Dictionnaire archéologique de l'antiquité, de M. Nuttall et l'Histoire des antiquités de Winchester. Tel est le tableau du mouvement intellectuel pendant l'année qui vient de s'écouler. Nous avons omis, et à dessein, beaucoup de choses; car, même en donnant à cet article des dimensions sans doute trop étendues, il est difficile d'indiquer seulement les matières principales. Nous avons voulu jeter un coup d'œil général sur les progrès de l'Europe savante. Les matériaux fournis par notre recueil nous rendaient cette tâche facile : nous n'avons point voulu y manquer. Nous nous estimerons heureux si nous avons pu signaler à nos lecteurs le trait particulier de la culture littéraire de chacune des nations de l'Europe, et leur indiquer tout ce que l'habitude de cette littérature internationale doit amener de résultats féconds pour les savans de tous les pays. Quoique cet article soit bien long, nous demandons la permission d'y ajouter un mot sur le fait dominant du mouvement intellectuel de la France; nous voulons parler de cette ardeur inouïe qui pousse tous les esprits vers l'histoire. Mises en honneur par un historien éminent devenu ministre, et depuis constamment favorisées par ses successeurs, les études historiques ont eu parfois le rare privilége de faire trève à nos préoccupations politiques. Elles sont devenues le sujet d'investigations sérieuses et même un objet de mode; grande preuve et puissante garantie de succès en France. Les résultats obtenus ont-ils été en proportion de la passion apportée aux recherches? nous n'oserions le dire. Au zèle véritable se sont ajoutées bien des passions factices. Quand tout le monde s'en mêle, il est bien difficile qu'il n'y ait pas beaucoup à blâmer, et l'on ne saurait dire tout ce qui s'est produit de fausse science et de faux savans. Quoique bonne en soi, cette ardeur de l'inédit, qui semble s'être emparée de tout le monde, a bien des inconvéniens. Rien n'est facile comme d'amonceler les documens; la Bibliothèque du Roi et les Archives du royaume, sans compter tous les autres dépôts publics, ont largement de quoi défrayer pendant de longues années toutes les presses de la France. Mais à cette publication en bloc, à cette émission matérielle de documens, la science véritable, l'histoire digne de ce nom ont-elles beaucoup à gagner? On nous accusera peut-être de vouloir refroidir une ferveur destinée, ainsi qu'on l'affirme, à faire luire enfin la lumière sur nos origines, sur nos institutions et nos mœurs: mais ne dirait-on pas que nos origines ont été jusqu'ici impénétrables, que les sources de nos institutions n'ont jamais été fouillées, que nos mœurs, nos arts, nos habitudes sont toujours demeurés lettres closes? Oui, il y a des parties de détail à améliorer, quelques questions bien rares, mais importantes, à résoudre, quelques points obscurs de certains règnes à éclaircir, et des esprits éminens s'attachent avec raison à la solution de ces quelques problèmes que tout le monde connaît et qui de tout temps ont été indiqués à la critique des vrais savans. Mais de croire que tout est à faire, que, tout est à découvrir, que jusqu'ici l'histoire n'a été qu'une confusion, un mensonge, un chaos; voilà qui est parfaitement absurde, et voilà cependant ce qu'on a pensé, ce qu'on a écrit; voilà de ces préjugés qui ne dominent le commun des érudits que parce que certains esprits éminens leur ont donné créance. Non certes, en histoire tout n'est pas à découvrir ; et réciproquement il s'en faut que dans tout ce qui a été mis au jour dans ces derniers temps il n'y ait que des découvertes. Les hommes qui jusqu'à présent avaient compulsé notre histoire savaient aussi lire les manuscrits qui en sont la source; ils savaient où aller trouver les documens qui en éclairent l'ensemble et les détails s'ils ont refusé d'en publier les textes, c'est qu'ils avaient su en prendre la substance. Et aujourd'hui, quand la foule des savans novices pénétrant dans nos dépôts, à la vue d'un monument dont ils ne soupçonnaient pas l'existence, s'écrient avec un enthousiasme tout colombien : Terre, terre! ils imitent Améric Vespuce donnant son nom à la découverte des navigateurs espagnols, ou mieux encore ce villageois casanier qui prend pour un autre monde la contrée la plus voisine. Il va donc sans dire qu'en applaudissant au goût si puissamment éveillé des études historiques, nous entendons blâmer toutes ces publications hâtives et indigestes, choisies sans utilité et sans à propos, disposées sans critique et auxquelles on ne trouve qu'un seul mérite, celui d'être inédites. Le temps et l'argent qui se dépensent dans de tels travaux pourraient être bien mieux employés à élever avec les matériaux acquis quelque monument historique véritablement utile, savant et glorieux pour ceux qui en seraient les ouvriers et pour le temps qui le verrait naître. Faisons une halte, sans quoi, comme ces mineurs trop avides, nous allons nous trouver ensevelis sous le monceau de nos découvertes. Nous avons assez travaillé dans la carrière; il est temps de jeter les fondemens du temple. TABLE ANALYTIQUE. THÉOLOGIE. Bible, ouvrages y relatifs et Pères de l'Église. Introductio in Libros Sacros veteris fœderis, par Ackermann, 98. Liber Psalmorum, par Biesenthal, 1057. Job et les Psaumes, par Laurens, 292. Das Buch Hiob, par Heelscher, 10. Commentaire sur l'Exode, 333. Lectures on the, etc... of the Pentateuch, par Graves, 291. De l'évangile des Égyptiens, par Schneckenburger, 964. Zur Geschichte der Marienverehrung, par Klæden, 577. Regino de Synodalibus causis, par Wasserschleben, 386. S. Jo. Chrysostomi Homiliæ in Matthæum, par Field, 293. Jo. Chrysostomi Homiliæ V, par Becher, 197. Origenis in Numeros Homiliæ, par Lommatzsch, 1060. Theodoreti Cyrensis græc. affectuum curatio, par Gaisford, 296. Hermiæ Irrisio gentilium, par Meuzel, 803. Flavius Josephus de Jesu Christo, par Schedel, 296. Saint Justin, martyr, par Semisch, 870. Les Pères de l'Église, par de Genoude, 198. Jeunesse de saint Augustin, par de Floirac, 482. S. Vincentii Lerinensis commonitorium, par Herzog, 199. Liturgie, sermonaires, mystiques, etc. Commentatio exegetico-critica, par Müller, 98. Religion de l'avenir, par Rigoet, 677. Examen des Paroles d'un Croyant, par du Plessis, 678. Cours de leçons religieuses, par Dannery, 675. De l'intelligence et de la foi, par Guillemon, 966. Le Christ devant le siècle, par de Lorgues, 1061. La fin des temps, par Pierre, 772. Considérations sur le dogme, par Gerbet, 773. Lettres d'un docteur catholique, par Scheffmacher, 774. Conférences de Wiseman, 679. De fide et spe, etc., par Siebenhaar, 14. De erroribus qui ætate media, etc., par Reuter, 872. Acta ad librum Achterfeldtii, 13. Perronius, theologus vapulans, par Sincerus, 11. C. C Hennell's Untersuchung, par Strauss, 582. Der Uebertritt des Kurfürsten, par Schladebach, 587. Die europaeische Trilogie, par Krug, 390. Religious character of the American gov., 388. Collectio confessionum in ecclesiis reformatis, par Niemeyer, 303. Souyouthii Liber de interpr. Korani, par Meursinge, 241. Der Bilderstreit der byzantinischen, par Marx, 12. Versuch einer Darstellung des Christologie, etc., par Gerock, 10. JURISPRUDENCE. Introduction, droit romain, français, etc., code criminel, etc. Encyclopædia jurisprudentiæ, par Den Tex, 200, Mélanges de droit public, par de Haller, 402. De origine partitionis digestorum, par Stephan, 307. Index omnium quæ in corpore juris Justin., par Schneider, 202. Journal pour le droit romain, par Elvers, 680. Rechtsphilosophie als Naturlehre, par Warnkoenig, 487. Die Kirchenverfassung nach Lehre, par Stahl, 589. Das Deutsche Strafverfahren, par Mittermaier, 19, 489. |