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cessation de l'albuminurie; ce qui, joint aux phénomènes que nous venons d'indiquer et au moment de son apparition, doit faire considérer aussi cette albuminurie comme critique. La durée du phénomène a été de huit, six, cinq et deux jours; en moyenne, un peu plus de cinq jours. Dans un cas, l'albuminurie a été assez prononcée (Obs. 21), dans les autres, elle a été assez légère.

Il n'y a eu, dans aucun de ces cas, examen cadavérique, puisqu'il n'y a pas eu de décès. L'anatomie pathologique reste donc muette. Tout porte à croire que c'est sous l'impulsion d'un effort critique que l'albuminurie a lieu dans la bronchite capillaire, et qu'elle ne résulte que d'un simple trouble de fonctions.

XXI OBSERVATION. - Albuminurie de huit jours de durée pendant la période de décroissance d'une bronchite capillaire chez un buveur.

Ryng..., infirmier à l'hôpital de Givet, cinquante-deux ans, constitution détériorée par la boisson, ayant déjà été atteint à diverses reprises de bronchite sans complication, est pris de bronchite capillaire le 13 janvier 1848.

Ce malade est presque immédiatement réduit à la suffocation; la face et les extrémités sont violacées, le pouls est petit et fréquent (112). La toux est presque habituelle et entraîne l'expuition d'une grande quantité de crachats muqueux, aérés.

Nous ne trouvons rien du côté du cœur ni des gros vaisseaux. La cage thoracique résonne bien partout; et, à l'auscultation, nous ne percevons que des râles muqueux, gros et ténus, disséminés dans toute l'étendue des poumons.

Saignée du bras de 200 grammes, puis émétique à 10 centigrammes pour provoquer le vomissement.

Le 15 janvier, le malade est soulagé, la respiration moins difficile; usage du kermès à 0,25 par jour, pédiluve sinapisé bis.

Le 21 janvier, il y avait une grande amélioration; les crachats, bien moins abondants, étaient devenus épais, opaques, puriformes. L'urine, jusque-là claire, limpide, neutre ou alcaline, ne précipitant pas, commence à devenir bourbeuse, dense, acide; et traitée, après filtration, par l'acide azotique et la chaleur, elle précipite abondamment.

Pendant sept jours consécutifs elle continue à précipiter, au point de faire croire à une néphrite albumineuse s'accompagnant, comme cela arrive souvent, de bronchite ou de catarrhe bronchique diffus.

Cependant le malade n'éprouve aucune douleur aux reins, et sa bronchite capillaire décroît de jour en jour.

Le 30 janvier, l'urine ne précipite plus depuis deux jours. Deux vésicatoires aux faces postérieures du thorax. Pas de trace d'albuminurie après les vésicatoires.

Le malade reste encore trente et un jours à l'hôpital. Pendant tout ce temps nous analysons l'urine chaque matin, et nous ne trouvons jamais plus de trace d'albumine.

Nous avons pu revoir Ryng... jusqu'au mois de mai, époque où nous quittions Givet. Il n'a plus eu d'albuminurie. Un mois et demi après, il succombait au choléra.

En résumé, il ressort de nos faits qu'une albuminurie passagère, de peu de jours de durée, apparaît dans quelques cas de pneumonie aiguë et même chronique, et de bronchite capillaire; que ces cas doivent être soigneusement distingués de ceux où, déjà atteints du mal de Bright, certains malades offrent une complication de pneumonie et surtout de bronchite diffuse intense, qui paraissent alors comme conséquence de la maladie initiale. Pour les premiers, l'albuminurie est un fait de peu d'importance, puisqu'elle disparaît bien vite et semble accompagner la décroissance de la maladie. Dans les seconds, au contraire, elle est le fait dominant, puisqu'elle est le signe de lésions rénales préexistantes et qu'elle commande toute la thérapeutique.

Nous ferons observer qu'en Angleterre et en Allemagne, l'albuminurie passagère semble bien plus fréquente qu'en France, dans le cours des pneumonies et des bronchites. Ce fait marche parallèlement avec cet autre, bien constaté, de la plus grande fréquence du mal de Bright dans ces deux pays que dans le nôtre.

Quoique les observateurs allemands et quelques auteurs anglais aient voulu rattacher à la desquammation des tubuli l'albuminurie passagère qu'on observe dans le cours de la pneumonie et de la bronchite capillaire, rien ne justifie cette manière de voir. D'abord, on ne cite aucun fait anatomique à l'appui; on se contente de présomptions ensuite, quand la desquammation rénale donne lieu à

l'albuminurie, la marche de celle-ci est bien différente, tant sous le rapport de l'intensité que sous celui de la durée, et cela se comprend.

Si tant est que, par l'examen des urines, on ait découvert quelques traces d'épithélium rénal, ce fait prouve simplement que, sous la pression d'une hyperémie dominée par quelque altération inconnue du sang, quelques cellules épithéliales imbibées, macérées, se détachent, en même temps que l'albumine filtre dans l'urine.

Pour distinguer l'albuminurie passagère de l'albuminurie persistante, liée au mal de Bright, qu'on est exposé à rencontrer dans le cours des affections dont nous parlons, il est des caractères qui doivent servir au clinicien. Quand il s'agit de mal de Bright compliqué de pneumonie, l'albumine coagulée se présente sous forme de flocons, toujours en grande quantité. L'albuminurie persiste invariablement quand il s'agit de mal de Bright chronique: elle ne décroit, dans ie mal de Bright aigu, que quand un traitement convenable est appliqué. Dans l'un et l'autre cas, l'albuminurie s'accompagne assez souvent de douleurs rénales qu'on développe par la pression, de suffusions séreuses localisées aux membres inférieurs ou à la face, ou généralisées. Dans un bon nombre de cas, il y a diminution de la vision, ou d'autres troubles nerveux du côté du cerveau, etc. C'est en tenant compte de tous ces phénomènes qu'on arrive au diagnostic différentiel de l'albuminurie passagère et de l'albuminurie persistante.

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d. Albuminurie dans certaines affections spécifiques de la peau et du tissu cellulaire.

1° Érysipèle et pourriture d'hôpital.

C'est peut-être à tort que nous plaçons l'albuminurie qui accompagne fréquemment l'érysipèle, et surtout l'érysipèle grave, sur le rang de l'albuminurie fugace. Son intensité aurait dû nous éloigner de cette idée; mais, comme son existence est limitée, et que, d'ailleurs, l'état pathologique qui la suscite n'en est qu'exceptionnellement suivi, nous avons dû nous résoudre à ce plan.

Au reste, comme nous séparons d'une manière absolue l'albuminurie résultant des lésions rénales, qui se complique parfois d'érysipele, il fallait bien opter pour ce parti, qui nous met à même de juger la valeur séméiologique de l'albuminurie, dans les cas nombreux d'érysipèle où elle se montre. Personne, avant nous, n'avait constaté l'albuminurie dans l'érysipèle, quand, en 1850, nous signalâmes ce fait dans la Gazette des hôpitaux.

Sur 105 cas d'érysipèle de plus ou moins grande étendue, nous avons rencontré l'albuminurie quinze fois, ou une fois sur sept. La proportion est fort grande et l'on peut presque ajouter que c'est, en dehors des maladies des voies urinaires, l'état morbide qui lui donne lieu le plus fréquemment.

Nous devons ajouter, cependant, que la plupart de ces cas se sont présentés dans les années 1848, 1849, 1853, durant des épidémies de fièvre typhoïde et de choléra, circonstances qui expliquent cette fréquence si grande de l'albuminurie, que nous n'avons plus remarquée depuis.

Ce phénomène ne se produit ordinairement pas dans les cas d'érysipèle restreint, léger, ou du moins nous ne l'avons jamais observé; c'est dans l'érysipèle vaste, grave, qu'on le rencontre le plus souvent.

Sur les 11 cas par nous notés, quatre fois l'érysipèle était survenu dans le cours de la fièvre typhoïde, et l'albuminurie ne s'était montrée, dans aucun de ces cas, avant son apparition. La complication d'érysipele a eu lieu au vingt-troisième jour dans l'observation 24, au vingt-septième dans l'observation 30, au trente et unième dans l'observation 34, et au vingt-huitième dans l'observation 35.

Dans 5 cas, l'érysipèle n'a été qu'un premier degré de la pourriture d'hôpital et a été bientôt suivi de sphacèle de la peau sur les points affectés. Nous devons noter tout d'abord que l'albuminurie déjà abondante, intense, dans presque tous les cas d'érysipele où nous l'avons observée, a acquis un degré d'intensité et de durée plus grandes quand la pourriture d'hôpital s'est déclarée.

En face d'une assertion du professeur Begbie, d'Édimbourg, assertion contraire à ce que nous avons observé, nous devons commencer par donner avec précision les dates de l'apparition et de la cessation de l'albuminurie dans tous nos cas.

Le docteur Begbie a posé comme un fait général que, dans l'éry

sipèle, l'albuminurie se montre dans la période de desquammation, ou dans le début de la convalescence.

Cet auteur aurait-il trouvé par quelque procédé particulier d'analyse, quelques traces d'albumine dans ces cas d'érysipèle peu étendu, tels qu'on en traite fréquemment, et serait-ce alors dans ces cas que l'albuminurie se montre, dès le début de la convalescence? Nos observations ayant porté sur des cas d'érysipèles apparus en temps d'épidémie, dans les salles d'hôpital, soit à la suite de vésicatoires, soit spontanément sous l'influence des miasmes des salles, il pourrait se faire que là soient les causes de discordance d'opinion, quant au moment de l'apparition de l'albuminurie. Toujours est-il que nous n'avons trouvé l'albuminurie que dans les érysipèles graves par leur étendue, les dispositions du sujet ou les circonstances concomitantes; et qu'au lieu de la constater au début de la convalescence, nous l'avons signalée dans le cours de l'affection. Sa diminution ou sa cessation ont coïncidé, au contraire, avec la convalescence.

Ainsi, sur nos 15 cas, l'albuminurie a pu être notée avec précision dans 14. Pour le 15°, nous n'avons été appelé en consultation que dans une période assez avancée de la maladie, ce qui nous a empêché de préciser le moment de son début.

Dans les 14 cas, le début a eu lieu: dès le premier jour trois fois, au deuxième jour six fois, au quatrième jour deux fois, au cinquième deux fois, au sixième une fois.

L'albuminurie aurait donc commencé du premier au sixième jour de la maladie. Il est toutefois à remarquer que nous avons compris, parmi les érysipèles, une affection qui tend à s'en éloigner par sa nature spécifique, la pourriture d'hôpital, qui a toujours pris l'allure de l'érysipèle au commencement. Dans ces cas, au nombre de cinq, l'albuminurie s'est invariablement montrée du premier au deuxième jour; mais ces cas défalqués, il resterait encore bien prouvé, que c'est du deuxième au sixième jour, que le même phénomène commence dans l'érysipèle.

Cette époque de début a une extrême importance à nos yeux; elle tend à prouver que le phénomène se produit par un mécanisme différent et sous une tout autre cause immédiate que celle que les docteurs Begbie et Walse ont voulu lui assigner.

En effet, si l'albuminurie se montrait généralement dans la pé

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