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cette guerre qu'une durée totale de quarante-neuf ans. Mais, à vrai dire, elle a commencé en 343; et c'est déjà quarante-huit ans en 295: ce sera en tout cinquante-trois en 290. Tite-Live ajoute ici que cette guerre a rempli quatre livres de son histoire; ce qui n'est pas non plus très-exact; car elle ne s'est ouverte que vers la fin de son septième livre. Il se plaint de ne l'avoir point terminée encore : il n'est, dit-il, point d'historien, point de lecteur qu'elle ne fatigue; mais elle ne lassait ni les vainqueurs ni les vaincus. Elle continuera de nous occuper dans notre prochaine séance, où nous achèverons l'étude de la première décade de Tite-Live.

ANNALES ROMAINES. ANNÉES 294 A 290 AVANT J. C.

Messieurs, deux années seulement, depuis le 28 février 296 jusqu'au 2 mars 294, ont fourni à Tite-Live la matière des seize chapitres que nous avons étudiés dans notre dernière séance. Fabius et Décius, qui venaient d'être consuls en 297, conservèrent pendant six mois, et en qualité de proconsuls, le commandement des armées, le premier en Étrurie, le second dans le Samnium. Chassées de leur propre territoire, les troupes samnites se transportèrent en Toscane, et entraînèrent les Étrusques à reprendre les armes. Décius restait maître du Samnium, s'établissait dans les plus fortes places, amassait un butin considérable, exterminait tout ce qui tentait de résister; mais la guerre qui s'allumait en Étrurie, et à laquelle allaient prendre part non-seulement les Samnites commandés par Gellius, mais aussi les Ombriens et les Gaulois, inspirait de vives inquiétudes aux Romains. Ils envoyèrent leur consul Appius en Toscane; il y montra peu d'habileté : les revers qu'il essuya le déterminèrent à écrire à son collègue Volumnius de venir le rejoindre avec les légions

que

celui-ci venait de conduire au Samnium. Volumnius accourut; Appius prétendit n'avoir rien écrit; et Volumnius allait repartir, si l'armée ne l'avait retenu. Il ne tarda point à justifier la confiance qu'elle avait en lui il remporta une victoire éclatante, à laquelle on dit pourtant que son collègue Appius concourut

en vouant un temple à Bellone. Après avoir gagné cette bataille, Volumnius s'empressa de retourner au Samnium, où ses succès dissipèrent bientôt les alarmes que Rome avait conçues en apprenant les nouveaux mouvements des Samnites et de leurs alliés. Appius n'écrivait pas d'Étrurie des lettres aussi rassurantes : il s'efforçait de communiquer au sénat les frayeurs mortelles dont il était lui-même atteint. Heureusement le moment vint de nommer des consuls plus capables que lui d'affronter et de conjurer les périls. Tite-Live place en 296, et Velléius Paterculus en 295, la fondation des deux colonies de Minturne et de Sinuessa. En la seconde de ces années, les consuls furent Fabius et Décius. Peu après leur élection, l'entrée d'une chapelle consacrée à la Chasteté patricienne fut refusée par les dames de condition noble à une femme nommée Virginie, qui, née d'un patricien, s'était mésalliée en épousant le roturier Volumnius. Ce citoyen était néanmoins l'un des plus illustres consulaires de cette époque; et, après les services éminents qu'il avait rendus dans l'exercice des plus hautes fonctions, l'outrage que des matrones font à son épouse est un excès d'orgueil et d'insolence qu'on a peine à comprendre. Virginie, pour s'en consoler, éleva une chapelle à la Chasteté plébéienne. Vers le même temps, les édiles curules, qui portaient tous deux le nom d'Ogulnius, employèrent à orner des temples et à célébrer des fêtes les amendes auxquelles ils venaient de condamner des usuriers et des pacagers infidèles. La concorde si parfaite qui avait régné entre Fabius et Décius dans leurs consulats précédents parut un instant troublée. Fabius se fit assigner, sans tirage au sort, la guerre d'Étrurie; et Dé

cius, après avoir dignement et vainement réclamé l'ohservation de la loi ou d'une coutume équitable et sage, se chargea du Samnium. Fabius n'obtint pas en Toscane des succès aussi prompts et aussi décisifs qu'il l'avait espéré; il revint à Rome. On décréta que Décius lui serait associé en Étrurie, où le lieutenant Scipion venait d'être vaincu par les Gaulois ou par les Ombriens. Les deux consuls ensemble livrèrent une grande bataille auprès de Sentinum; et les Romains étaient fort menacés de la perdre, surtout à l'aile gauche, quand Décius, qui la commandait, se dévoua, diton, comme jadis avait fait son père, et se précipita au milieu des rangs ennemis pour y recevoir la mort, et y porter la terreur, la confusion et le désastre. Fabius vainqueur retrouva le lendemain le corps de son collègue sous un monceau de cadavres. En même temps le propréteur Fulvius battait les Clusiniens, les Pérusiens, d'autres Étrusques; et Volumnius continuait la guerre du Samnium avec non moins d'avantages. Fabius rentra dans Rome en triomphe. Les ennemis, cependant, après avoir essuyé tant de défaites, n'étaient pas découragés ils levèrent de nouvelles troupes, qui eurent le sort des premières. Cette année, mémorable par les succès guerriers des Romains, ne se termina point sans les effrayer par des prodiges, et par le renouvellement de la peste, dont leur ville avait été si souvent affligée. On consulta les livres sibyllins; nous ne savons pas ce qu'ils enseignèrent. Fabius Gurgès, fils du consul, construisit un temple de Vénus, près du Cirque, avec l'argent payé, comme amendes, par des dames romaines condamnées pour leurs dérèglements. Ces récits de Tite-Live nous ont conduits jusqu'à l'époque où Pos

thumius Mégellus et Atilius Régulus prirent possession du consulat.

Le sénat les envoyait tous deux au Samnium, où les ennemis avaient, disait-on, trois armées sur pied, l'une pour la défense du pays, l'autre pour piller la Campanie, et la troisième pour se porter en Toscane. Une maladie retint Posthumius à Rome; Atilius partit seul, et accéléra sa marche afin de prévenir l'entrée des Samnites chez les Campaniens. Il les rencontra précisément au point qu'il fallait pour qu'ils ne pussent plus sortir du Samnium, ni les Romains y rentrer. Cependant, à la faveur d'un brouillard épais, les Samnites osent attaquer le camp du consul; ils surprennent le premier poste, qui n'a ni la force ni le courage de leur résister; ils forcent la porte Décumane, prennent le quæstorium, c'està-dire la tente du questeur, et tuent le questeur même, Opimius Pansa. On crie aux armes. Le consul s'éveille, confie la garde du prétoire ou de sa propre tente à deux cohortes alliées, l'une suessane, l'autre lucanienne, et conduit les légions romaines par la principale rue du camp. A peine les soldats avaient-ils eu le temps de s'armer : ils reculaient devant l'ennemi. Animés enfin par les exhortations d'Atilius, ils repoussent les Samnites, et, après en avoir tué environ trois cents, forcent le surplus de sortir des retranchements. Les Romains avaient perdu environ deux cents hommes dans cette affaire, y compris le premier poste, les sentinelles et les gardes du quæstorium. A la nouvelle de cette perte, l'autre consul, Posthumius Mégellus, à peine guéri, se mit en campagne. Ses troupes avaient l'ordre de l'attendre à Sora : avant de les rejoindre, il fit la dédicace du temple de la Victoire, construit, pendant

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