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Pourquoi donc l'homme le feroit-il? Si la félicité humaine eft la grande fin, que la nature s'en écarte, pourquoi l'homme ne s'en écarteroit-il pas auffi Cette fin n'éxige pas moins un cours conftamment alternatif de pluies & debeautems, qu'une révolution continuelle de défirs dans l'homme: elle éxige auffi peu des printems éternels & des cieux fans nuages, que des hommes toujours fages, calmes & tempérés: fi des peftes ou des tremblemens de terre ne ren. verfent pas l'ordre prefcrit par le Ciel, pourquoi l'existence d'un Borgia ou d'un Catilina le renverferoit-elle ? C'eft de l'orlagueil que jailliffent nos raifonnemens:jugeons des chofes mo rales, ainfi que des chofes natu querelles. Pourquoi blâmer le Ciel dans celles-là, & le difculper 18 dans celles-ci? Dans les unes &

et

de

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Injustice des plaintes de

la Providence,

ne part les per

ges, & de l'au

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dans les autres, pour bien raifonner, il faut le foumettre. Peut-être nous paroîtroit-il mieux que dans le monde phys fique tout fût harmonie, que dans le monde moral tout fût vertu, que jamais l'air ou l'océan ne reffentît le fouffle des vents &que jamais l'ame ne fût agitéé par aucune paffion ? Mais tout fubfifte par un combat élémentaire, & les paffions font les élémens de la vie. L'ordre général a été obfervé depuis le comment cement, & dans la nature, & dans l'homme.

Que voudroit-il cet homme? Phomme contre tantôt il s'élève, & moindre demandant d'u- qu'un Ange il voudroit être da fections des An- Vantage:tantôt baiffant les yeux tre les qualités vers la terre,il paroît chagrinde corporelles des n'avoir point la force du tau reau,& la fourure de l'ours: s'il dit que toutes les créatures font faites pour fon usage, de quel ulage

bêtes,

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ufage lui feroient-elles, s'il en
avoit toutes les propriétés ?
La nature libérale fans profu-
fion, leur a affigné des organes
des facultés propres ; elle les a
dédommagées de chaque be-
foin apparent, les unes par
des
degrés de vîteffe, les autres par
des degrés de force*, tout dans
une proportion éxacte avec leur
état. Il n'y a rien à ajoûter,rien
à diminuer. Chaque bête, cha-
que infecte est heureux dans fon
état. Le Ciel feroit-il donc cruel
pour l'homme,& pour l'homme
feul: Celui-là feul qu'on appelle
raisonnable,ne fera-t-il fatisfait
de rien à moins qu'il n'ait tout?
Le bonheur de l'homme
(que l'orgueil.nele crût-ilainfi?)
n'eft pas de penfer ou d'agir au.

* C'est un axiome dans l'anatomie des
créatures,
, que leur force ou leur vîteffe eft
plus grande ou moindre dans une propor
tion relative l'une à l'autre.

E

Le don de la raifon dédom

mage l'homme qualités que les

bêtes ont audeflus de lui : Des facultés

fenfitives plus délicates le rendroient miséra

delà de l'homme même, d'avoir des puiffances de corps & d'ef prit au-delà de ce qui convient à la nature & à son état. Pourquoi l'homme n'a-t-il point un œil microscopique en voici une raison claire: l'homme n'eft pas une mouche. Et quel en feroit l'ufage, fi l'hommepouvoit confiderer un ciron,& que fa vûe ne pût s'étendre jufqu'aux Cieux? Quel feroit l'ufage d'un toucher plus délicat, fi, fenfibles &trem, blotans de tout, les douleurs & les agonies s'introduifoient par chaque pore? D'un odorat plus rafiné, fi les parties volatiles d'une rose par leurs vibrations dans le cerveau, nous faifoient mourir de peines aromatiques? D'une oreille plus fine? La Nature tonneroit toujours, & nous étourdiroit par la mufique de fes fphéres roulantes. O combien nous regretterions alors

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Na-

I nous

ue de com.

alors

que

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le Ciel nous eût privé du
doux bruit des zéphirs & du
murmure des ruiffeaux ! Qui
peut ne pas reconnoîtrela bonté
& la fageffe de la Providence
également & dans ce qu'elle
donne,& dans ce qu'elle refufe?
Autant que
les divers & nom-
breux degrés de la création s'é-
tendent, autant fe diverfifient
les degrés des facultés fenfitives
& intellectuelles. Quelle grada-
tion depuis ces millions d'in.
fectes qui peuplent les champs,
jufqu'à la race impériale de
l'homme? Que de modifications
différentes dans la vûe entre ces
deux extrêmes, le voile de la
taupe, & le rayon du linx!Dans
l'odorat, entre la cruelle lion-
ne*, & le chien fi habile à la

*

Lorfque les Lions des déferts d'Afrique vont à l'entrée de la nuit chercher leur proye, ils font d'abord un grand rugiffement, qui fait fuir les autres bêtes : enfuite

te une fubordi

tures à créatu res, & de tou

tes à l'homme. fens, d'instinct, réflexion, & de

Gradation de

de pensée, de

raifon

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