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3. Firminus. Dès le temps de Guibert de Nogent, l'abbaye de Saint-Denis passait pour posséder le corps de saint Firmin, évêque d'Amiens 1. Une tradition assez confuse voulait que Dagobert l'eût enlevé du château de Picquigny. Un autel lui fut consacré dans la basilique de Saint-Denis par Gui, évêque de Carcassonne, le 20 juillet 12183.

4. Patroclus. Saint Patrocle était l'un des saints dont les reliques furent données à l'abbaye de Saint-Denis par les Toulousains, jaloux de rentrer en possession du corps de saint Sernin'. Un calendrier, dressé à l'abbaye de Saint-Denis vers le milieu du xme siècle, mentionne en lettres rouges la fête de saint Patrocle, au 31 janvier :

II kal. Febr. Patrocli, episcopi et martyris 5.

Suivant un Ordre liturgique de la même époque, les moines de Saint-Denis célébraient la fête de saint Patrocle sous le rit double, et chantaient en son honneur l'office des saints dont les corps reposaient dans l'église abbatiale “.

5. Cucufas. Les religieux de Saint-Denis rapportaient à l'année 816 la translation des reliques de saint Cucuphat, précédemment conservées dans le prieuré de Liepvre en Alsace 7. L'un des autels de l'abbaye était placé sous son invocation 8.

6. Hippolytus. Les reliques de saint Hippolyte étaient arrivées au monastère de Saint-Denis en même temps que celles de saint Cucuphat. Le pape Alexandre III, lors de son voyage à Saint-Denis, en 1163, en avait, disait-on, reconnu l'authenticité,

1. De pignoribus sanctorum, dans les OEuvres de Guibert, éd. d'Achery, p. 336.

2. Chapitre XLIX de la troisième partie de la compilation de l'année 1317; le texte en est publié plus loin. Voyez les Bollandistes, sept. VII, 39 (éd. Palmé). 3. Consecrationes altarium, 3 (Appendice).

4. Chapitre L de la compilation de l'année 1317 (Appendice). Voy. Bollandistes, janv. III, 725 (éd. Palmé).

5. Ms. latin 976, fol. 62.

6. De sancto Patroclo fiat dupplex festum..... Notandum est quod utraque missa debet fieri de festo sanctorum quorum corpora in ecclesia Beati Dyonisii requiescunt; missa matutina celebretur ad majus altare de martyre; magna missa ad oratorium ipsius, et sint omnes in cappis. » Ms. latin 976, fol. 75.

7. Chapitre CX de la compilation de l'année 1317 (Appendice). Voy. Bolland. juillet, VI, 153.

8. Consecrationes altarium, 8 (Appendice).

et vers la même époque la châsse en fut portée dans une procession solennelle pour obtenir la cessation d'une épidémie 1.

7. Eustachius. Entre autres témoignages de la présence des reliques de saint Eustache dans l'église de Saint-Denis, on peut rappeler une charte de Philippe-Auguste, de l'année 1194, dans laquelle est confirmée une donation faite par le comte de Meulan: << Beato Eustachio, martyri, in ecclesia beati areopagite Dionysii corpore quiescenti 2. » Cette circonstance explique pourquoi, dans plusieurs manuscrits français3, la vie de saint Denis est immédiatement suivie de la vie de saint Eustache.

8. Mauricius. L'un des autels de l'église de Saint-Denis lui était consacré 1.

9. Innocentius. Le nom de saint Innocent figure à côté de celui de saint Maurice dans l'acte de consécration de l'autel de Saint-Maurice.

10. Hylarius. La tradition voulait que, d'une expédition dirigée contre un comte de Poitou, Dagobert eût rapporté, pour l'abbaye de Saint-Denis, le corps de saint Hilaire, en même temps que la cuve de porphyre qui fait aujourd'hui partie des collections de la Bibliothèque Nationale 5.

11 et 12. Hylarus et Romanus. Les reliques de saint Hilaire du Gévaudan et de saint Romain de Blaye avaient été livrées aux moines de Saint-Denis en échange du corps de saint Sernin, réclamé par l'église de Toulouse. Deux autels avaient été érigés dans la basilique sous l'invocation de chacun de ces deux confesseurs 7.

Il est donc démontré que l'abbaye de Saint-Denis possédait les reliques des douze saints qui, dans le manuscrit dont j'ai l'honneur de vous entretenir, sont énumérés sous les rubriques martyres quorum corpora hic sunt et confessores hic quiescentes. Il en faut conclure que le mot hic, dans ces deux rubriques, désigne l'abbaye de Saint-Denis en France. C'est donc de cet

1. Chapitres CX-CXII de la compilation de l'année 1317 (Appendice).

2. L'original de cette charte est aux Arch. nat. K 26, n. 19. Voy. Catal. des actes de Phil.-Aug., p. 102, n. 426.

3. Mss. français 2464, 13502 et 19530.

4. Consecrationes altarium, 5 (Appendice).

5. Chapitre XLVIII de la compilation de l'année 1317 (Appendice).

6. Chapitre L de la même compilation (Appendice).

7. Consecrationes altarium, 10 et 11 (Appendice).

illustre monastère qu'est sorti le volume dont votre libéralité vient d'enrichir la Bibliothèque Nationale, et nous l'inscrirons sans aucune hésitation sur la liste des manuscrits de Saint-Denis que nos prédécesseurs avaient rassemblés de différents côtés, et dont le nombre s'élevait déjà à soixante et trois 1.

Recherchons maintenant à quelle époque l'exécution doit en être rapportée. L'aspect de l'écriture et des peintures dénote bien le xir° siècle; mais une date précise nous est révélée par la remarque sur les âges du monde qui se lit au fol. 60:

Prima etas fuit ab Adam usque ad Noe, sive ad diluvium; fuerunt anni M.DC.LVII. Secunda etas a Noe usque ad Abraham; fuerunt anni M.CC.XXII.

Tercia etas ab Abraham usque ad David; fuerunt anni D.CCCC.XLII.

Quarta etas a David usque ad transmigrationem Babylonis sive Nabugodonosor; fuerunt anni CCCC.LXXIII. Quinta etas a transmigratione Babylonis sive Nabugodonosor usque ad adventum Domini; fuerunt anni D.LXXXIX. Ab adventu Domini usque ad presens M.CC.XLVIII. Ad Adam usque modo, hoc est ab incarnatione Domini anno M.CC. L, VI millia C. XXXI.

1657

1222

942

473

589

1248

6131

Ainsi, c'est en l'année 1250 que le volume par vous offert à la Bibliothèque Nationale a été exécuté. Nous l'enregistrerons donc dans nos catalogues comme un exemple authentique de ce que l'art des calligraphes et des peintres pouvait produire dans l'abbaye de Saint-Denis au milieu du règne de saint Louis. Comme tel, il servira de jalon pour l'étude des progrès de l'écriture et de la miniature en France.

Les 56 premières pages du manuscrit, qui contiennent la vie française de saint Denis, seront à lire par les philologues; elles feront connaître, jusqu'aux moindres particularités, l'état de la langue vulgaire, en 1250, au cœur même de l'Ile-de-France.

Les peintures de la deuxième partie ne sont pas moins instruc

1. La liste que j'ai essayé d'en dresser se trouve dans Le Cabinet des manuscrits, I, 201.

tives; elles fixeront l'attention des archéologues qui s'occupent de l'histoire des arts, des mœurs et des costumes.

Pour toutes ces études, l'emploi des manuscrits à date certaine offre d'inappréciables avantages, en ce que les observations dont ils sont l'objet ne reposent sur aucune hypothèse quant à l'âge du document, et ne donnent par là même aucune prise à la critique. Le nombre des manuscrits à peintures avec date certaine est malheureusement très-restreint. Comme appartenant authentiquement au milieu du xm° siècle, nous n'avions guère à citer dans les collections de la Bibliothèque Nationale1 que le psautier de saint Louis, n° 10525 du fonds latin, dont l'exécution doit être rapportée aux environs de l'année 1260, puisqu'il fut fait pour le roi après son retour de la croisade2. A côté du célèbre psautier que Louis XVIII fit déposer en 1818 au Département des manuscrits, nous citerons désormais le volume que vous offrez à la Bibliothèque, et qui ne se recommande pas seulement par les mérites que je viens d'indiquer sommairement. Il a droit, en effet, de prendre place dans les collections de la Bibliothèque en tête d'une série de monuments, également précieux pour l'art et la littérature, que les moines de Saint-Denis avaient consacrés à nos vieilles traditions religieuses et nationales.

A l'abbaye de Saint-Denis, comme à la cour des Capétiens, l'histoire de l'apôtre de Paris et du monastère qui lui était dédié se confondait avec l'histoire de France. Les Grandes chroniques témoignent, dans plus d'un endroit, de ces pieuses préoccupations; mais ce n'était pas dans un ouvrage aussi volumineux que pouvait se satisfaire la curiosité des nobles pèlerins auxquels le royal monastère ouvrait si souvent ses portes. De même que Guillaume de Nangis composa une courte chronique pour faire connaître << aux hauts hommes et nobles, qui souvent venaient en l'eglise monseigneur Saint Denis, la très-haute generation et les merveilleux faits des rois de France 3 », ainsi d'autres moines s'attachèrent à rappeler, sous une forme abrégée, les principales circonstances de la vie de saint Denis et les marques de protection qu'il avait prodiguées aux rois et au royaume de France.

1. Je ne parle, bien entendu, que des mss. dont la date peut être déterminée par des considérations étrangères au style des peintures et au caractère de l'écriture.

2. Voyez Le Cabinet des manuscrits, I, 9.

3. Recueil des historiens, XX, 649.

Telle est l'origine du morceau qui forme la première partie du volume donné par vous à la Bibliothèque Nationale. L'auteur de ce morceau a soudé à la Vie de saint Denis une continuation qui a pour sujet la légende de saint Saintin et de saint Antonin, évêques de Meaux, la conversion et le baptême de Clovis, la découverte des reliques de saint Denis, les circonstances dans lesquelles Dagobert alla demander un asile à « la povre mesonnette qui estoit sor les cors des gloriex martyrs, » la fondation de l'abbaye de Saint-Denis, la dédicace miraculeuse de l'église et la guérison du lépreux qui en fut le témoin, la vision relative à la délivrance de l'âme de Dagobert, enfin la consécration de l'autel de Saint-Denis et le sacre du roi Pépin par le pape Étienne en l'année 754.

Plusieurs textes latins, qu'il sera facile de trouver, ont fourni à peu près tous les éléments de cette compilation, qui eut un certain succès, puisque nous n'en connaissons pas moins de quatre exemplaires à la Bibliothèque Nationale :

1° Celui auquel votre nom restera attaché.

2o Le ms. français 2464, du xire siècle, venu de Saint-Martial de Limoges; le récit s'y arrête à la mort de saint Antonin.

3o Le ms. français 19530, du xure siècle, venu de Saint-Germain-des-Prés ; au xve siècle il devait se conserver à Troyes. 4o Le ms. français 13502, du commencement du XIVe siècle.

Cette compilation obtint une assez grande vogue pour suggérer à un rimeur l'idée de la mettre en vers : nous la possédons sous cette forme, dans un ms. du xv° siècle (no 1741 du fonds français), dont les dernières pages ont disparu, de façon que la légende s'interrompt au milieu de l'épisode du lépreux guéri lors de la dédicace de l'église de Saint-Denis.

Un peintre fut chargé de retracer les merveilleuses histoires consignées dans la compilation dont je viens d'indiquer le plan. Ses tableaux couvrent les feuillets 29-57 de votre manuscrit. Sur tous les points, jusqu'aux moindres détails, il règne entre le texte et les images la plus exacte concordance. Cette suite de tableaux pouvait apprendre, même aux illettrés, toutes les circonstances de la vie et de la passion de saint Denis, la légende de saint Saintin et de saint Antonin, le baptême de Clovis, les gestes de Dagobert et la dédicace de l'église abbatiale. On montrait évidemment ces peintures aux pèlerins de distinction; les vers

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