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de ma Cour par une injusticè dont j'ai été long-tems puni par mes remords. Je voulus réparer ma faute en faisant tout ce qui étoit en mon pouvoir pour découvrir votre fort; mais ce que j'en pus apprendre mit le comble à mon défefpoir, lorfqu'on vint me dire qu'il n'étoit pas poffible d'avoir aucune nouvelle de la Princeffe, qu'on préfumoit s'être précipitée dans la Mer. Ce doute affreux me fit une fi furieufe révolution " qu'après avoir juré la perte de la Reine Pentaphile, je tombai dans une apoplexie qui m'a en un inftant conduit ici.

Je ne regrette point une vie qui n'auroit fait que prolonger

des maux inévitables, en me retraçant fans ceffe le fouvenir de mes fautes. Je me flatte, au contraire, que les honneurs dont vous jouiffez dans cet Empire, par votre heureufe union avec le Prince des Ondins, doivent vous faire oublier toutes les peines qui les ont précédés, & que vous n'en conferverez aucun reffentiment. Tramarine assura le Roi fon pere qu'il lui rendoit juftice que, quoiqu'elle eût long-tems regretté fa préfenelle n'avoit pas lieu de fe plaindre de l'Arrêt rigoureux qu'il avoit prononcé contre elle; & que, pour lui montrer qu'elle n'en confervoit aucun fouvenir, elle alloit déformais

ce,

employer tout fon pouvoir à lui faire rendre les honneurs dûs à fon rang, & lui procu

rer en même tems toutes les fatisfactions qu'il pourroit defirer.

Perfonne n'ignore que, lorfqu'on a quitté ce corps mortel, tous les rangs font confondus, & qu'il n'y a plus de diftinction parmi les ames, fur-tout dans l'Empire des Ondins. Cependant la Princeffe Tramarine obtint du Génie Verdoyant, par une grace finguliere, que le Roi fon pere feroit admis à fa Cour, & qu'il y jouiroit des mêmes prérogatives des Ondins. Elle lui demanda auffi qu'il fût dispensé de boire le thé élémentaire;

mais elle ne put obtenir cette derniere faveur, pour des raifons que je n'ai point apprifes, auxquelles fans doute il n'y avoit aucune replique.

Ils continuerent enfuite leur route avec le Roi Ophtes, dans le deffein de vifiter toutes les parties du Monde. Tramarine réfléchiffant fur les aventures du Roi fon pere, qui leur avoit appris, par fon récit, qu'elle avoit une jeune foeur qui devoit être encore dans l'ifle Craintive, le defir de la connoître lui fit demander au Prince Verdoyant de vouloir bien diriger fa marche vers cette ifle, afin de lui curer s'il étoit poffible, la fatisfaction de la voir, fans

pro

qu'il en dût coûter la vie à la jeune Princeffe. Je puis aifément vous fatisfaire, dit Verdoyant; &, pour diffiper l'ennui d'une auffi longue route je vais vous apprendre, ainsi qu'au Roi votre pere, les aventures d'une Princeffe qui doit affurément vous intéresser l'un & l'autre.

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