autre appartient au genre hélice; il a, en moyenne, 10 centimètres de hauteur et 7 centimètres de diamètre. Sa coquille, épaisse et résistante, est de couleur claire.

que chez d'autres, ils sont façonnés en rondelles ayant 4 à 5 millimètres de diamètre.

La valeur du collier varie avec le soin apporté à sa confection. Son nom est modifié et sa longueur change d'une tribu à l'autre.

Les colliers de bola sont surtout en usage :

Chez les WAZIMBA qui occupent la région située au nord-est de Nyangwe et à l'est du Lualaba.

Chez les WAREGA installés au nord des Wazimba, à l'est de la gare de Kindu.

Chez les WARUNDI des environs d'Uvira, à l'est des Wazimba et des Warega.

Chez les BABENGELE et les BAKUSU, voisins de Lokandu et de Kindu, à l'ouest du Lualaba.

Chez les WASONGOLA et les WANIAMITUKU situés respectivement au sud-est et à l'ouest du poste de Lowa.

Mbembe est le nom que porte le collier de bola, dans la langue des Warega (Kirega).

Chez eux, dix colliers mbembe, mesurés au pied long, ont une valeur correspondante à celle du doti (365) d'étoffe bleue, (indigo drills); dix colliers mesurés au pied court valent un doti d'americani ou de toute autre étoffe ordinaire.

Le mbembe entre en grande partie dans la composition des dots pour mariages.

C'est la seule valeur acceptée pour le paiement de la contribution qu'on exige pour l'initiation et la promotion aux grades supérieurs dans la Société secrète appelée Moami.

Ladite contribution est partagée entre les membres de la société à raison de quarante pour cent pour les sociétaires du grade le plus élevé (kindi) et de soixante pour cent entre ceux des autres grades. Chaque néophyte remet en plus, du vin indigène et de la venaison pour le festin qui se donne à l'cccasion de la cérémonie d'initiation (1).

(1) << Moami »>: Organisation sociale à but politique, plus ou moins secrète, comprenant six degrés ou grades pour les hommes et trois pour les femmes.

Renseignements dus à M. Losange, commissaire de district de re classe à Kasongo. Cette association a été signalée par le commandant Delhaise, dans son étude sur les Warega. Collection de monographies ethnographiques publiées par Cyrille VAN OVERBERGH. Bruxelles, 1909, p. 337.

Emandju. Les colliers-monnaies employés autrefois par les BABENGELE portaient le nom d'emandju; les rondelles, petites, n'avaient que 3 à 4 millimètres de diamètre.

Deux colliers d'environ 45 centimètres de longueur (une coudée) représentaient la valeur d'une poule, et cinquante celle d'une chèvre.

Ikumi est le nom du grand collier de coquilles, chez les WASONGOLA. Le collier simple appelé mororo (pluriel meroro) a pour longueur la hauteur de la paume de la main, soit environ 10 centimètres; il est formé de 120 à 130 bola de 5 à 7 millimètres de largeur.

Sa valeur correspond:

1 morore, à 10 centimes;

8 meroro ou 1 kola, à 80 centimes;

10 meroro ou 1 beratano, à 1 franc;

20 meroro ou 1 ikumi, à 2 fr.;

30 meroro ou 1 ikumi na beratano, à 3 fr.;

50 meroro ou makumi bili naberatano, à 5 fr.

Les meroro des Wasongola ne sont guère prisés; cela tient à ce que le travail en est moins soigné que chez les tribus voisines.

Les Wasongola emploient également des tkumi à 16 brins qu'ils dénomment aussi kiringi (pluriel viringi) par analogie avec les monnaies de ce nom en usage chez les WANIAMITUKU et les WALENGOLA dont il sera question ci-après; mais ces ikumi ne valent que le quart des kiringi des Waniamituku et des Walengola; les rondelles en sont moins blanches, plus minces et d'un travail moins parfait.

Les meroro ne sont pas négociés contre du numéraire ; ils sont même peu employés pour les transactions et servent surtout pour la constitution de la dot remise en cas de mariage.

Cette dot, variable suivant la position sociale ou la beauté de la femme, comporte de 20 ikumi à 60 makumi bili na beratano, soit de 40 à 300 francs. Elle monte parfois à 100 mali et comprend alors: 10 viringi (colliers), 10 mupanga (machetes), 10 mashoka (haches) et 4 ou 5 chèvres.

Le père de la femme cédée en mariage rend une somme à peu près équivalente au gendre, pour marquer son consente

ment.

Plus tard, le mari ristourne un supplément équivalant à 50 mali (1).

Ces remises réciproques semblent avoir pour but de lier le beau-père au gendre, par des obligations difficiles à remplir en cas de rupture de l'union. Celle-ci acquiert donc, de ce chef, une certaine solidité (2).

On estime, chez les Wasongola, la valeur de:

Une chèvre de grandeur moyenne à 10 viringi ou 10 grandes shoka, environ 60 francs.

Un bouc de grandeur moyenne à 6 viringi ou 6 grandes shoka, environ 30 francs.

Une petite chèvre à 7 viringi ou 7 grandes shoka, environ 35 francs.

Un petit bouc à 4 viringi ou 4 grandes shoka, environ 10 à 15 francs.

Ces estimations montrent le peu de logique qui préside aux évaluations chez les indigènes.

Kiringi (pluriel viringi) est le nom local du musanga chez les WANIAMITUKU et les WASONGOLA. Il est fait de rondelles bola dont le diamètre varie de 6 à 12 millimètres.

Le collier étalon a la mesure de l'avant-bras (coudée), soit environ 45 centimètres, et porte le nom de mororo. 4 colliers forment 1 ishaka.

8

16

1 kako.

1 kiringi.

Cette monnaie n'est pas de fabrication indigène; les MITUKU se la procurent chez les BIONDO, du territoire de Ponthierville et chez les riverains du fleuve, contre de l'huile, des poules, etc.

Les colliers viringi ne servent pas pour la toilette; on les emploie uniquement pour les transactions et plus spécialement pour les indemnités conjugales.

(1) « Mali », équivalent de « bongo » en kikongo, signifie biens, richesses, väleurs. C'est aussi une monnaie de compte dont la valeur correspond en moyenne à deux brasses d'étoffe.

(2) Renseignements dus à M. Stradiot, administrateur principal à Lowe.

Avant 1914, le kiringi valait de 3 à 4 francs, prix d'un doti d'étoffe kaniki (indigo drills); il se paie actuellement 16 francs, soit 1 franc par mororo; sa valeur atteint parfois 25 francs. La hausse est due à ce que les commerçants européens les achètent depuis quelques années pour les recéder aux indigènes, contre des produits : huile, noix palmistes, etc. Il est presque impossible, pour le moment, d'acheter de l'ivoire chez les Mituku en payant intégralement en numéraire ; il faut toujours suppléer par un ou plusieurs viringi.

La longueur moyenne des brins d'un kiringi qui se trouve en notre possession est de 39,3 centimètres, ce qui donne pour les 16 brins, une longueur totale de 6 mètres 29 centimètres.

On y trouve 86 rondelles bola de 6 millimètres de diamètre par 10 centimètres, soit par mètre 860 et pour les 16 brins= 6m29 × 860=5409 rondelles, dont le poids total est de 515 gram

mes.

OBJETS EN MÉTAL.

Tokenge. Les Babengele possédaient autrefois quelques monnaies originales qu'on se procure difficilement aujourd'hui.

Ils employaient, notamment, une monnaie en fer analogue à la mapuka (1), mais formée d'un écusson circulaire de 5 à 6 centimètres de diamètre, prolongé par deux branches de 2 à 3 millimètres de côté, dont l'une a le bout aplati en spatule. La longueur totale de cette pièce, connue sous le nom de tokenge, est de 25 à 26 centimètres; son poids est d'environ 20 grammes. Pl. V, 1.

On obtenait une poule pour cinq unités de cette monnaie; une chèvre en coûtait cinquante.

Bakangi. Cette monnaie, très curieuse, a la forme d'une croix latine dont la traverse coupe la hampe en son milieu. Cette hampe a une longueur de 65 millimètres et la traverse une longueur de 35 millimètres environ.

La pièce semble découpée dans une tôle de fer très mince. Les bras de la croix vont en diminuant de largeur de la croisée

(1) Voir chap. 1: Instruments d'échange indigènes. OBJETS EN FER.

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