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FONCTIONS PHYSIOLOGIQUES DES REINS. quantité d'acide égale à son volume; alors le précipité a commencé à s'éclaircir sans se dissoudre positivement; les flocons albumineux devenaient plus termes et tournaient du blanc au jaune ambre. En ajoutant encore une égale quantité d'acide, c'est-à-dire une quantité égale à deux fois le volume de l'urine albumineuse, nous avons vu les flocons albumineux devenir extrêmement ténus, gagnant la partie supérieure du liquide dont ils prenaient la teinte, mais pouvant toujours être perçus. Nous avons agité le tout et laissé le liquide en repos pendant vingtquatre heures. Au bout de ce temps, on ne distinguait plus aucne trace de coagulation et le liquide était parfaitement limpide et citrin.

Quand nous avons opéré sur l'albumine du blanc d'œuf, diluée dans une quantité d'eau, il nous a fallu ajouter successivement quatre fois autant d'acide nitrique en volume, pour obtenir une dissolution incomplète du précipité albumineux, dissolution qui est devenue complète après vingt-quatre heures de repos.

En opérant sur le sérum du sang, il nous a fallu également quatre fois autant d'acide en volume pour obtenir la dissolution complète du précipité après vingt-quatre heures de repos. Enfin, en agissant sur le sérum provenant d'une ascite, il nous a fallu cinq fois le volume d'acide nitrique pour obtenir le même résultat. Nous avons répété trois fois de suite les mêmes expériences, et chaque fois il nous a fallu les mêmes quantités d'acide pour arriver au même but. On voit, d'après notre exposé, que l'expression d'excès d'acide, employée par les expérimentateurs que nous avons cités, est une expression impropre qui les a tous induits en

erreur.

En effet, si MM. Mialhe et Pressat n'ont ajouté à la liqueur qu'un excès d'acide équivalant à son volume, ils ont pu conclure, avec raison, que l'albumine normale, qui coagule par la chaleur et l'acide nitrique, ne se redissout pas par un excès d'acide. MM. Becquerel et Vernois, qui ont probablement employé le même excès d'acide que nous avions employé nous-même, ont pu conclure que l'albumine normale coagulée se dissout par un excès d'acide. Mais ces derniers auteurs ont eu tort de conclure que l'albumine des urines des albuminuriques, celle du blanc d'œuf, comme celle du sérum du sang, sont identiques, par ce motif que

le précipité se redissout par un excès d'acide. Y a-t-il, en effet, identité entre ces trois cas où, dans l'un il ne faut d'acide que l'équivalent à deux fois le volume du liquide qui contient l'albumine pour dissoudre celle-ci, et dans les deux autres où il faut quatre et six fois le même volume d'acide pour obtenir la dissolution complète ? Évidemment non. D'où nous concluons que les propositions de MM. Mialhe et Pressat, pour être exagérées, n'en sont pas moins vraies au fond, et qu'on doit en tenir compte sérieusement dans l'étude de l'albuminurie.

D'après tous les faits et expériences que nous venons de citer, il résulte qu'à l'état physiologique l'urine peut charrier de l'albumine; que quelques-uns ou plusieurs éléments du sang peuvent, en outre de l'albumine, passer également dans l'urine. Ce passage de l'albumine dans l'urine peut tenir à des conditions variées, dont les principales sont : 1° l'introduction dans l'estomac et, par suite dans le sang, d'une quantité de matières albumineuses qui ne pourraient être transformées dans la circulation alors les principes venus du dehors et restant à l'état de plasma liquide dans le sang, seraient éliminés par l'urine; 2° parce que les principes constituants du sang subiraient une sorte de dilution et le sang une fluidification par l'addition d'une quantité d'eau introduite en abondance dans l'économie: alors les lois d'endosmose et d'exosmose suffiraient à expliquer le phénomène, d'autant qu'il n'est pas démontré que les cellules des tubes urinifères ou des glomérules aient une action élective analogue à celle des glandes sur les constituants du sang; 3° que sous l'influence de la pression du sang et d'une hyperémie mécanique forte, l'albumine passe dans l'urine, en plus ou moins grande quantité, et que, sous une pression plus forte et une hyperémie mécanique, portée à un très-haut degré, avec l'albumine, d'autres principes du sang, fibrine et globules, s'échappent par le liquide urinaire. Dans les deux premières circonstances, le rein n'est nullement altéré, ni temporairement, ni avec persistance; dans la seconde, ses fonctions d'excrétion sont modifiées, et son tissu peut, avec la persistance de la cause, subir une modification. Nous aurons à tenir compte de tout ceci pour l'état pathologique.

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PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE DES URINES DANS
LES MALADIES A UBINES ALBUMINEUSES.

De tout temps on a observé les urines pour découvrir des signes pouvant aider à asseoir le diagnostic dans les maladies, ou à faire présager leur issue, c'est-à-dire à formuler le pronostic.

L'examen des urines offre trois périodes. Les anciens examinaient les urines à l'œil nu.

Cet examen très-imparfait a fourni cependant des notions fécondes, dont quelques-unes restent encore dans l'état actuel de la science. Dans une seconde période, à l'examen à l'œil nu on a associé l'examen ou l'analyse chimique. Ce nouveau genre d'exploration a fourni d'abondantes lumières sur les altérations ou les anomalies que peut fournir le liquide urinaire, soit dans son ensemble, soit dans ses éléments constituants.

Enfin, chose de récente date, on a procédé à l'examen des urines à l'aide du microscope, ce qui constitue la troisième période. Avec ces moyens d'investigation, la pathologie des urines est arrivée à un état satisfaisant. On peut dire que de ce côté la science est faite.

Nous ne nous occuperons ici de la question pathologique de l'urine qu'en ce qui a trait à notre sujet, c'est chose évidente; nous ne pouvons avoir la prétention de traiter de la pathologie des urines en général.

Posons d'abord des prémisses, qui sont aujourd'hui de la science courante :

1° La fonction urinaire (sécrétion urinaire de quelques auteurs, excrétion urinaire du plus grand nombre,) peut avoir une influence sur la constitution du sang, lui imprimer des modifications, soit qu'elle laisse passer avec l'urine des principes nécessaires à son maintien normal; exemple: la filtration de l'albumine, de la fibrine, de globules rouges, etc.; soit qu'elle ne permette qu'imparfaitement, ou d'une façon presque nulle, l'élimination de principes qui doivent être rejetés incessamment; exemple : l'élimina

tion imparfaite de l'urée, qui, par cela même, augmente de quantité dans le sang.

2° La fonction urinaire peut être modifiée par des altérations préalables du sang; exemple: la présence dans le sang de matières grasses en excès, qui fait que ces mêmes matières passent en partie dans l'urine; la présence des matières colorantes de la bile dans le sang, qui fait que ces matériaux passent en partie dans les urines; l'excès d'acide urique dans le sang; la présence du sucre en excès dans le sang, qui fait que ce principe passe en excès dans l'urine, le diabète sucré.

Dans le choléra, l'altération du sang produit une modification considérable sur le liquide urinaire. Dans le purpura et le scorbut, où l'altération du sang est manifeste, l'urine contient des globules de sang et de l'albumine, par suite de cette altération.

3° L'altération de l'urine peut, dans un même é!at morbide, être la conséquence de l'altération du sang, en même temps que le sang subit à son tour une modification, par suite de l'altération de

l'urine.

Dans certaines maladies générales, la fièvre typhoïde, le typhus, la pourriture d'hôpital, la diphthérite, dans certaines maladies des voies urinaires, etc., le sang étant altéré, soit primitivement, soit consécutivement, imprime des modifications à l'excrétion urinaire; et à son tour, l'altération de l'urine réagit, à un moment donné, sur le sang et aggrave son altération première ou y ajoute.

Dans l'accès de goutte, où l'on peut présumer que l'acide urique préexistait en excès dans le sang, l'urine élimine moins ou pas du tout de cet acide, et cette modification de l'excrétion urinaire réagit sur le sang en le laissant surchargé d'acide urique.

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Urines albumineuses. Des divers moyens de reconnaître la présence de l'albumine dans les urines.

A l'œil nu, les urines albumineuses peuvent présenter divers aspects; ces colorations variées n'ont pas grande importance, tant que l'examen microscopique n'a pas révélé les divers éléments qui se trouvent associés à l'urine. Les urines albumineuses peuvent présenter: 1° l'aspect ordinaire, quand le sérum est passé sans

mélange; 2° l'aspect purulent; 3° l'aspect muqueux : il est souvent très-difficile de distinguer l'aspect de l'urine purulente d'avec celui de l'urine muqueuse, et cela est d'autant plus vrai, que l'on rencontre assez souvent du mucus et du pus dans la même urine; 4° l'aspect sanguinolent.

Des urines d'aspect purulent peuvent ne pas contenir un seul globule de pus. Leur aspect est dû alors, ou à la présence d'une quantité de cellules épithéliales, à des globules muqueux mêlés à de l'urate d'ammoniaque ou à de l'acide urique. Le microscope seul peut éclairer le clinicien.

La connaissance des cas morbides, extrêmement nombreux, dans lesquels peut se montrer l'albumine dans les urines, soit temporairement, soit d'une façon durable, ne peut être acquise, qu'à la condition d'analyser tous les jours les urines de chaque malade, sans exception, et sans arrière-pensée sur l'existence ou la non-existence d'une des lésions rénales groupées sous la générique dénomination de mal de Bright. C'est pour avoir opéré ainsi pendant cinq ans, dans nos services d'hôpital, et le plus souvent dans notre pratique de la ville, que nous sommes arrivé à démasquer la présence de l'albumine dans l'urine, dans une foule de cas où on ne l'avait pas soupçonnée. Il faut procéder d'abord à l'analyse chimique de l'urine. Il importe, pour prévenir toute chance d'erreur dans de semblables recherches, de recourir aux réactifs les plus sûrs et de se garer de toutes les circonstances qui pourraient faire commettre une méprise.

Avant tout, le clinicien devra s'enquérir si, volontairement ou involontairement, les malades n'ont pas mêlé des substances étrangères à leur urine, telles que des tisanes, des matières vomies, du mucus nasal, de la salive, etc., toutes circonstances qui pourraient donner lieu, à un plus ou moins faible degré, à un précipité albumineux dans une urine qui n'aurait pas dû contenir d'albumine. Il devra également apporter le plus grand soin à l'examen des voies génito-urinaires pour s'assurer si du sang, du mucus ou du pus, provenant de l'urètre, de la vessie ou des reins, ne seraient pas mêlés à l'urine.

Les caractères chimiques de l'urine variant plusieurs fois dans la journée et sous l'influence de nombreuses circonstances physiologiques, comme sous celle de divers états pathologiques, il

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