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ries auxquelles elle étoit fort fujette: c'eft pourquoi il avoit donné à l'Heure du Berger la charge d'Huiffier de ce cabinet. Mais ce Dieu, malgré fes précautions, ne s'attendoit pas à trouver la Pudeur, fidele compagne de Brillante qui, pour ne la point abandonner, s'étoit cachée fous la robe de la jeune Princeffe ; &, lorfqu'il voulut s'en approcher, cette impéricufe Déeffe lui déclara qu'elle ne céderoit fa place qu'au Dieu de l'Hymen. L'Amour, enflammé par cette nouvelle réfiftance, confentit que fon frere l'Hymen vînt allumer fa torche nuptiale pour éclairer fon union avec Brillante, qu'il jura être éternelle.

L'Amour, devenu constant par fon union avec Brillante, jouit à-préfent d'un bonheur parfait; & fon ardeur, loin de diminuer par la préfence continuelle de Faveur & de Jouiffance, femble s'accroître, & les plaifirs qu'il goûte › par leurs fecours, lui paroiffent toujours nouveaux. Il est aifé de préfumer que Brillante l'a fixé pour jamais; c'est donc en vain qu'on le cherche à préfent dans le monde, puifqu'il n'y a laiffé que fon ombre. Voilà, chere Tramarine, ajouta le Génie Verdoyant, l'heureux, fort dont jouit actuellement la Princeffe votre foeur dans l'ifle Craintive, que le véritable

Amour a choisi pour la réfidence , parce qu'il y régne un Printems perpétuel.

Arrivés fur les rives de cette ifle, Verdoyant apperçut l'Amour folâtrant avec Brillante & les Graces qui fe promenoient accompagnées de toute leur Cour; le Génie les fic remarquer à Tramarine, en faifant approcher fon char du rivage. Après avoir aidé la Princeffe à en defcendre, ils s'avancerent l'un & l'autre vers l'Amour qui, reconnoiffant le Génie Verdoyant pour le Prince des Ondins, vint au devant de lui. Qui vous amene fur ce rivage, dit ce Dieu ? Vous n'avez plus befoin de mon pouvoir pour vous faire aimer de

la charmante Tramarine; l'Eftime & l'Amitié qui vous accompagnent, ne me font plus dourer du bonheur dont vous jouiffez.

Il est vrai, dit le Génie, qu'avec votre fecours ces deux Divinités fe font jointes à nous, afin de refferrer les nœuds d'une union qui doit être éternelle; & mon premier objet, en vous vifitant, eft de vous en marquer ma reconnoiffance, & vous féliciter en même tems de l'heureux choix que vous avez fait de la charmante perfonne qui vous accompagne. Il eft fi rare de voir à l'Amour un fincere attachement, que, s'il étoit connu dans le monde, on le

prendroit actuellement pour un de ces phénomenes qui ne paroiflent que rarement, pour annoncer le bonheur des Humains. Cette grande victoire n'étoit réservée qu'à la Prin-` ceffe Brillante qui, fuivant toutes les apparences, ne doit plus craindre votre inconf

tance.

J'avoue, dit l'Amour, que depuis long-tems j'avois banni la Conftance de ma Suite; mais, la trouvant inféparable de Brillante, j'ai reconnu que ce n'eft qu'avec elle qu'on peut goûter le vrai bonheur, & ne puis plus m'en détacher. Quoi! repliqua Verdoyant, auriez-, vous abandonné pour toujours, les Mortels? Ils ne s'apperçoi

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