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leur de fe trouver dans l'impuiflance de lui en dire des nouvelles.

Cliceria qui ne comprenoit rien au récit qu'elle venoit d'entendre, ne pouvoit fe perfuader que la force de l'imagipation pût produire des effets auffi furprenans. Elle crut donc que tout ce qu'on venoit de lui raconter, n'étoit qu'une fable inventée pour la féduire & que Pentaphile avoit peutêtre formé quelque Traité fecret avec fon ennemi, dont fa fille avoit été le prix: elle ne voulut cependant pas faire connoître fes doutes, & fe re tira dans l'appartement qu'on lui avoit destiné, pour en conférer avec le Prince Corydon,

qu'elle craignoit furieusement que cette premiere difgrace n'eût rebuté, & que, trompé dans fon attente, il ne voulût abandonner fon entreprise. C'est pourquoi, après s'être long-tems entretenue avec lui des aventures de Tramarine, dont il étoit à préfumer qu'on n'auroit jamais aucune nouvelle, elle lui dit qu'il lui ref-toit encore une jeune Princeffe qu'elle lui offroit pour remplit fes engagemens. Il est vrai, ajouta la Reine, que j'ignore entierement fon fort; mais, comme elle eft entre les mains de la Princeffe Argiliane, je me flatte qu'il ne me fera pas difficile de la ravoir. Corydon qui ne s'étoit atta

ché

ché à Tramarine, que fur la réputation qu'elle s'étoit acquife d'être une des Princesses la plus accomplie qu'il y eût dans le monde, eut beaucoup moins de peine à fe réfoudre à l'échange qu'on lui proposoit. Cependant il perfifta toujours dans les confeils qu'il avoit donnés à la Reine, d'employer tous les moyens imaginables pour tâcher de découvrir le lieu que Tramarine auroit choifi pour la retraite..

Quoique la Reine fût trèspiquée de la conduite que Pentaphile avoit gardée, non-feulement dans l'affaire de Tramarine, mais encore dans celle de notre malheureuse captivité dont j'éprouvois touII. Part.

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jours le déplorable fort; elle dit néanmoins au Prince qu'elle ne croyoit pas qu'il fût prudent, dans les circonftances où elle fe trouvoit, de chercher à aigrir la Reine de Caf tora, en faisant à-préfent des perquifitions qui fans doute deviendroient inutiles; que le befoin qu'elle avoit de son secours pour l'aider à reconquérir la Lydie, lui faifoit penfer qu'il étoit plus convenable de diffimuler leurs fujets de plainte, jufqu'à ce que je fuffe remonté fur le Trône. Ces raifons étoient trop fages pour le Prince ne s'y rendît

que

pas.

Mais, comme il feroit trop long de vous rapporter toutes

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les négociations qu'il fallut employer, afin d'engager mes Alliés de fournir les Troupes néceffaires, il fuffira de vous apprendre que, malgré les efforts de Pencanaldon qui s'étoit fait hair de tous mes Peuples par les cruautés, la Reine rentra dans la Lydie, & je fus enfin délivré de ma captivité.

Ce ne fut qu'après ce grand événement que j'appris vos aventures. Auffi peu porté les croire que la Reine, je fus cependant au défefpoir d'y avoir contribué par ma fotte crédulité, ou, pour mieux dire, ma fotte vanité à vouloir pénétrer dans les décrets des Dieux, en vous banniffant

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