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joindroit à ces Déeffes. Je ne puis vivre fans elle, ajouta l'Amour, fa conversation m'amufe, c'est toujours elle qui doit m'entretenir par mille petites faillies; mais il eft tems, mon adorable Maîtreffe, de jouir des plaifirs qui vous font préparés. Ce Dieu fit figne en même tems à l'Heure Berger de s'approcher; la Modeftie qui foutenoit toujours Brillante, s'oppofa aux deffeins de l'Amour. Ce Dieu en parut un peu fâché ; il n'ofa cependant faire paroître fon dépit, afin de gagner, par cette complaifance, la confiance de la Princeffe, à laquelle il préfenta la main avec un fourire enchanteur.

Brillante, fans trop fçavoir ce qu'elle faifoit dans le trouble qui l'agitoit, fe laissa enfin conduire par ce Dieu, qui la fit monter dans fa caléche & fe plaça à côté d'elle, avec les i Graces, la Modeftie & la Conftance. Faveur fe mit derriere eux, accompagnée d'u ne grande femme que Brillante n'avoit point encore apperçue; elle demanda à l'Amour qui elle étoit, & pourquoi elle paroiffoit fi rêveuse? C'eft la Jouiffance, dit ce Dieu, qui attend, avec inquiétude, le moment favorable de faire connoiffance avec vous, pour reprendre fon enjouement & fa gaieté ordinaire.

L'Amour ordonna qu'on le

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conduisît à fa petite maison que l'on auroit pû prendre pour une de celles du Soleil par l'éclat des richeffes qui y brillent de toutes parts. Une troupe de Plaifirs fe détacha pour annoncer l'arrivée de l'Amour & de la Princeffe, qui furent reçus dans ce Palais par les Ris, les Jeux & les Plaifirs. L'Amour conduifit Brillante dans un cabinet de gla ces, en ordonnant aux Graces de la mettre fur un lit de ro

fes, que la Volupté & la Délicateffe leur avoient préparé. Jamais ces deux Favorites de l'Amour ne quittent ce cabinet; elles font chargées l'une & l'autre du foin de l'orner,

de l'entretenir dans un air tempéré, & d'y répandre les parfums les plus exquis : les Jeux, les Ris les Plaisirs,

Faveur & Jouiffance, fuivirent la Princeffe dans ce cabinet. Faveur & Jouiffance firent mille tendres careffes à Conftance fur fon heureux retour; la gaieté ornoit toutes les actions dé Jouiffance, qui fe flattoit, avec raison, que la réunion de fa compagne avec l'Amour, alloit enfin la faire triompher de fon plus cruel ennemi. Car, avant que ce Dieu devînt fenfible aux charmes de Brillante, quoique Jouiffance fût prefque toujours à fa fuite, il arrivoit fouvent par une fatalité qui la désespéroit,

que, malgré les ordres que l'Amour lui donnoit de le fuivre, le Dégoût, cet ennemi de fon repos, l'entraînoit toujours vers un autre objet. Elle fe flatta pour-lors de l'ayoir vaincu; le caractere doux & complaifant, & l'humeur toujours égale de la jeune Princeffe, contribuerent beaucoup. à lui faire remporter fur fon ennemi la victoire la plus complette.

Brillante, occupée de tout ce qui l'environnoit, ne s'amufa point à réfléchir; ellg oublia la Modeftie qui n'étoit point entrée avec elle, l'Amour l'avoit exclue de ce ca binet, penfant éviter, par fon abfence, mille petites vétille

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