Imagens das páginas
PDF
ePub

vîteffe, & arriva enfin à la feptieme porte défendue par un oiseau monftrueux pour la groffeur, qu'on dit être le Phénix.

Tramarine, attentive à toutes les actions du Chevalier crut ne jamais voir la fin d'un combat auffi fingulier. Cet oifeau ne faifoit autre chose que de voltiger fans ceffe devant le Chevalier; il fembloit qu'il ne cherchât qu'à l'aveugler avec fes aîles; cent fois on lui vit abattre la tête, & cent fois fe reproduire d'ellc-même. Le Chevalier ne comprenant rien à ce fingulier animal, vit bien qu'il ne pourroit jamais le vaincre avec les armes, & qu'il falloit employer la rufe pour

tâcher de le furprendre. Après que cet oifeau lui eut fait faire mille & mille tours, fatigué fans doute, il vint enfin luimême le repofer fur lui, & il s'en faifit aufli-tôt. Ce fut alors que les voûtes du Temple s'ébranlerent; la feptieme porte s'ouvrit avec un fracas épouwantable, & des cris de joie fe firent entendre de toutes parts. Le Chevalier victorieux faifi de fon oifeau traversa une grande cour, au bout de laquelle étoit un lac très-profond qu'il fallut encore paffer à la nage afin de fe purifier, fans néanmoins quitter l'oifeau, fans quoi il falloit re

,

commencer un nouveau com

bat. Les eaux de ce lac formoient , par leurs ondes agitées, un bruit semblable à un torrent. qui fe précipite du haut d'une montagne escarpée. Après que ce vainqueur cut fubi cette derniere épreuve, il s'avança vers le Temple du Soleil. Ce Temple est environné d'un double rang de colonnes de marbre jafpe; on voit au milieu du Temple, fur un piedestal, la statue de ce Dieu, dont la tête eft ornée d'une couronne faite en forme de rayons, qui font garnis d'efcarboucles.

Sous ce vafte portique que forme le double rang de colonnes qui environnent le Tem

ple, étoient rangées des deux côtés de jeunes filles. Ces enfans, tous choisis de la figure la plus agréable, avoient de longs cheveux bouclés qui flottoient fur leurs épaules; leurs têtes étoient couronnées de fleurs, & ils étoient tous vêtus de bleu célefte. Plufieurs encenfoient l'Autel avec des parfums admirables, d'autres chantoient les louanges du Soleil. On entendoit de toutes parts des accords parfaits, & les fons mélodieux de plufieurs inftrumens, que des doigts délicats & légers faifoient mouvoir, jufqu'au moment que l'étoile de Vénus, favorable aux Amans, parut fur leur hé

mifphere. Alors le Choeur rempli d'ardeur & d'allégreffe allume les torches nuptiales, en invoquant le Dieu de l'Hymen auquel l'Amour fournit fes traits dorés; & ce fut an flambeau de ce Dieu qu'il alluma fa lampe durable, & fe foutenant sur ses aî

que,

les de pourpre, il fe plaît à régner avec lui. Ce n'est que par

cet accord de l'Amour avec fon frere l'Hymen, qu'on trouve la raison, la fidélité, la justice & la pureté; & ce n'est que par l'Hymen que les noeuds du fang les douces liaisons de pere, de fils & de frere, peuvent fe former, lui feul préservant des

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »