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fuis Ophtes, répondit le Roi, j'ai régné plus de foixante ans dans la Lydie.

A ces mots, fi Tramarine n'eût pas joui des prérogatives attachées aux grands génies, qui ne peuvent jamais éprou ver aucune foibleffe, elle fe fût sûrement évanouie; mais elle en fut quitte pour un pe tit faififfement. Ah, mon pere! s'écria la Princeffe, je puis donc enfin jouir du bonheur de vous revoir; mais n'avez vous point à vous plaindre du deftin qui me le procure? Ma fille, reprit le Roi de Lydie en lui marquant cette tendre émotion qu'on reffent à la vûe d'un plaifir inattendu, vous allez apprendre, par le récit

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de mes aventures, la fatalité de mon destin, & l'accompliffement d'un Oracle qui, jufqu'à ce moment, m'a toujours paru impénétrable.

Je fçais, pourfuivit le Roi, que vous avez été inftruite chez la Reine de Caftora des principaux événemens qui fe font paffés dans la Lydie jufqu'au tems de votre exil; je paflerai donc rapidement fur les premieres années qui fe font écoulées, depuis il ne m'eft rien arrivé de remarquable. Je jouiffois d'une fécurité parfaite, ma Couronne étoit affurée dans ma famille par la naiflance de deux Princes que les Dieux m'avoient accordés, lorfque j'appris que

Pencanaldon, dont les Etats font contigus aux miens, venoit de faire une irruption dans une de mes Provinces j'appris en même tems qu'il s'étoit emparé d'une des plus fortes Places de la Lydie. Surpris d'un pareil procédé, sûr qu'il n'avoit aucune plainte à me faire d'aucune part que ce pût être, n'ayant jamais eu aucun démêlé avec lui, je me hâtai donc de faire affembler mes Troupes, dans la vûe de m'oppofer à la rapidité de fes nouveaux progrès; je partis à la tête de cinquante mille hommes, tous Soldats aguerris, dans l'efpoir de chaffer le perfide Pencanaldon & de le châtier de fon audace : mais la

fortune qui jufqu'alors m'avoit toujours été favorable, me fic fentir vivement, dans cette rencontre, le peu de fonds qu'on doit faire fur cette in

conftante fe

Comme les défordres augméntoient chaque jour, je fus contraint de forcer ma marche pour arrêter les progrès de mon ennemi; j'arrivai enfin à peu de distance de l'armée du traître Pencanaldon, qui m'attendoit en bon ordre pour me livrer bataille. J'étois réfolu de tâcher d'éviter le combat, afin de donner à mes Troupes le tems de fe repofer: mais mes Soldats étant excités eux-mêmes par les bravades de l'ennemi, je ne fus plus le maître d'ar-`

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rêter leur courage fougueux; la bataille s'engagea infenfiblement, elle fut des plus fanglantes. Cependant je confervai long-tems l'avantage, & lorfque j'allois me rendre le maître du champ de bataille, par une fatalité que je ne puis comprendre, l'épouvante fe mit tout-à-coup dans mon ar mée, mes Troupes fe débanderent, la plus grande partie prit la fuité, &, malgré mes efforts, je ne pûs jamais les rallier que vous dirai-je enfin? ma défaite fut complette, & j'eus encore le malheur d'être fait prifonnier avec la Reine qui m'avoit fuivi dans cette expédition.

Pencanaldon, glorieux du

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