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vinrent éligibles; de fait, ils ne l'obtinrent qu'en 407. Elle était annuelle, comme presque toutes les autres, et donnait droit, pendant qu'on l'exerçait, et non après, d'assister aux séances du sénat. C'était en cette même année 421, ou quelque temps auparavant peutêtre, mais après 446, qu'on avait doublé le nombre des questeurs; il n'y en avait eu que deux jusqu'alors; on régla qu'il y en aurait quatre, deux pour la ville, et deux pour les armées ou les provinces. Ce nombre fut porté de quatre à huit en 265, à vingt par Sylla, à quarante par Jules César, qui se réserva le droit d'en nommer la moitié. En écartant les questeurs provinciaux ou militaires, ainsi que divers autres officiers qui ont porté ce même nom de questeurs, nous n'avons encore envisagé que ceux de la ville, quæstores urbani, et nous avons recherché quelles étaient les fonctions de ces deux magistrats. Elles ne sont point assez déterminées par le nom qu'ils portent; car nous avons vu, des textes de Varron et de Cicéron même, que Romains confondaient en quelque sorte dans le même mot quærere deux idées en soi fort distinctes: d'une part la perception et pour ainsi dire la quête des deniers publics, de l'autre les enquêtes ou poursuites à exercer contre certains crimes. Dès l'an 485, l'histoire attribue un acte de ce second genre aux deux questeurs ou trésoriers urbains, Lucius Valérius et Fabius Caso. Mais la questure était principalement une charge de finances; et sa première attribution était la garde du trésor public déposé dans le temple de Saturne, le soin d'y recueillir les revenus de l'État, et de n'en rien laisser sortir qu'en vertu d'un sénatus-consulte, ou au moins d'un ordre exprès des consuls. Il y eut dans les

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les

derniers siècles de la république des tribuns trésoriers, tribuni ærarii, qui, sous l'inspection des questeurs, remplissaient quelques fonctions du même genre, qui ne sont pas très-bien connues. Sous les empereurs, on distingua de l'ærarium ou trésor public, le fiscus ou trésor du prince, qui eut ses questeurs ou administrateurs particuliers. Tels sont les résultats que, dans notre dernière séance, nous avons tirés de divers auteurs classiques, Polybe, Varron, Cicéron, Denys d'Halicarnasse, Tite-Live, Velléius Paterculus, Lucain, Tacite, Pline le Jeune, Plutarque, Suétone, Aulu-Gelle, Dion Cassius, Festus, et les jurisconsultes Ulpien et Pomponius. Nous allons continuer de rechercher dans les mêmes sources les autres attributions des questeurs, et d'abord achever ce qui concerne les deux de la ville.

En parlant de ce temple de Saturne, où les questeurs gardaient le trésor de la cité, Plutarque dit qu'on y déposait aussi les archives, c'est-à-dire les titres, les contrats, les annales, les lois, les sénatus-consultes. Voilà, Messieurs, une seconde fonction, celle d'archivistes, attribuée aux deux trésoriers; mais il s'en faut qu'ils l'aient toujours remplie : elle l'a été, comme vous l'avez vu, par les tribuns, par les édiles, par des préfets; et je vous ai cité plusieurs fois le texte où Cicéron se plaint de la voir négligée et abandonnée à des officiers subalternes. Auguste la restitua ou la conféra aux questeurs, à ce qu'assure Dion Cassius; mais, ni avant, ni après cet empereur, elle n'a donné lieu à aucun fait mémorable; ce n'était qu'une sorte d'appendice de la garde du trésor public. Les questeurs ont été aussi dépositaires des enseignes militaires qu'on avait réunies au trésor, et qui étaient, comme nous l'apprend Pline,

d'or ou d'argent, et non pas des voiles, des draps ou drapeaux flottants; d'où l'on peut conclure que notre mot drapeau est assez peu propre à traduire insigne, ou signum, ou vexillum, quand il s'agit d'histoire romaine. Lorsqu'on allait se mettre en campagne, les questeurs livraient ces enseignes aux consuls ou au dictateur, ou les faisaient porter au lieu indiqué par le général. Tite-Live nous a déjà offert plusieurs exemples de cette pratique : Signa eo ipso die a quæstoribus ex ærario prompta, delataque in campum. — - Signa ex ærario prompta ducuntur ad dictatorem. Signaque quæstores ex ærario deferre, etc. Ce sont là des fonctions d'une assez faible importance. Il serait plus curieux d'avoir des renseignements précis sur la manière dont s'opéraient les recettes et les dépenses; mais, sur ce point, les anciens textes ne fournissent que des notions vagues.

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L'une des principales occupations des questeurs devait être de percevoir les contributions publiques. Quand la cité eut pris quelques accroissements, cette perception, plus compliquée, exigea le service d'agents intermédiaires ou subalternes. Avant l'établissement de la censure, c'était probablement les questeurs qui dressaient les rôles de l'impôt; car il eût été souvent difficile aux consuls de se charger immédiatement de ce soin. Du reste, l'histoire et les livres classiques nous font trop peu connaître les détails de cette branche importante d'administration; et j'avouerai que les résultats qu'on a voulu tirer d'un très-petit nombre de faits ou de textes isolés sont extrêmement hasardés. Nous voyons toutefois que dans les derniers siècles de la république on avait affermé les revenus de l'État.

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Alors la perception se faisait par les fermiers ou publicains, ou par leurs agents. En traitant de l'ordre équestre, je vous ai exposé comment les chevaliers formèrent des compagnies financières ou de publicains. Après l'abolition de la taxe par tête ou de la capitation, qui s'était payée jusqu'à la conquête de la Macédoine, et dont la perception s'était faite, selon toute apparence, par les questeurs, on distinguait trois grandes fermes celle des dîmes, decumæ, à retirer des terres publiques ou conquises qui avaient été concédées; celle des droits à lever sur le bétail que les particuliers envoyaient dans les pacages de la république; genre d'impôt qu'on désignait par le mot scriptura, parce que les commis tenaient registre de chaque tête d'animal paissant; enfin celle du portorium, ou des droits payer à raison des marchandises qui entraient dans les ports ou qui en sortaient. Le bail de chacune de ces fermes durait cinq ans ou quatre; et l'adjudication se faisait au plus offrant par les censeurs. Le ministère des questeurs se réduisait à recevoir des fermiers et à déposer au trésor les sommes déterminées par ces baux.

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Mais ils levaient eux-mêmes les amendes imposées par jugements, l'argentum mulctaticium, comme parle Tite-Live. Cet historien dit aussi, sous l'année 185 avant J. C., que le préteur envoya les questeurs prendre possession des biens confisqués de Lucius Scipion: In bona Lucii Scipionis possessum publice quæstores prætor misit. On lit dans Tacite que sous Néron le sénat ordonna aux questeurs de n'inscrire les amendes sur leurs registres qu'après un délai de quatre mois, afin que les condamnés eussent le temps de se pourvoir

devant les consuls: Neve mulctam... quæstores ærarii in publicas tabulas, ante quatuor menses, referrent; medio temporis contradicere liceret, deque eo consules statuerent. Tacite parle ailleurs d'un questeur nommé Obultronius Sabinus, qui portait au delà du tarif les droits de saisie sur les pauvres; ce qui donna occasion d'ôter les registres aux questeurs pour les confier à des préfets.

Une des fonctions de la questure avait été de vendre les biens confisqués; et l'on voit encore qu'avant l'établissement des triumvirs monétaires, vers l'an 270, elle avait eu l'intendance des monnaies. Spanheim fait remarquer des noms de questeurs sur des médailles. Ces officiers étaient de plus chargés de faire toutes les dépenses publiques, dont il est à regretter que nous n'ayons pas un tableau complet. Voici les articles dont les anciens auteurs ont fait des mentions expresses:

Les questeurs payaient spécialement l'entretien des rues. Suétone rapporte que l'empereur Claude les obligea de dépenser en combats de gladiateurs les sommes destinées à la réparation des voies publiques; c'est ainsi du moins qu'on explique un passage assez obscur de cet historien: Collegio quæstorum pro stratura viarum gradiatorium munus injunxit. Dans Tacite, c'est à leurs propres dépens que les questeurs sont obligés, à leur entrée en charge, de donner ces spectacles Spectaculum gladiatorum per omnes annos celebrandum pecunia eorum qui quæsturam adipiscerentur. La même obligation leur demeura imposée sous Domitien.

Quand une statue avait été décernée à un personnage illustre ou fameux, les questcurs en payaient le

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