Imagens das páginas
PDF
ePub

caverne, et qui faisaient des excursions sur la campagne. Dans la bataille qu'on leur livra au fond de leur souterrain même, ils blessèrent beaucoup de Romains, surtout à coups de pierres. Mais on découvrit une autre issue de cet antre; on entassa aux deux sorties des monceaux de bois, on y mit le feu, et deux mille brigands, enfermés en ce lieu, périrent dans les flammes ou étouffés par la fumée.

Sous les consuls Livius Denter et Marcus Æmilius

Paulus, installés le 3 octobre 302, la guerre des Èques se ralluma; et Caius Junius Bubulcus, nommé dictateur pour les combattre, se mit en campagne avec son général de la cavalerie, Titinnius. Dès la première rencontre, il soumit ces Èques; et, le huitième jour, il rentra dans Rome en triomphe. Il avait, étant consul, voué un temple à la déesse Salus; il l'avait construit, étant censeur; dictateur, il en célébra la dédicace. Nous apprenons de Valère Maxime, de Pline et d'AuluGelle, qu'un patricien de la race des Fabius peignit ce temple; depuis ce temps, le surnom de Pictor a distingué l'une des branches de cette famille. Pline fixe l'époque de cette peinture à l'an de Rome 450, nous dirions 452; et il ajoute qu'elle a subsisté jusqu'à l'incendie de ce temple, sous le règne de Claude.

Je traduirai en entier le chapitre II de ce livre de Tite-Live, parce qu'il contient d'importants détails, et qu'il offre quelques difficultés que nous tâcherons ensuite d'éclaircir. « En la même année, dit notre historien,

« une flotte grecque, commandée par le Lacédémonien

[ocr errors]

Cléonyme, débarqua sur les côtes d'Italie, et s'empara « de Thurium, ville des Salentins. Le consul Emilius, envoyé contre les Grecs, les réduisit, par un seul com-'

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

« bat, à regagner leurs vaisseaux. Thurium fut rendu à « ses anciens habitants, et la paix aux campagnes sa«<lentines. Je trouve, en quelques annales, qu'on envoya <<< chez les Salentins le dictateur Junius Bubulcus, et que Cléonyme sortit de l'Italie avant d'en venir aux mains << avec l'armée romaine. Il avait doublé le promontoire « de Brindes, quand les vents le portèrent au milieu du golfe Adriatique. Voyant à sa gauche les côtes italien« nes, qui ne lui offraient aucun port, à sa droite les Illyriens, les Liburniens et les Istriens, nations farouches, et fameuses par leurs brigandages maritimes, il s'effraya de ces obstacles, et s'enfonça jusqu'aux rivages des Vénètes, Là, quelques hommes de son équipage, débarqués pour reconnaître les lieux, lui apprirent que ce n'était qu'une langue de terre, au delà de laquelle on trouvait des lagunes baignées les eaux de la mer; qu'un peu plus loin, pour<< tant, on apercevait des campagnes, d'abord une plaine, puis des collines, au pied desquelles coulait <«< un fleuve très-profond (c'était le Méduac); ils << avaient vu des vaisseaux autour de son embouchure, «< ce qui indiquait une rade sûre: Cléonyme ordonna « de diriger la flotte vers l'entrée du fleuve, et de le <«< remonter. Le canal n'avait point assez d'eau pour «<les gros navires; la plupart des soldats passèrent << sur des bâtiments plus légers, et gagnèrent une «< campagne très-peuplée; les Padouans y avaient trois bourgs maritimes, et habitaient toute cette côte. Les << Grecs y descendent; et, ne laissant pour garder leurs << vaisseaux qu'un faible détachement, ils s'emparent « des bourgs, incendient les habitations, enlèvent les « hommes et les troupeaux; l'appât du butin les en

«<par

[ocr errors]
[ocr errors]

<< traîne loin de leur flotte, Informés de ces mouve«ments, les Padouans, que le voisinage des Gaulois <«< tenait toujours sous les armes, divisèrent leurs guer<< riers en deux corps : l'un se porta sur le territoire où l'on annonçait que les Grecs s'étaient répandus « pour le dévaster; l'autre, par un chemin différent, « afin de ne pas rencontrer ces pillards, se dirigea « vers le lieu où stationnaient les vaisseaux, à quinze « milles de la ville. Ils fondirent sur ces petits navires, « et en massacrèrent les gardiens; les matelots effrayés « sont forcés de regagner l'autre rive du fleuve. Sur << terre aussi, on avait heureusement combattu les bri« gands dispersés; et quand ceux-ci voulurent rejoindre << leur flotte, les Vénètes se trouvèrent sur leur che« min. Enveloppés ainsi de tous côtés, ils succombè<< rent; et ceux qu'on fit prisonniers indiquèrent le << lieu, distant de trois milles, où était, avec sa flotte, « le roi Cléonyme. Aussitôt laissant ces captifs en garde dans le plus prochain bourg, les Padouans « montèrent, les uns sur des barques légères, à fonds plats, fabriquées pour la navigation du fleuve et des « bas-fonds des lagunes; les autres sur les petits bâti«<ments enlevés aux Grecs: on se porte vers la flotte; <<< on environne ces vaisseaux immobiles qui craignaient « le danger des lieux inconnus plus encore que le <«< fer des ennemis, et qui, plus empressés de fuir en pleiné mer que de résister, sont bientôt mis hors de <«< combat. Les Padouans en prennent et en brûlent plusieurs, que leur fuite précipitée a jetés dans les «< bas-fonds, et s'en retournent vainqueurs. Cléonyme << ramena tout au plus la cinquième partie de sa flotte, « et repartit, n'ayant pu descendre avec succès en

[ocr errors]

«

[ocr errors]

[ocr errors]
[ocr errors]

«< aucun pays sur les bords de l'Adriatique. Les dépouilles des Lacédémoniens et les éperons de leurs « navires ont été placés dans un ancien temple de Ju<«< non; et il reste plusieurs Padouans qui les y ont «vus. On célèbre exactement à Padoue l'anniversaire << de ce combat naval, par une joute solennelle de vais<< seaux sur le fleuve qui traverse la ville. »

Vous observerez d'abord, Messieurs, que Thurium, bâtie au temps d'Hérodote, sur les ruines de l'ancienne Sybaris, était en Lucanie et non chez les Salentins, comme Tite-Live le suppose. Peut-être avait-il écrit, au lieu de Thurias, Rudias, ville en effet salentine; il est probable que ce sont ses copistes qui ont altéré ici et ailleurs sa géographie. Il ne donne aucun renseignement sur Cléonyme : on pense que c'est celui qui était fils du roi de Sparte Cléomène, et que les Lacédémoniens empêchèrent de lui succéder, parce que sa hauteur et ses violences le leur avaient rendu odieux. Tite-Live lui donne cependant le titre de roi, regem Cleonymum; c'est une inexactitude. Diodore de Sicile parle d'un Cléonyme de Sparte qui aborda en Italie en cette même année, mais il lui atribue de tout autres aventures : il en fait un allié des Tarentins contre Rome, qui n'était point alors en guerre avec eux. Vous voyez combien toutes ces traditions demeurent variables et incertaines. Tite-Live a préféré celle qui faisait le plus d'honneur à Padoue, sa patrie; il ne subsiste aucun autre témoignage qui la garantisse, et M. Daru ne l'a jugée digne d'aucune attention. Quant au fleuve Méduac, anciens géographes l'ont indiqué; ils distinguaient même le Meduacus major, aujourd'hui la Brenta, et le Meduacus minor, nommé Bacchiglione par les modernes.

les

Les Vestins demandèrent l'amitié de Rome, qui conclut avec eux un traité d'alliance: elle avait à redouter l'Étrurie, qui se soulevait, entraînée par des mouvements séditieux chez les Arétins, à l'occasion des Cilnius, famille opulente et puissante que ses envieux voulaient expulser. Rome s'alarmait encore plus de la résistance qu'opposaient les Marses à l'établissement de sa colonie de Carséoles, pour laquelle on avait inscrit quatre mille citoyens. On nomma un dictateur; et, selon Tite-Live, ce fut Marcus Valérius Corvus, sous lequel Æmilius Paulus commanda la cavalerie. Au lieu de Paulus, certaines annales désignaient Quintus Fabius; « mais je ne puis croire, dit notre historien, qu'un homme de cet âge, et chargé de tant d'honneurs, « ait été sous les ordres de Valérius; la méprise a pu ve<< nir, selon moi, du surnom de Maximus, commun à l'un << et à l'autre. >> Très-probablement, Messieurs, c'est TiteLive encore qui commet ici une erreur. Les Fastes capitolins nomment pour dictateur Quintus Fabius même, et pour maître de la cavalerie Æmilius Paulus. La dictature de Marcus Valérius Corvus n'appartient qu'à l'année suivante, que Tite-Live a confondue avec celleci. Tous ses récits, dans les premiers chapitres de ce livre, se ressentent de cette inexactitude. C'est donc, quoi qu'il en dise, Fabius et non Valérius que nous prendrons ici pour le dictateur qui conduit l'armée romaine contre les Marses, les dissipe, les repousse dans l'intérieur de leur ville, leur prend Milionia, Plestina, Frésilia, si pourtant nous pouvons tenir ces noms pour exacts. Bientôt, en effet, l'historien nous désignera Milionia comme une ville des Samnites, et non plus des Marses; il nous a déjà parlé d'une ville de Plistia, qu'il

« AnteriorContinuar »