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sont parfaitement sains, à part l'infiltration de la capsule sus, rénale.

En effet, ils ont leur poids et leur volume ordinaires. Un peu pâles à l'extérieur, si on les divise, on reconnaît que cette pâleur n'atteint que la couche superficielle; il n'y a ni arborisation, ni marbrure, ni bosselure, ni granulations. L'une et l'autre substance ont leur forme, leur volume, leur densité normale. La substance tubuleuse se dessine très-bien sur la substance corticale.

L'ébullition et l'examen microscopique ne révèlent pas la moindre altération, pas le moindre engorgement des tubes urinifères droits et flexueux, et leur distribution est tout à fait physiologique.

a. Albuminurie dans la cachexie cancéreuse.

x.-

Nous avons vu que les cachexies paludéenne, syphilitique, celles des affections organiques du cœur, sont assez fréquemment suivies d'albuminurie plus ou moins persistante, et cela dans un bon nombre de cas, sans que celle-ci soit liée à des lésions de structure des reins. Nous avons prouvé, autant qu'on puisse le faire, que, dans ces cas, l'albuminurie est consécutive à une profonde altération du sang,

La cachexie cancéreuse est elle-même assez souvent accompagnée d'albuminurie. On peut soutenir que les reins étant atteints eux-mêmes de cancer suscitent ce phénomène. Cela est vrai pour certains cas; nous en avons observé des exemples, et les auteurs en citent en grand nombre.

Mais, dans des cas où les reins ne participent nullement à l'affection cancéreuse, où aucune altération palpable, même à l'examen microscopique, n'est révélée dans ces organes, on observe une albuminurie plus ou moins intense, souvent intermittente, irrégulière, rarement ou plutôt jamais aussi persistante que celle que l'on observe dans le mal de Bright. Bien plus, cette albuminurie se distingue de celle du mal de Bright proprement dit, en ce que les flocons albumineux obtenus par les procédés d'analyse sout ténus, légers, entrenageant dans le liquide urinaire et n'occupant jamais plus de la moitié de la colonne du liquide. Leur coloration est ordinairement brunâtre par l'acide nitrique et conserve le même cachet après ébullition.

Dans six cas de cachexie cancéreuse récemment observés par nous dans l'espace d'une année, nous avons rencontré l'albuminurie dans deux cas ou dans un tiers. Dans ces deux cas, l'urine a toujours été acide. Si on voulait arguer de la présence des suffusions séreuses pour prouver que les reins sont altérés, nous opposerions un résultat opposé. Ainsi, dans les quatre autres cas sans albuminurie, nous avons vu les malades aussi fortement infiltrés que dans les deux cas où l'albuminurie s'est montrée.

Dans nos deux cas de cachexie cancéreuse ayant trait à une femme de quarante-cinq et à un homme de cinquante-deux ans, voici ce que nous notons :

Pour la femme, cancer à un sein d'abord, puis aux deux seins, ayant envahi les ganglions axillaires des deux côtés; ulcération, extension du cancer sur toute la peau de la poitrine en avant, d'un sein à l'autre, jusqu'à l'épigastre, avec hideuses pertes de substance et douleurs intolérables. Le cancer était à marche rapide, puisque, dans l'espace de trois mois, il avait envahi toute l'étendue de la peau dont nous venons de parler. Pendant ces trois mois, nous avons recherché l'albuminurie sans pouvoir la noter. Dans les trois semaines qui ont précédé le décès, nous avons trouvé les urines albumineuses à divers degrés, mais jamais d'une intensité notable. L'albuminurie a eu lieu pendant quatre jours; elle a cessé pendant deux jours ensuite, puis elle a reparu pendant sept jours et ne s'est plus montrée.

Pour l'homme, il s'agit d'un cancer de la partie supérieure et moyenne du rectum, ayant acquis des dimensions telles, que la vessie était fortement comprimée et que le malade était obligé d'uriner très-souvent, quelquefois toutes les dix minutes. Ce cancer, ulcéré à la fin, ne permettait plus de retenir les matières fécales, et le malade avait une incontinence réelle, quoique le sphincter restât intact ou du moins en apparence.

Nous avons suivi ce malade pendant sept mois. Ce n'est que dans le mois de septembre que nous avons constaté l'albuminurie. Il y avait alors œdème des extrémités inférieures, des membres supérieurs et de la face. La cavité péritonéale contenait elle-même une certaine quantité de liquide. Il y avait pâleur générale avec une teinte paille, soif vive, fièvre et inappétence.

Cette albuminurie, notée pendant un mois, n'était pas plus ré

gulière que dans le cas précédent; elle existait deux, trois et quatre jours, pour disparaître pendant trois, quatre et cinq jours. Nous avons perdu le malade de vue, parce qu'il est entré à l'hôpital Beaujon. Ces alternatives d'apparition et de disparition de l'albuminurie autorisent déjà, à elles seules, à admettre que ce n'est point une altération de structure rénale qui préside au phénomène. Les altérations de structure ayant un caractère de permanence ne peuvent donner lieu à un phénomène intermittent, ce n'est pas logique; mais il est présumable, probable même, que le trouble fonctionnel dépendant d'une altération du sang finit, quand il persiste pendant longtemps, par entraîner des altérations de structure des reins.

Aussi admettons-nous ici, comme dans les autres cachexies, le trouble de fonctions comme cause efficiente du mal de Bright proprement dit.

Quelle que soit, au reste, la signification de l'albuminurie dans la cachexie cancéreuse, sa révélation ne peut en aucun cas aider la thérapeutique; elle est l'indice d'une altération profonde du sang; elle peut révéler, si elle persiste avec ténacité, des lésions rénales graves. Mais que faire en présence d'une cachexie cancéreuse? Quelle indication tirer de l'apparition de l'albuminurie, si ce n'est celles qui découlent de la cachexie elle-même?

H. ALBUMINURIE PERSISTANTE OU DURABLE.

Le plus haut degré de l'albuminurie persistante peut être facilement représenté par celle qu'on observe dans le mal de Bright chronique ou néphrite albumineuse chronique de M. Rayer.

Au-dessous de ce degré, il y a une infinité de variations. Il est une quantité d'états morbides où l'albuminurie disparaît quelquefois spontanément, et où d'autres fois elle persiste et donne naissance à des lésions rénales. Telles sont positivement la diphthérite et la scarlatine, et moins positivement les affections organiques du cœur. Dans ces cas, l'étude de ce phénomène ne peut être uniformément faite, et l'on tomberait dans une grande erreur si l'on se contentait de le rattacher d'une manière absolue au mal de Bright aigu.

Comme nous venons de le voir, dans une foule d'autres cas, l'albuminurie est passagère ou a une tendance à disparaître, à moins que des circonstances morbides non prévues ou intercurrentes ne viennent lui donner une nouvelle impulsion et déterminer des lésions rénales.

Si nous sommes forcé de comprendre sous le titre d'albuminurie durable des cas où ce phénomène peut disparaître après quelques jours de durée, et rien que par le fait de l'évolution de l'état morbide qui lui a donné naissance, on comprendra cependant combien est fondée la division en albuminurie passagère et durable, puisqu'elle repose sur les données de l'observation, et qu'elle sépare, autant que faire se peut, des choses en apparence identiques, mais dissemblables au fond sous une foule de points, et notarnment par les lésions anatomiques.

S'il s'agissait ici d'autre chose que d'un symptôme, nous aurions commis une grande erreur en établissant cette distinction. Mais comme il n'est question que d'un phénomène accompagnant les états morbides les plus variés, et même se montrant quelque

fois dans l'état normal, .cette distinction aide puissamment la science et la pratique.

Il reste bien démontré, jusqu'à plus amples lumières, que, dans nombre de cas, l'albuminurie passagère doit être considérée comme idiopathique ou ne se rattachant à aucune lésion matérielle d'organe; que quelquefois on peut la rattacher à certaines altérations du sang, dont quelques-unes sont démontrées, et dont les autres sont à l'état de présomption; qu'enfin elle peut dépendre de certaines lésions du système nerveux, peu ou point appréciables. En cela elle ne diffère en rien de nombre de superfétations morbides qui sont ou idiopathiques ou symptomatiques, suivant que les recherches anatomo-pathologiques ont pu ou non les rattacher à des lésions de structure.

Dans l'albuminurie persistante, nous comprendrons donc les états morbides où ce phénomène disparaît quelquefois spontanément, après quelque temps de durée, et sans laisser de traces à sa suite, et d'autres fois persiste et laisse à sa suite des lésions de structure des reins, et ceux où il débute d'emblée à la suite de lésions de structure rénale qui lui donnent naissance et l'entretiennent, ou de toutes les variétés du mal de Bright.

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L'histoire de l'albuminurie scarlatineuse date des premières études sur le mal de Bright.

Fischer, qui pendant longtemps avait rattaché les vomissements qui surviennent durant les hydropisies scarlatineuses à un état morbide du cerveau, se ravisa plus tard et les considéra comme symptomatiques de lésions des reins. Il chercha à mettre en évidence les sigues qui peuvent déceler ces lésions au début, et crut les trouver dans les caractères de l'urine, qui diminue en quantité, et qui, tantôt d'un rouge foncé, tantôt de couleur chocolat, présente parfois une teinte sanglante. (Rayer, Maladies des reins, tome II, page 430.)

Il ne manquait à toutes ces observations de Fischer que la constatation de l'albumine dans l'urine pour embrasser tout l'ensemble du mal de Bright scarlatineux.

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