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La formule de corroboration nous renseigne au sujet de ce Jehan Briffolz et de l'autre bourgmestre de Huy qui avait apposé son cachet à dextre du contre-sceau: « tesmoigne le gran seel delle universite de ladite ville appendus a ces presentes, en nom de nous tous, et a dos d'icelui scel fait impresseir le contrescel de ladite ville et les emprintures des propres seels vaillans et honoreis ledit Jehan Hustin d'Oultremont et Jehan Briffol, mayeur heritable de Xhingnaice, ambdeux maistres bourgois, pour le temps, de ladite bonne ville ».

De l'examen attentif de ces documents, tous porteurs du grand sceau de la ville de Huy, au contre-sceau accosté des cachets personnels des maîtres « pour le temps » de la ville, on peut conclure que cette particularité sigillographique fut un usage de chancellerie en honneur à Huy pendant tout le cours du XVe siècle (1).

Le « grand scel», par lui-même, servait à authentiquer des actes d'un intérêt général, offrant un certain caractère de solennité (2), que vient renforcer ici la part de responsabilité que prennent les bourgmestres de Huy dans la passation de ces chartes, en les contre-scellant de leurs propres sceaux. Ce mode de scellage acquiert, en outre, un caractère juridique par la mention très détaillée qui en est faite dans la formule de corroboration (3) des chartes des 4 octobre 1408, 16 avril 1417 et 4 décembre 1465 (4), toutes trois passées à Huy, au couvent des Frères Mineurs (5).

(1) M. PONCELET ne mentionne cet usage ni antérieurement, ni postérieurement au XVe siècle.

(2) Ed. PONCELET, Sceaux et armoiries des villes, communes et juridictions du Hainaut ancien et moderne. Mons, 1909, p. 9.

(3) Au sujet de la formule de corroboration, consulter GIRY.

(4) Les chartes du 25 janvier 1422 et du 6 octobre 1924 ont été passées à Liége. Etant scellées chacune de plusiurs sceaux, elles ont une formule globale de corroboration qui se contente d'énumérer les personnes juridiques ayant appendu leurs sceaux aux actes, sans indication sur le mode de scellage.

(5) Les bourgeois de Huy avaient le droit de s'assembler dans ce couvent pour y traiter toutes les affaires qui intéressaient la ville. MÉLART, Histoire de la ville de Huy, p. 14. Voir aussi Histoire de la ville et du château de Huy d'après Mélart, continuée jusque nos jours par GORRISSEN. Huy, 1839, p. 329.

R. DUBOIS, dans ses Rues de Huy, publiées en 1910, consacre une notice intéressante au couvent des Frères Mineurs, pp. 244-253.

Aucune des garanties apportées à l'authenticité du document n'y est omise. Successivement, le lecteur est initié à la nature du sceau appendu aux chartes, à la manière dont les contresceaux doivent être apposés, aux qualités, noms, titres des fonctionnaires appelés à accoster le contre-sceau de la ville de leurs cachets personnels.

Enfin, le sceau lui-même, dont l'authenticité est déjà renforcée par l'application du contre-sceau, acquiert une valeur probatoire plus grande encore par le fait de cette formalité complémentaire.

Et, si nous examinons attentivement ces contre-sceaux nous constaterons que les cachets des bourgmestres entament assez sérieusement leur bordure, s'identifiant ainsi à eux pour ne former qu'un seul et unique contre-sceau et rendant ainsi toute tentative de grattage impossible.

L'intérêt du mode de scellage que j'ai étudié en ces quelques pages, réside donc dans le double fait: 1° de donner au sceau et à la charte, inséparables au point de vue juridique, une garantie d'authenticité plus forte; 2° de parer à l'éventualité de toute tentative de contre-façon ou d'enlèvement du sceau dans un but de falsification.

Cette particularité mérite d'autant plus d'être signalée que, jusqu'à présent, semblable usage n'a encore été constaté pour aucune de nos bonnes villes.

M. NICODEME.

UN SCEAU DU COUVENT DE SION

A EECKEREN

L'abbaye de religieuses brigittines de Chudleigh (South Devon) possède la matrice d'un sceau ancien qui présente de l'intérêt à divers points de vue.

Cette matrice, mesurant 4×6 1⁄2 cm., est en cuivre et de forme elliptique. Sa gravure est soignée. Dans le champ se dresse la figure de saint Adrien. Celui-ci est représenté debout sur un lion couché. Il est revêtu d'une armure; un long man

teau recouvre ses épaules; sa tête est coiffée d'un casque à la visière levée; de la main droite il tient une épée dressée, et de la main gauche une enclume. A l'entour du sceau, entre deux filets, se déroule l'inscription suivante tracée en caractères ogivaux :

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Convetus de Syon Seti Adriani · 1 · Ekeren.

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Ce sceau n'est pas daté, mais d'après ses caractères et d'après les détails de sa composition, il semble évidemment avoir été gravé au XVe siècle.

Or, les religieuses brigittines anglaises qui, aujourd'hui, possèdent ce sceau, appartiennent à un ordre religieux qui, autrefois, a été pendant quelque temps établi à Eeckeren, près d'Anvers, mais cet établissement ne date que de 1567 ou 1568 et le couvent ne fut jamais placé sous le patronage de saint Adrien.

Il se pose donc ici un problème dont les données semblent difficilement conciliables. Dans le but de le résoudre, nous avons fait, dans les documents de l'époque, quelques recherches, dont nous résumerons brièvement le résultat.

Il y eut autrefois à Eeckeren (province d'Anvers) deux couvents (1). Le premier fut fondé en 1476 ou 1477 au lieu dit Laer, par des religieux, chanoines réguliers augustins, dont le couvent, situé à Reingestricht, en Zélande, avait été détruit par les inondations. Leur couvent s'appelait Het Sion. Après qu'ils eurent obtenu l'autorisation nécessaire de Louis de Bourbon, évêque de Liége, ils bâtirent une église et des bâtiments conventuels. Les terres qui dépendaient de cette fondation relevaient des seigneurs de Rumpst. Les religieux s'appliquèrent à les faire valoir. Mais ils furent grandement contrariés dans leurs efforts par l'envahissement des sables et, découragés, ils résolurent d'abandonner leur couvent; ils le cédèrent entre les années 1482 à 1486 à des religieuses augustines qui appartenaient à une congrégation portant le titre de t' Dal van Josaphat, la vallée de Josaphat. Celles-ci n'eurent pas plus de succès que les religieux et, après une lutte de trois ans, elles durent à leur tour fuir devant les dégâts causés par les sables. On assure qu'en 1486 elles s'établirent à Heindonck, dans la paroisse de Sempst, près de Malines.

Les renseignements que fournissent les historiens manquent de clarté et souvent sont contradictoires. A Sempst, on ne

(1) Abbé GoetsCHALCKX, Kerkelijke geschiedenis van Eeckeren, Eeckeren, s. d.

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