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tout dans les derniers temps de la république. Les questeurs attachés aux armées étaient plus régulièrement renouvelés. Dans les camps, on appelait quæstorium la tente du questeur. Polybe la place derrière celles des tribuns légionnaires, non loin du prétoire, et la représente comme assez spacieuse pour contenir beaucoup d'objets nécessaires au service matériel de l'armée. Dans l'une de nos dernières séances, Tite-Live vous a montré les Samnites prenant le camp du consul Atilius en 294, forçant la porte Décumane, s'emparant du quæstorium, et tuant le préteur Opimius Pansa. Au livre XLI de son ouvrage, il vous parlera des Istriens, qui, après avoir abattu et pillé le prétoire, dejecto prætorio, direptis quæ ibi fuerunt, arriveront jusqu'au quæstorium, et y trouveront un magasin considérable et plusieurs lits: Omnium rerum paratam expositamque copiam et stratos lectos. Une des portes du camp s'appelait porta quæstoria; mais il faut observer que chaque questeur provincial avait aussi, au milieu d'une ville, son quæstorium. Cicéron emploie ce mot en ce sens ; c'était apparemment l'édifice qui servait de demeure au questeur, à sa suite, à ses scribes, et où se trouvaient ses bureaux.

Voilà, Messieurs, tout ce que les livres classiques nous apprennent sur l'histoire et les attributions de la questure proprement dite; mais je vous ai prévenus que ce nom a été improprement appliqué à des offices d'une tout autre nature: il y a eu des questeurs du parricide, des questeurs nocturnes; et sous les empereurs des quæstores candidati, quæstores palatii.

En vous entretenant du préteur, je vous ai indiqué plusieurs officiers de justice qui, sous la direction ou la

surveillance de ce magistrat, recherchaient et poursuivaient les auteurs de certains crimes, particulièrement des crimes d'État. Vous avez vu ces fonctions remplies par des duumvirs, des triumvirs, des quæsitores, des judices quæstionum. Nous avons remarqué dans la neuvième des Douze Tables l'article que Bouchaud écrit ainsi : Quæstores pariceidei quei de rebus capitalibus querant af poplod creantor: «Que des questeurs du par«ricide, pour rechercher les crimes capitaux, soient créés « par le peuple. » Cet extrait est fourni par le jurisconsulte Pomponius, qui dit : Quæstores parricidii creari a populo solebant, qui capitalibus rebus præessent. Nam consulibus de capite civis romani, injussu populi, jus dicere non licebat. Le grammairien Festus donne à peu près la même définition de ces officiers, et il ajoute : parricida non utique is qui parentem occidisset dicebatur, sed qui qualemcumque hominem indemnatum. Ita fuisse indicat lex Numa Pompilii regis, his composita verbis: Si qui hominem liberum dolo sciens morti duit, parricidas esto. De ces textes on conclut, d'abord que le mot de parricide ne doit pas être restreint ici à l'assassinat commis par un fils sur son père; qu'il s'étend à beaucoup d'autres crimes; ensuite que, depuis Valérius Publicola, les consuls ne condamnaient à mort que sauf le recours au jugement du peuple; que le peuple, pour se mettre en état d'exercer ce pouvoir, nommait ou faisait nommer par les consuls des quasitores ou quæstores parricidii; que ce n'était point là une charge ordinaire et permanente, mais un ministère accidentel, extraordinairement établi, quand les circonstances l'exigeaient; et que ce régime dura jusqu'à l'institution des Questions perpétuelles, vers le milieu

du second siècle avant l'ère vulgaire. Vous savez, Messieurs, que par ce terme de Questions perpétuelles on entendait les tribunaux de quatre préteurs, et dans la suite d'un plus grand nombre de préteurs, distincts de celui de la ville et de celui des étrangers, et chargés de rechercher et de poursuivre certains genres d'attentats. Je vous ai exposé ce qu'on sait de cette institution; nous n'avons point à y revenir; et je ne me serais pas arrêté non plus aux questeurs du parricide, si leur nom n'avait entraîné presque tous les savants modernes à les rapprocher des questeurs, dont je viens de vous entretenir, et avec lesquels ils n'ont réellement rien de commun que ce nom même.

Il en est ainsi encore des questeurs nocturnes, officiers subalternes, qui faisaient la ronde dans les quartiers de la ville durant la nuit, pour prévenir ou réprimer les désordres, surtout pour veiller aux incendies et y porter de prompts remèdes. Mais ce sont les modernes, et particulièrement Nieupoort, qui leur ont imposé le nom de questeurs, à cause des recherches qu'ils avaient à faire. Tite-Live, Valère Maxime et le jurisconsulte Paul ne les appellent que triumvirs nocturnes. Ils existaient avant l'an 303; car Flavius, celui qui publia les formules du droit et le tableau des jours fastes, avait exercé ce triumvirat, à ce que nous a dit Tite-Live à la fin de son neuvième livre. Dion Cassius donne à ces trois officiers des licteurs et des serviteurs publics, qui les accompagnaient dans leurs rondes. Vous voyez bien, Messieurs, que ceci est encore étranger à la véritable questure.

On aperçoit auprès des empereurs des quæstores candidati. Selon Suétone, Auguste en avait trois, et les

employait, dans les comices d'élection, à solliciter les suffrages. L'un d'eux lisait pour lui, en son absence, les propositions qu'il voulait faire adopter par le sénat. Quelques-uns entendent dans le même sens, et peutêtre mal à propos, ces mots assez obscurs du même historien dans le chapitre XL de la Vie de Claude : De quæsturæ quodam candidato inter causas suffragationis suæ posuit quod, etc. Je crois qu'il ne s'agit que du suffrage donné par Claude à un candidat à la questure urbaine, que cet empereur avait rétablie gardienne du trésor public. Je ne sais pas non plus s'il y a quelque conséquence à tirer de la qualification de candidats de César, candidati Cæsaris, que Velléius Paterculus s'applique à lui-même et à son frère, vers la fin de son second livre; car il n'y parle aucunement de questure. Mais Tacite dit expressément qu'un discours de Néron aux sénateurs fut lu par son questeur, oratio principis per quastorem audita; et Suétone, que Titus lisait, comme un questeur, quæstoris vice, les lettres et les discours de Vespasien au sénat. Dion Cassius raconte pareillement qu'un empereur, ne pouvant rien dire, à cause d'un enrouement, arò ẞpáɣyou, ἀπὸ βράγχου, fit lire par son questeur, tauɛía, des propositions qui furent approuvées. On a cité, pour éclaircir cette matière, une épître de Pline le Jeune à Trajan, et la réponse de ce prince; ce sont les lettres quatre-vingttrois et quatre-vingt-quatre du dixième livre de Pline: elles n'ont réellement aucun rapport aux quæstores candidati; et Beaufort a eu raison, je crois, de les écarter de cette discussion. On peut tirer plus de parti d'un article de la Vie d'Alexandre Sévère par Lampride: on y lit que ces quæstores candidati étaient, immédia

tement après leur questure, élevés à la préture, et envoyés pour gouverner les provinces: Ut post quæsturam præturas acciperent, et inde provincias regerent. Encore cela ne nous apprend-il point en quoi cette questure avait consisté. Ce qu'il y a de plus certain, c'est que ces officiers n'étaient nommés que par le prince, sans suffrages publics, et que leurs provinces. leur étaient assignées par lui sans tirage au sort: Non omnes quæstores, dit Ulpien, provincias sortiebantur, verum excepti erant candidati principis. Il suit de là qu'on les peut prendre pour des secrétaires attachés au service particulier de l'empereur, chargés d'écrire et de lire en son nom, et ne remplissant d'ailleurs, à ce qu'il semble, aucune des fonctions que le nom de questure urbaine ou militaire avait exprimées sous la république. Il se peut seulement que ce service ait servi d'apprentissage ou de candidature pour obtenir des questures ou des prétures provinciales.

Sous Constantin, paraissent des questeurs du palais, espèce de chanceliers que Zosime indique. Il compte parmi les personnes qui périrent en 408, sous Honorius et Théodose II, un Salvius, dont l'office était de rédiger les décrets du prince, office qu'on appelait questure depuis Constantin : Σάλβιος ὁ τὰ βασιλεῖ δοκοῦντα τεταγμένος ὑπαγορεύειν, ὃν κοαίστωρα καλεῖνοἱ ἀπὸ Κωνσταντίνου δεδώxao xpóvot. Le poëte Ausone a rempli cette fonction : Symmaque lui écrit: Quæstor es, memini; consilii regalis particeps, scio; precum arbiter, legum conditor, recognosco; adde huic alia millia rerum. « Vous êtes « questeur, je ne l'oublie pas; admis au conseil royal, je « le sais; arbitre des suppliques, rédacteur des lois, je « le reconnais; ajoutez-y mille autres choses.» Nous

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