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Magicienne employera vainement la force de fon Art, je. l'ai prévenue en empêchant qu'elle ne puiffe lui nuire. Mais, ma chere, il eût été beaucoup plus heureux pour votre repos & celui de l'Etat, que cet enfant fût mort avant d'avoir vû la lumiere. Comment avec l'efprit & la raison qui s'est toujours fait remarquer en vous, comment, disje, après avoir enfreint les Loix de cet Empire, avezvous eu encore la témérité de vous expofer à toutes leurs rigueurs ? Vous, ma chere qui deviez être l'exemple de tout ce Royaume, faut-il que vous en deveniez le fcandale par votre imprudence? Un peu

plus de confiance en moi vous eût peut-être fauvée : vous n'ignorez pas le pouvoir que j'ai fur l'efprit de la Reine, je l'aurois empêchée de convoquer l'Affemblée des Magicienres; reftée feule auprès de vous avec Lucine, il nous eût été facile de déguifer le fexe de votre enfant. Que me voulezvous dire, reprit Tramarine, en interrompant la Magicienne avec des yeux pleins de courroux? A quoi tendent vos difcours injurieux ? Avez-vous oublié qui je fuis, & ce que l'on doit à mon rang? Moi, enfreindre les Loix ! Quelle raifon a-t-on de m'en accufer? Princeffe, reprit la Fée d'un ton févere, eft-ce à moi que

ce difcours s'adreffe? Vous ignorez fans doute jufqu'où s'étend mon pouvoir; mais, pour vous punir de votre témérité, je me retire & vous abandonne; d'autres que 'moi

vous inftruiront de votre fort. Il fut heureux pour Tramarine que Céliane fe trouvât préfente à cette converfation. Quoi, Madame, dit-elle à Bonine! Vous qui êtes la bonté même, auriez-vous la cruauté d'abandonner la Princeffe ? Loin de vous fâcher de fa vivacité, vous devez plutôt en tirer des conféquences favorables à fon innocence: convenez du moins qu'il est bien humiliant pour une jeune Princeffe, dont la conduite a tou

jours été éclairée fous les yeux de toute la Cour, de fe voir accusée injustement.

Tramarine fâchée d'avoir irrité la Fée contre elle, & jugeant, par le difcours de Céliane, que l'affaire dont on l'accufoit étoit des plus graves, qu'elle auroit. peut- être plus que jamais befoin du fecours de la Fée, lui fit quelques excuses for fa vivacité, en la priant de lui expliquer le crime dont on ofoit la noircir;& Bonine jugeant, à l'ignorance de la Princeffe qu'elle n'étoit point coupable, fe radoucit en fa faveur & lui promit fon fecours, après lui avoir raconté ce qui s'étoit paffé, & la réfolution où l'on

étoit de la bannir de la Conr. La Princeffe dont le cœur affura Bonine qu'et

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étoit pur, le n'avoit rien à fe reprocher. Sans doute, dit-elle, que la Déeffe veut éprouver ma conftance: je n'en faurois douter par les fonges dont j'ai été agitée dans fon Temple; il eft encore vrai que la figure dont je me fuis formé l'image, a toujours été depuis préfente à mon efprit. En vérité ma chere Tramarine, reprit la Fée, vous me furprenez infiniment. Il faut affurément que vous ayez l'imagination bien vive: n'aurez-vous point d'autres raifons à alléguer pour votre dé fenfe? Non, dit Tramarine fuffoquée par fa douleur, je

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