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Mais si les convulsions surviennent et surtout se répètent quand le col commence à s'effacer ou quand il n'y a encore aucune dilatation, que le travail proprement dit n'a pas commencé, il convient de l'accélérer ou de le provoquer. Plusieurs moyens se présentent à cet effet:

1° L'introduction de sacs en caoutchouc qu'on distend et qui hâtent les douleurs et le travail.

2o L'introduction et le maintien d'un cathéter élastique entre le chorion et le fœtus jusqu'au fond de l'utérus, moyen énergique et sûr d'accélérer le travail. Dans le cas où la vie de la mère et du fœtus seraient en danger, ces deux moyens, comme plus prompts et plus sûrs, vaudraient mieux que la rupture des membranes et la dilatation forcée du col avec les doigts.

3o Les douches utérines tièdes dirigées sur le col ont été préconisées avec juste raison. L'expérience a prouvé qu'elles accélèrent ou déterminent le travail avec une remarquable rapidité.

Le travail prématuré qu'on provoque artificiellement par ces trois procédés est généralement préférable à l'accouchement forcé par la section du col. Et d'abord, pour opérer celle-ci il faut qu'il y ait une ouverture suffisante pour introduire le doigt qui doit guider l'instrument, et dans ce cas il est possible de provoquer artificiellement l'accouchement par les autres moyens. Il n'y a guère à cela qu'une seule exception, c'est la rigidité permanente du col: alors le débridement devient nécessaire.

Plusieurs médecins avec Baudelocque sont d'avis de n'employer aucune manœuvre obstétricale et d'attendre. Attendre quand chaque attaque d'éclampsie menace d'enlever la mère et de tuer l'enfant, cela semble impossible à admettre: c'est une temporisation en face d'un danger imminent, qui paraît par conséquent peu justifiable. Du reste, les statistiques ont jugé pleinement cette question.

Quand l'éclampsie atteint la femme grosse durant la seconde moitié de la gestation, celle-ci échappe parfois et la grossesse poursuit son évolution; mais ce sont les cas les plus rares, l'avortement est presque la règle. Eh bien! quand la répétition des convulsions, l'insuffisance des moyens médicaux laissent entrevoir une issue funeste pour la mère, que doit faire le médecin?

Si le fœtus est mort, on doit recourir à l'accouchement artificiel; quand il vit encore, il n'y a que l'extrême imminence du danger

de vie pour la mère qui doive autoriser à y recourir. Mais on ne doit jamais y recourir si l'agonie survient; mieux vaut alors attendre la mort de la mère pour délivrer le foetus ensuite par l'opération césarienne.

Dans le cas où l'éclampsie éclate pendant le séjour du placenta, il faut se hâter d'en débarrasser soigneusement l'utérus.

Quant à l'éclampsie qui survient pendant les couches, le traitement est tout médical et on le connaît. Les malades devront être placées à l'abri de la lumière, du bruit, dans la période de coma. On suspend alors les applications froides sur la tête, on cherche à procurer une diaphorèse par des frictions avec un peu de vinaigre et en enveloppant les malades sous une couverture de laine. On doit avoir soin d'examiner la vessie et de la vider par le cathétérisme, pour prévenir une grande accumulation d'urine et diminuer ainsi les chances d'urémie consécutive.

Voici le plus bel exemple d'albuminurie de la grossesse que nous ayons observé, et qui, malgré les craintes qu'il nous avait inspirées, s'est terminé spontanément et heureusement quelques jours après l'accouchement.

CLVII OBSERVATION. Albuminurie constatée pour la première fois au commencement du huitième mois de grossesse chez une primipare, œdème considérable des extrémités inférieures de la vulve, œdème de la face, amaurose. Guérison spontanée au dixième jour après les couches.

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Me R..., 42, rue de la Pépinière, cour Saint-Louis, est une jeune femme de dix-neuf ans, mariée depuis onze mois, assez bien constituée et ayant toujours joui d'une bonne santé. Son père et sa mère sont vivants et bien portants. Elle exerce la profession de couturière, et, comme elle est peu aisée, son alimentation laisse à désirer. Elle ne boit jamais de vin, elle boit à ses repas la boisson que son mari fabrique lui-même avec des fruits secs. Elle n'a aucune apparence de scrofules, et sa poitrine n'est suspecte à aucun égard. Elle est enceinte de huit mois, autant qu'elle peut le préciser. Sa grossesse n'a rien présenté d'anormal; seulement depuis une quinzaine de jours elle s'est aperçue que ses pieds enflaient. Elle avait en même temps des éblouissements fréquents

et sa vue s'est insensiblement affaiblie. L'enflure des malléoles a gagné les jambes et les cuisses avec assez de rapidité. Le 16 octobre 1854, sa mère nous appelle. Nous constatons une notable bouffissure de la face et surtout des paupières supérieures, avec un teint pâle; un énorme œdème des extrémités inférieures qui a gagné la vulve et la région lombaire. Les grandes lèvres sont considérablement infiltrées et gênent beaucoup cette jeune femme. Il y a une pesanteur incommode aux reins, pas de douleur proprement dite accusée. La respiration est un peu gênée. Nous ne constatons rien dans les poumons. Un bruit de souffle prolongé est perçu à la région précordiale; nous percevons également un bruit de souffle carotidien bien tranché. Cette jeune femme urine trèspeu, surtout depuis quelques jours. Il nous est facile de diagnostiquer déjà l'albuminurie. Quelques gouttes d'urine récemment rendues, précipitent énormément par l'acide nitrique et la chaleur. Le coagulum occupe les quatre cinquièmes de l'éprouvette. Il est d'un blanc neigeux, à gros flocons, comme dans l'albuminurie chronique. Après les questions nombreuses adressées à cette femme et l'examen de tous ses précédents, il nous reste démontré qu'elle se portait bien avant la grossesse; qu'elle s'est bien portée pendant les sept premiers mois de la gestation, et que les accidents qu'elle accuse ne paraissent pas remonter à plus d'une quinzaine de jours. L'abondance de l'albumine dans l'urine, la rareté de celle-ci et l'affaiblissement de la vue nous portent à craindre le mal de Bright; la lourdeur éprouvée à la région des reins et l'extension considérable de l'œdème, nous confirment dans cette crainte.

Nous conseillons la tisane de fleurs de genêts, des frictions sur les membres avec les teintures de quinquina et de cantharides, des compresses de décoction de racine de guimauve additionnée d'extrait de saturne sur la vulve. Nous prévenons les parents de la possibilité d'attaques d'éclampsie avant, pendant ou après le travail.

Un mois et demi s'écoule sans que nous entendions parler de cette malade. Fin novembre, elle accouche naturellement, assistée d'une sage-femme. Comme cette jeune femme demeure en face de nous et que sa position nous intéresse, nous allons la voir le jour même de ses couches, et nous demandons à venir la voir de temps en temps pour connaître l'issue définitive de l'albuminurie.

L'enfant qu'elle a mis au monde est du sexe féminin, bien conformé. Le soir de l'accouchement, les urines précipitent encore abondamment et l'œdème des extrémités inférieures est le même.

Trois jours après, le 2 décembre, la face n'est plus bouffie, l'œdème de la vulve et des reins a disparu, celui des cuisses et des jambes a diminué. La malade a eu des sueurs profuses et des urines abondantes. Une petite quantité d'urine extraite par le cathétérisme est légèrement opalescente sous les réactifs. Aucune prescription n'est faite; nous abandonnons d'autant plus volontiers l'issue de la maladie aux soins de la nature qu'on ne nous réclame pas de conseil. Du reste, la malade et ses parents ont pris nos appréhensions pour des chimères et se sont figurés que nous avions exagéré.

Le 7 décembre nous allons revoir Mme R.... Notre visite la contrarie même un peu parce qu'elle craint, malgré nos assurances, que ce soit dans un but vénal. Sa position est excellente; il ne lui reste plus de traces d'œdème nulle part. L'urine extraite par le cathétérisme est limpide, acide, et ne se trouble nullement par l'acide nitrique et la chaleur. La vue, au dire de la malade, est excellente. Cette jeune femme s'est déjà levée et elle veut sortir dans deux jours, envers et contre nos recommandations.

Pendant quatre ans consécutifs, nous avons pu revoir de temps en temps cette jeune femme. Il ne lui est plus survenu de nouvel accident; elle a eu une seconde grossesse dans cet intervalle, et d'après ce qu'elle nous a raconté, il ne s'est rien présenté de pareil à la première, ni œdème des extrémités, ni bouffissure de la face, ni amaurose. Au reste, en mai 1859, nous avons voulu analyser des urines qu'elle nous a remises, et nous n'avons pas trouvé de traces d'albuminurie. Cette femme a nourri ses deux enfants.

ALBUMINUBIE DANS LES MALADIES DES VOIES
GÉNITO - URINAIRES.

Les maladies des voies génito-urinaires donnent lieu souvent à une albuminurie plus ou moins tenace, qu'il importe de distinguer de celle qui se rattache aux lésions rénales du .nal de Bright. Cette distinction est surtout importante pour la considératior du médecin et pour le pronostic de la maladie.

L'inflammation de la muqueuse vésicale, des uretères, des calices et bassinets, ou même la néphrite simple, peuvent s'accompagner de présence d'albumine dans les urines; cela se comprend. Dans la période hyperémique, la présence de l'albumine dans l'urine est due aux globules rouges du sang, ou à la matière constituante de ces globules par leur déchirure.

Quand l'inflammation est arrivée à la période suppurative, c'est ordinairement à la présence du pus dans l'urine qu'est due l'albuminurie.

Dans l'un et l'autre cas, elle est d'autant plus intense que l'urine contient plus de globules rouges de sang ou de globules de pus.

L'œil nu peut déjà diagnostiquer d'avance ces deux sortes d'albuminurie. Pour celle qui résulte de la présence de globules rouges de sang ou d'hématine dans l'urine, celle-ci offre une couleur rouge hématique plus ou moins foncée, avec un dépôt plus ou moins foncé aussi, et dû aux globules rouges du sang précipités au fond du vase.

Quand l'urine contient du pus, elle est ordinairement d'un blanc sale, nuageuse, avec un dépôt se rapprochant du blanc de craie, quelquefois glaireux, constitué par les globules purulents précipités au fond, des globules muqueux et des urates.

L'examen microscopique des urines est un moyen sûr de re

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