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leur expliquer les raisons qu'on avoit eues de ne pas donner un portrait exact des charmes de la Princeffe. Le Roi répon dit, avec cet air de candeur qui fied fi-bien à la majesté d'un Souverain, qu'à moins que les Dieux n'euflent opéré un miracle en faveur d'Amafis, il convenoit qu'il ne pouvoit reconnoître, dans la perfonne qui étoit préfente à fes yeux, que la voix de la Princeffe fa fille.

Cet aveu du Monarque ne fit qu'augmenter la confufion dans les efprits; &, comme on ne permettoit l'entrée du Temple qu'à fa Majefté, ce Monarque fut très-humblement fupplié de vouloir bien

s'y transporter avec la Reine, afin de vifiter l'intérieur du Temple, d'interroger les autres Princeffes, & voir fi l'on n'auroit point eu l'audace de fubftituer à la place de la Princeffe Amafis quelque fille du Soleil. Mais la Princeffe, furprife qu'on cherchât à répan. dre des foupçons fur fa naiffance, fupplia le Roi fon pere de vouloir bien lui permettre de fe juftifier. Ce n'eft pas, ajouta cette Princeffe, que je veuille entreprendre de détourner votre Majefté de faire le voyage qu'on lui propofe; je trouve au contraire ma gloire intéreffée à cette vifite, afin d'ôter tous les foupçons qui pourroient ternir ma naif

fance, & laiffer dans les efprits des doutes injurieux à mon époux : & fi votre Majefté veut bien fe rappeller les différentes conversations dont elle m'a honorée pendant le cours de ma vie, peut-être pourrai-je la convaincre qu'il ne peut y avoir que la Princeffe Amafis en état de lui rẻvéler des fecrets confiés à elle feule; &, pour l'en affurer j'ose supplier mon pere, pourfuivit elle en tombant à fes genoux, de vouloir bien m'accorder un entretien particu. lier. Le Roi, ému du difcours de la Princeffe, la releva à l'inftant, & ils pafferent dans fon cabinet où ils refterent très-long-tems enfermés.

Toute la Cour attendoit impatiemment ce qui réfulteroit d'un événement fi extraordinaire. Le Prince, époux d'Amafis, paroiffoit feul tranquille au milieu de tant de troubles; mais le Roi qui fortit du cabinet, fuivi de la Princeffe, calma tous les efprits par ce difcours : Je fuis à préfent convaincu, dit ce Monarque en s'adreffant à toute la Cour, que voilà la Princeffe Amafis, je la reconnois pour ma fille, & vous devez déformais la regarder comme votre Souveraine, puifque perfonne au monde ne peut avoir eu connoiffance des fecrets qu'elle vient de me révéler; mais, quoique le voyage que je dois

faire au Temple devienne inutile pour la juftification d'Amafis, je ne puis cependant me difpenfer d'accomplir la promeffe que j'ai faite. Je vais donc y aller avec la Princeffe, pour remercier les Dieux des graces qu'ils viennent de m'accorder dans la perfonne d'Amafis; je vais offrir de nouveaux facrifices, & ordonner cn même tems qu'en reconnoiffance du miracle qui vient de s'accomplir en faveur de ma fille, on célébre tous les ans à pareil jour une Fêre en l'honneur du Soleil, afin d'éternifer la mémoire d'un aufsi grand jour. Et vous Prince, ajouta le Roi, s'adreffant à l'époux d'Amafis, je vous affocie

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