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fuccès de fa victoire, nous conduifit dans fa Ville capi tale, en nous menant attachés à fon char de triomphe comme de miférables efclaves. Il nous fit enfuite renfermer dans une Tour, bâtie fur une pointe de rocher qui paroiffoit fort avancé dans la Mer : mais ce qui augmenta ma peine & mon défefpoir, c'eft qu'il eut encore la cruauté de me féparer de Cliceria; & j'appris quelques jours après, par deux Officiers commis pour ma garde, qui, me croyant endormi

cau.

foient familierement enfemble: ...

J'appris donc que la caufe de tous les défordres qui venoient d'arriver, ne prove

noit que de l'amour que le perfide Pencanaldon avoit pris pour la Reine, parce qu'il fe Aattoit qu'après m'avoir vaincu, il ne lui feroit pas difficile de féduire l'efprit de la Reine Cliceria, en lui propofant de partager avec elle fon Royaume, & de la laiffer difpofer entierement de mes Etats qu'il venoit de réunir à fa Couronne, ne faisant aucun doute qu'étant fon prifonnier, il ne me forçât à la répudier lorfque je croirois ne pouvoir obtenir ma liberté qu'à ce prix. Ainfi, aveuglé par fa paffion, il ne crut point trouver d'obstacle à fes mauvais deffeins, il ofa même les déclarer à la Reine fans aucun ménagement. Cliceria,

l'introduifoit pendant la nuit dans mon appartement. Quoique cette femme s'efforçat de diminuer une partie de l'affreufe fituation dans laquelle fe trouvoit Cliceria, mon ef prit, toujours industrieux à me tourmenter, me la faifoit reffentir telle qu'elle étoit. Accablé de douleur, & ne pouvant rien pour adoucir les peines d'une Princeffe qui m'étoit d'autant plus chere, que j'étois très-perfuadé qu'elle ne devoit fes maux qu'à l'attachement qu'elle avoit toujours eu pour moi, je ne pouvois néanmoins les adoucir. Il est peutêtre fans exemple que des Sujets, que j'avois traités plutôt en pere qu'en Roi, s'intéres

faffent

faffent affez peu à mon fort pour n'ofer former le deffein de me délivrer de ma captivité; je ne pouvois donc qu'exhorter la Reine à fouffrir conftamment des peines qu'elle ne pouvoit éviter.

Pencanaldon, qui ne vouloit pas s'éloigner de la Reine, donna ordre à fes Généraux de s'emparer de toute la Lydie; ce qu'ils exécuterent en deux.campagnes, perfonne ne s'oppofant à leurs rapides conquêtes. J'appris ces fâcheufes nouvelles, avec celles que mes Peuples s'étoient rendus, fans aucune résistance, à mon perfide Tyran; & ce qui mit le comble à mon défespoir, fut la perte des deux jeunes Prin11. Part.

B

ces que j'avois laiffés dans mon Palais fous la conduite de leur Gouverneur, homme dont la probité m'étoit connue. Je redoutois, avec raifon

les

eruautés de cet ennemi de l'humanité mais voici le dernier

coup de fa perfidie.

La Reine, qui étoit enceinte lorfqu'on nous fit prifonniers, avoit caché, avec un foin extrême, l'état où elle étoit. Célinde, celle de fes femmes dans laquelle elle avoit le plus de confiance s'offrit à la délivrer d'une Princeffe qu'elle fe difpofoit de fouftraire aux yeux du cruel Pencanaldon, lorsqu'il entra inopinément dans l'appartement de la Reine, où, fe

(

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