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riode de desquammation, on pourrait presque conclure, avec ces auteurs, qu'elle provient de la desquammation rénale, comme dans la scarlatine. Encore contesterions-nous à ces auteurs que l'intensité de l'albuminurie soit en rapport direct avec l'étendue de la desquammation cutanée, et que la quantité des cellules épithéliales dans l'urine soit en rapport avec le dépouillement des cellules épidermiques.

Cette explication tombe, au contraire, d'elle-même si l'albuminurie commence presque immédiatement après l'invasion de l'érysipele, et finit, ou décroît au moins, à mesure que la desquammation cutanée s'opère.

La durée de l'albuminurie a pu être notée par nous quatorze fois sur quinze; voici ce qui résulte de notre relevé :

La durée a été de deux jours, deux fois (Obs. 35 et 35 quater); dans la première, il s'agit d'une albuminurie légère; dans la seconde, la mort est survenue au deuxième jour.

Elle a été de trois jours, une fois (Obs. 30); de quatre jours, deux fois (Obs. 29 et 35 bis); dans la dernière, elle a duré jusqu'au décès; de cinq jours, deux fois (Obs. 28 et 34); de six jours, une fois (Obs. 25); de sept jours, une fois (Obs. 24); de dix jours, une fois (Obs. 33); de douze jours, une fois (Obs. 26); de vingt jours, une fois (Obs. 32); de vingt-quatre jours, une fois (Obs. 35 ter); d'un mois, une fois (Obs. 31).

La durée moyenne a été d'un peu plus de dix jours pour ces 14 cas. On voit donc que cette durée dépasse de beaucoup celle que nous avons notée pour l'albuminurie qui accompagne la pneumonie aigüe ou chronique, et la bronchite capillaire ou diffuse. Si nous ajoutons que dans les cas d'érysipèle, l'albuminurie a généralement été intense, quelquefois aussi abondante que dans la maladie de Bright chronique, on verra qu'il y a une ligne de démarcation pour le même phénomène dans les deux séries d'affections que nous passons en revue : et ceci a une importance réelle, car, si tout tend à le faire considérer comme critique dans la pneumonie et la bronchite capillaire, tout porte, au contraire, à le faire considerer sous un autre point de vue dans l'érysipèle. Dans l'albuminurie qui accompagne celui-ci, le précipité est le plus souvent d'un blanc neigeux, à flocons bien dessinés; quelquefois il prend un aspect jaunâtre, jaune vert, grisâtre, gris cendré, quand

l'érysipele passe à la pourriture d'hôpital; très-exceptionnellement il a une couleur un peu rougeâtre.

Généralement nous n'avons pas trouvé, comme dans la pneumonie, un double précipité d'albumine et d'urates.

Parfois l'albuminurie a disparu durant un ou plusieurs jours, pour reparaître encore après; ces alternatives coïncidaient avec la cessation et la recrudescence de l'érysipèle, et rien ne prouve, plus que cette circonstance, contre l'assertion qui rattache le phénomène à la desquammation rénale.

Nous pouvons signaler surtout deux cas où cette intermittence de l'albuminurie a eu lieu d'une façon tranchée (Obs. 26 et 34).

Nous devons nous arrêter un instant sur un épiphénomène que nous avons observé parfois consécutivement à l'albuminurie, et qui nous paraît avoir avec elle une certaine relation de cause à effet: nous voulons parler des suffusions séreuses, de l'anasarque. Cet épiphénomène s'est montré quatre fois sur quinze, et toujours postérieurement à l'albuminurie (Obs. 26, 27, 31, 32). Sa durée a été plus ou moins longue, suivant les traitements mis en usage et la plus ou moins grande détérioriation des sujets. Les suffusions séreuses sont apparues à divers degrés, depuis la simple bouffissure de la face et l'œdème des pieds jusqu'à l'infiltration générale.

Nous croyons que, pour n'être pas la cause unique et immédiate des suffusions sérieuses, l'albuminurie n'en participe pas moins à leur production, dans ces cas (1).

Sans doute, la même influence qui produit l'érysipèle, suscite en même temps une détérioration générale et altère le sang, sans qu'on puisse dire de quelle façon; mais l'albuminurie, arrivant à son tour, dépouille le sang de partie de son albumine et rend la transsudation de son sérum facile à travers les parois des capillaires.

(1) Wend, dans une monographie sur l'hydropisie, fait figurer parmi les causes prédisposantes à l'anasarque les exanthèmes récents et les phlegmasies de la peau. Il a observé l'anasarque à la suite de l'érysipèle. (Wend, Breslau, 1837.) J. Frank dit que l'anasarque succède sonvent à l'érysipèle. M. ImbertGourbeyre cite une observation de ce genre dans son mémoire sur les rapports de l'érysipele avec le mal de Bright.

Le même effet s'observe, du reste, chez les malades atteints de fièvre typhoïde, de pourriture d'hôpital, et sans qu'ils aient rendu de l'albumine dans les urines. La bouffissure de la face, l'œdème des extrémités, l'anasarque même ne sont pas chose excessivement rares dans ces cas.

Dans 6 cas terminés par la mort et où l'albuminurie s'est prolongée jusqu'à la fin, les reins ont pu être examinés avec soin. Quatre fois sur six, ils ont été trouvés de volume ordinaire, pâles, exsangues, sans coloration jaunâtre, sans aucune altération de structure (Obs. 25, 32, 35 bis, 35 ter). Dans ces quatre cas, l'érysipele n'avait été que le premier degré de la pourriture d'hôpital. L'albumine avait duré quatre, six, vingt et vingt-quatre jours. Dans les deux cas restants, une fois les reins ont été trouvés hyperémiés sans aucune altération de structure, sans marbrures, mais uniformément congestionnés comme s'il s'était agi d'une imbibition mécanique (Obs. 34). Le malade avait été pris d'érysipèle dans le cours d'une fièvre typhoïde, et avait succombé à une double pneumonie hypostatique. Or, on sait que, dans les fièvres typhoïdes, les reins se trouvent généralement et mécaniquement hyperémiés comme d'autres organes parenchymateux, et cependant l'albuminurie n'accompagne cette affection qu'exceptionnellement. Une autre fois (Obs. 35 quater), le rein droit se trouvait seul un peu vascularisé.

Il résulte donc de l'examen cadavérique que, dans aucun cas, les reins n'ont offert une altération capable de justifier ou de se relier directement à l'albuminurie comme cause à effet, à moins que, forçant les faits et les explications, on ne veuille trouver dans cette anémie ou cette hyperémie que nous avons constatées, l'un des degrés du mal de Bright. Dans ce cas, autant admettre d'emblée, sans discernement comme sans examen raisonné, qu'en tout et pour tout il y a altération rénale, dès qu'un peu d'albumine se montre dans l'urine.

Cette manière d'interpréter les faits, tout en les simplifiant en apparence, et en faisant rendre raison du phénomène à des lésions matérielles, jetterait la plus fâcheuse confusion dans la science.

Pour notre compte, nous ne saurions l'admettre: nous aimons mieux croire qu'au lieu d'une altération rénale qui n'existait pas,

il s'agit plutôt d'une altération du sang, comme cause déterminante de l'albuminurie. Aucune analyse de ce liquide n'est là pour confirmer notre manière de voir, mais l'induction la justifie.

En effet, dans les cas où l'autopsie a lieu, cinq fois il y a pourriture d'hôpital. Certes, il ne répugnera à personne d'admettre, avec un élément morbide semblable, une véritable intoxication consécutive du sang, une altération de ce liquide, que nous n'avons pas la prétention de préciser. Une sixième fois l'érysipèle surgit au milieu d'une fièvre typhoïde, c'est-à-dire d'une affection où tout le monde aujourd'hui admet une altération du sang initiale ou consécutive. Quoi qu'il en soit, qu'on admette ou non une altération du sang, il résulte des faits exposés que l'albuminurie ne se rattache point, ici, à des lésions de structure du rein: tout concourt à prouver qu'elle n'a été que le résultat d'un trouble fonctionnel.

Pour en finir avec l'albuminurie qui accompagne quelques érysipèles graves, il nous faut dire un mot du caractère de l'urine, en dehors de l'albuminurie.

Onze fois sur quinze, il a été tenu compte du caractère de l'urine. Voici ce qui résulte du relevé que nous en faisons. Dans 5 cas, l'urine a été trouvée alcaline d'emblée. Dans 2 cas, l'urine, d'abord acide, est devenue alcaline. Dans 1 cas, elle s'est montrée neutre. Enfin, dans 3 cas, elle était un peu rouge et acide.

Nous avons noté la fétidité du liquide urinaire, en même temps que son alcalinité, dans 3 cas, et ce sont 3 cas de pourriture d'hôpital.

Disons que, dans l'observation 29, nous nous sommes assuré, par l'examen microscopique, que la coloration rouge de l'urine provenait de la matière colorante du sang. L'urine était rouge dans un cas d'érysipèle sans complication, et dans deux cas d'érysipèle avec fièvre typhoïde.

La seule conclusion à tirer de ces divers caractères de l'urine est que, à l'encontre de ce qui se passe dans la pneumonie, elle ne contient, dans l'érysipèle avec albuminurie, aucun urate, au moins dans la majorité des cas.

XXIV OBSERVATION. Albuminurie pendant l'évolution d'un érysipèle de la face chez un typhoïde.

B....., du 41° de ligne, entré à l'hôpital, le 18 juillet 1849, pour une fièvre typhoïde grave, à forme cérébrale, est pris, au vingttroisième jour de son affection, d'un érysipèle de la face qui vient compliquer la maladie initiale. Jusque-là l'urine, examinée tous les jours, n'avait jamais offert de traces d'albumine à l'analyse.

Le 14 août, deuxième jour de l'invasion de l'érysipèle, qui s'étend à toute la face et a envahi une partie du cuir chevelu, l'urine précipite abondamment. L'érysipèle persiste, parcourt tout le cuir chevelu et s'arrête à la nuque. Son évolution dure sept jours; le malade est dans le dernier degré de prostration. Pendant ces sept jours, l'urine précipite de l'albumine en quantité plus ou moins notable; elle est toujours alcaline et ne dépose aucun sel.

Le 22, la résolution de l'érysipèle est presque achevée; on ne trouve plus que quelques points rouges sur l'oreille gauche; la desquammation s'opère sur toutes les autres parties affectées. Dès ce jour-là nous ne pouvons plus trouver un atome d'albumine dans l'urine. Le malade se relève peu à peu ; il séjourne encore trente-trois jours à l'hôpital, et pendant tout ce temps l'urine ne précipite plus.

XXX OBSERVATION. — Érysipèle de la face et du cuir chevelu survenant chez un tyhhoïde au déclin de la maladie. Albuminurie au quatrième jour de son apparition et persistant pendant trois jours.

Dri..., jeune soldat du 37° de ligne, entre, le 12 novembre 1849, à l'hôpital pour une fièvre typhoïde. L'urine n'avait jamais précipité durant l'évolution de cette maladie. Au vingt-septième jour, quand l'affection était sur son déclin et que le malade paraissait entrer en convalescence, survient une complication d'érysipèle de la face, débutant par le nez et restant fixé sur ce point pendant deux jours. Urine non albumineuse.

Le troisième jour de son apparition, l'érysipèle gagne les deux

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