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subitement et temporairement durant l'évolution d'affections anthraciques, d'érysipèle vaste, etc.

Si la glycosurie se montre, comme l'albuminurie, à l'état passager, fugace, sous une foule de causes variées; en revanche, à l'état de permanence, l'albuminurie a l'avantage d'avoir son siége anatomique bien déterminé, les lésions spéciales des reins, qu'elles soient primitives ou consécutives, tandis que la lésion anatomique de la glycosurie persistante est encore à trouver. La glycosurie conduit, comme l'albuminurie, les malades à une détérioration graduelle et continue qui se fait ressentir sur tous les organes à la fois. Finalement, signalons encore un certain point d'analogie: l'albuminurie entraîne toujours et fatalement à sa suite les hydropisies; la glycosurie, pour donner lieu moins fréquemment à cette superfétation, n'en est pas moins compliquée dans un bon nombre de cas.

La glycosurie temporaire, pas plus que l'albuminurie fugace, n'est une affection grave; sa durée comme sa gravité sont en rapport avec les troubles nerveux ou les divers états morbides qui président à son apparition. Il en est de même de l'albuminurie temporaire.

On peut admettre à priori, quoiqu'aucun fait bien positif n'en ait démontré la réalité, qu'une glycosurie temporaire pourrait, en se répétant sous l'influence des mêmes causes réitérées, passer à la permanence et constituer le diabète sucré proprement dit. Néanmoins, nous avons de la peine à croire à une pareille filiation, et, pour nous, le diabète sucré ou glycosurie persistante affecte cette forme dès son début, au moins généralement. On comprend aisément que nous ne nous arrêtions pas plus longtemps sur la glycosurie temporaire ou fugace, et que nous embrassions de suite l'histoire du diabète proprement dit.

a.- Lésions anatomiques.

A part celles du quatrième ventricule, aucune des lésions anatomiques relatées par les auteurs anciens comme par les modernes ne peut être considérée comme cause de la maladie. Ce sont au contraire des lésions consécutives ou concomitantes, et qui n'offrent pas d'identité dans tous les cas.

Reins. Souvent on ne trouve absolument rien dans les reins, ce qui est attesté par des faits nombreux publiés par Reil, Clarke, Keeker et bien d'autres; d'autres fois, ces organes sont le siége de lésions variées. Ainsi, l'on a constaté leur grande friabilité, la présence d'hydatides, de calculs dans leur intérieur. On a noté l'engorgement de leurs vaisseaux sanguins, un réseau de veines dilatées formant lacis à leur superficie; parfois on a rencontré des plaques cartilagineuses dans la substance corticale; d'autres fois, on a observé une très-notable dilatation du bassinet.

Le plus souvent, c'est une simple hypertrophie du rein qu'on rencontre à l'autopsie: l'atrophie de l'un ou des deux reins est plus rare. Dans quelques cas, ces organes ont été le siége des lésions du mal de Bright; l'albuminurie était alors venue s'ajouter à la glycosurie. Parfois les uretères se trouvent dilatés; parfois aussi la vessie a des dimensions plus grandes qu'à l'état normal.

Cerveau. Nous avons déjà parlé des altérations du quatrième ventricule. En 1860, M. le docteur Luys a présenté à la Société de biologie les résultats suivants d'autopsie d'un malade décédé dans le service de M. Briquet, à la suite du diabète sucré.

Voici, pour ce qui a rapport au cerveau, les lésions qu'il a constatées « Paroi antérieure du quatrième ventricule, d'une manière générale, colorée d'une nuance brunâtre, et, de plus, fortement vascularisée; consistance notablement diminuée, s'enlevant sous l'action d'un raclage très-léger, comme une bouillie gélatiniforme. Cette teinte jaune brunâtre est beaucoup plus foncée en quatre endroits symétriquement placés sur la ligne médiane, à des hauteurs différentes; cette accumulation de substance brunâtre forme en ces endroits comme de véritables taches noirâtres.

Les deux taches supérieures, à bords diffus, à teinte plus foncée, sont situées à un centimètre environ au-dessous des pédoncules supérieurs du cervelet, des deux côtés de la ligne médiane. Les deux inférieures, situées à environ un centimètre au-dessus des pyramides postérieures, correspondent aux points où les pédoncules inférieurs plongent dans le cervelet; elles sont distantes d'environ un centimètre pareillement de la ligne médiane. La tache inférieure gauche est la moins accentuée; la droite, au contraire, du même côté, est la plus prononcée : c'est elle surtout qui est le siége de la vascularisation la plus intense.

L'examen microscopique a fait constater, outre une turgescence remarquable des capillaires du plus fort calibre, que la présence des ces taches, jaune fauve et brunâtre par place, n'est due qu'à une dégénérescence particulière de toutes les cellules nerveuses des régions sus-mentionnées. Toutes ces cellules sont en voie d'évolution rétrograde; elles sont toutes remplies de granulations jaunâtres; elles sont déchiquetées sur leurs bords; la plupart sont à moitié détruites et ne présentent plus que quelques fragments à peine reconnaissables. Il va sans dire que toutes les connexions de cellules entre elles ont complétement disparu; on n'a pu reconnaître, même après macération de la pièce dans une solution d'acide chromique, l'existence des anastomoses du prolongement des cellules qui sont si multipliées en cet endroit.

Il ressort de ceci, ajoute M. Luys: a 1° qu'il existe une lésion non traumatique bien réelle et profonde des parois du quatrième ventricule; 2° que cette lésion consiste dans une destruction moléculaire des éléments histologiques, et que leurs débris, chargés de granulations jaunâtres, donnent à la paroi du quatrième ventricule la coloration spéciale que nous avons signalée; 3° que cette lésion, dont l'organisme seul avait fait les frais, correspond précisément aux points que la physiologie expérimentale et l'étude des lésions traumatiques de la région cervicale postérieure ont signalés comme doués de la propriété d'amener l'exagération de la fonction glycogénique du foie, et, par suite, le passage du sucre dans l'urine.» (Bulletin de la Société anatomique, 1860.)

M. Luys a ensuite rencontré les mêmes lésions dans un autre cas de diabète, du service de M. Trousseau.

M. Martineau a communiqué à la Société anatomique (1862) un autre exemple d'altérations semblables des parois du quatrième ventricule, observées sur un sujet atteint de diabète sucré qui a succombé dans le service de M. Tardieu, à l'hôpital La Riboisière. Voici ce qu'il dit de ces lésions: « Le quatrième ventricule présente une légère altération; la substance cérébrale qui forme le plancher de ce ventricule, surtout au niveau du calamus scriptorius, présente une coloration grisâtre assez prononcée. Il existe une injection assez prononcée de cette substance, qui la fait ressembler à la substance grise; en outre, les vaisseaux qui rampent à la surface de ce ventricule sont plus volumineux, plus appa

rents.» M. Luys, qui assistait à l'autopsie, a reconnu l'altération qu'il a décrite; pour lui, ce serait le premier degré de cette altération. Dans une période plus avancée, il existe une légère altération de la substance cérébrale (altération plus haut décrite avec détail), et que le même jour MM. Martineau et Luys ont rencontrée chez un diabétique succombé dans le service de M. Hérard. Chez ce malade, les deux papilles de la rétine étaient atrophiées, et l'on observait à l'entour de petites granulations jaunâtres assez dures. (Gazette des hôpitaux, 11 janvier 1862.)

On a trouvé des lésions graves du cerveau, des altérations profondes du quatrième ventricule, chez des sujets devenus diabétiques à la suite de lésions traumatiques du cerveau. A la suite de syphilis constitutionnelle on a rencontré aussi, chez des sujets devenus diabétiques, des lésions caractérisées du quatrième ventricule. M. Leudet, dans un mémoire sur la syphilis viscérale (Moniteur des sciences, 1859) cite, à sa 13° observation, un malade qui présenta un diabète sucré temporaire, puis une polydipsie jusqu'au décès, chez qui il observa des lésions du quatrième ventricule. Tous ces faits tendent à corroborer la théorie de M. Claude Bernard, en concordant avec les résultats de ses expériences physiologiques.

On a noté quelquefois des épanchements dans les cavités arachnoïdiennes.

Poitrine. Les plèvres présentent dans quelques cas des épanchements avec des adhérences plus ou moins anciennes. Ces épanchements sont, la plupart du temps, le résultat de pleurites tuberculeuses, pleurites justifiées par la fréquence des tubercules pulmonaires chez les diabétiques.

Les poumons sont fréquemment le siége de tubercules. Il est constant que les diabétiques, quand ils ne sont pas enlevés rapidement par quelque complication, présentent presque toujours des tubercules pulmonaires dans la période ultime de la maladie, ce que M. Bouchardat explique d'une manière fort ingénieuse. Autour des tubercules ramollis, on a observé dans quelques cas des ramollissements du tissu pulmonaire avec imprégnation de sanie rougeâtre, ou de liquide grisâtre, mais sans odeur de gangrène, ce qui a fait conclure à une gangrène diabétique du poumon, sans odeur sui generis particulière. Tantôt le foie est sain,

tantôt il est le siége d'altérations variées. On l'a trouvé quelquefois atrophié avec granulations dans le tissu, oléagineux, comme dans le dernier degré de la cirrhose; d'autres fois, un des lobes était hypertrophié, et l'autre était atrophié (Fritz). Enfin, on l'a rencontré hypertrophié dans toute son étendue. La vésicule contient assez souvent une bile épaisse, poisseuse.

Enfin, on a noté l'oblitération de plusieurs branches de la veine porte. Toutes ces lésions anatomiques, comme on le voit, ne sauraient, en aucune façon, à l'exception de celles du quatrième ventricule, être regardées autrement que comme des effets, des états morbides secondaires ou concomitants.

Le sang des diabétiques contient de la glycose. La salive, la sérosité du péricarde et même le sperme contiennent de ce même principe. (Claude Bernard, Mémoires de la Société de biologie, 1849, page 80.) La sérosité des vésicatoires, les matières vomies et quelquefois la sueur des diabétiques en contiennent également. On a trouvé aussi du sucre dans les humeurs de l'œil (Millon).

b.

Expériences physiologiques, chimie organique, faits relatifs au sucre du foie.

A l'état normal le sucre existe dans le foie, dans le sang des veines sus-hépatiques, dans le sang des veines caves inférieures, dans celui du cœur droit et des veines pulmonaires.

Dans la digestion, on trouve un peu de sucre dans toutes les artères, et même dans la circulation veineuse générale. Ce dernier fait avait porté M. Figuier à contredire les données fournies par les expériences de M. Claude Bernard. M. Figuier, trouvant du sucre dans le sang de la veine porte, en concluait que le foie n'est pas l'organe glycosigène, mais que le sucre qui se trouve dans tout le sang lui arrive par le système de la veine porte.

On sait que cette prétention fut réduite à néant par de nouvelles expériences de M. Claude Bernard, qui prouvent que, chez les animaux à jeun, la glycose n'existe pas dans le sang des veines pulmonaires, du cœur gauche, des artères, ni dans celui des veines générales, tandis qu'on en trouve toujours dans le foie et dans la veine cave inférieure.

Ce principe existe normalement depuis le quatrième ou cin

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