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che, dont la longueur est de neuf cent quatre-vingts << pas. Son aqueduc, depuis son origine jusqu'aux Sali« nes, lieu situé près la porte Trigémine, est de onze « mille cent quatre-vingt-dix pas, dont onze mille <«< cent trente en conduits souterrains; le surplus, tant « au-dessus du sol qu'en arcades, est de soixante pas jusqu'à la porte Capène. Au bout des jardins Tor

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quatiens, près la Vieillesse Espérance, Auguste réu<«< nit à ces eaux une partie de celles du ruisseau qui « porte son nom. C'est probablement pourquoi on a donna au point où ces eaux se réunissent, le surnom « de Gémelles. La source de ce ruisseau est vers le « sixième milliaire, en suivant un sentier à gauche, « jusqu'à neuf cent quatre-vingts pas. L'aqueduc de <«< l'Appia reçoit encore les eaux d'une autre source qui est proche la voie Collatia, et qui arrive aux Gé« melles par un conduit souterrain, dont la longueur « est de six mille trois cent quatre-vingts pas. L'eau Appia commence à se distribuer au bas de la des<«< cente de Publicius, près de la porte Trigémine, à « l'endroit appelé les Salines. » L'autre travail, Messieurs, n'est pas moins mémorable. Le chemin de Rome à Capoue était impraticable aux armées romaines; Appius le fit aplanir à travers les montagnes et les rochers; il construisit des ponts sur les endroits fangeux et entrecoupés de ruisseaux. Procope en a fait une description au commencement de son Histoire de la guerre des Goths. « Cette voie, dit-il, existe depuis << neuf cents ans. » Il eût été plus exact de dire huit cent cinquante: Procope écrivait vers l'an 538 de l'ère vulgaire. « On la doit, poursuit-il, aux soins d'Appius, « qui était censeur; elle s'étendait depuis Rome jusqu'à

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Capoue, espace de cent quarante-deux milles (envi« ron quarante-sept lieues). La largeur en était telle, <«< que deux chariots pouvaient y passer de front sans <«< s'embarrasser. Les pavés étaient du caillou le plus <«< dur; on les avait transportés d'une carrière éloi«< gnée; d'habiles ouvriers avaient équarri et aplani ces quartiers de roche à coups de ciseau ; ils étaient unis << entre eux avec tant de justesse, qu'à peine en aper«cevait-on les jointures; et, quoiqu'on n'y eût point « employé le ciment, ces pierres semblaient d'une «< seule pièce, dans une étendue de plusieurs milles. » Procope ajoute que cet admirable assemblage de matériaux, distribués avec tant d'art, s'est maintenu jusqu'au siècle de Justinien, sans avoir souffert aucune atteinte des voitures et des chariots. Il ne faut pas, Messieurs, s'en rapporter à Aurélius Victor, qui dit que cette route allait, dès le temps d'Appius, jusqu'à Brindes, sur la mer Adriatique: Viam usque Brundusium lapidibus struit; elle n'a été continuée depuis Capoue que par Jules César. Les provinces qu'elle devait traverser au delà jusqu'à Brundusium n'étaient pas sous la domination romaine en 312.

Le

7 février 311, commence le consulat de Junius. Bubulcus Brutus pour la troisième fois, et d'Emilius Barbula pour la seconde. A peine entrés en exercice, ils se plaignirent, devant l'assemblée du peuple, de ce qu'avaient fait les censeurs, en éliminant du sénat les plus honorables personnages, et en y introduisant des fils d'affranchis; ils déclarèrent qu'ils ne tiendraient aucun compte de la nouvelle liste, et ils reproduisirent l'ancienne, qu'on accepta. Deux lois populaires, proposées par les tribuns du peuple, reçurent la sanction des comices. Vous avez vu, Messieurs, qu'en 362 cinquante

ans avant l'époque où nous sommes parvenus, le peuple nommait déjà six des tribuns légionnaires; et, comme je vous l'ai fait remarquer, il est fort probable que les comices avaient joui de ce droit bien avant cette époque. Cependant la plupart de ces officiers, dix-huit sur vingt-quatre, étaient encore, en 312, choisis par les consuls ou par le dictateur. Les tribuns du peuple, Atilius et Marcius, obtinrent que désormais, sur ces vingt-quatre, les comices en éliraient seize. Décius, autre tribun du peuple, fit passer une seconde loi qui réservait aux comices l'élection des duumvirs de mer, c'est-à-dire des deux commissaires chargés de l'équipement et de la réparation des flottes. J'omettrais, dit Tite-Live, une petite aventure arrivée sous le même consulat, si elle ne tenait à la religion. Les joueurs de flûte, mécontents de ce que les derniers censeurs venaient de les exclure des banquets sacrés dans le temple de Jupiter, où toujours ils avaient été admis jusqu'alors, se retirèrent à Tibur ou Tivoli : il ne resta personne à Rome pour jouer dans les sacrifices. Le sénat en conçut un scrupule: Ejus rei religio tenuit senatum; il envoya des ambassadeurs à Tibur, redemander les musiciens fugitifs. Les Tiburtins rassemblèrent dans la salle de leur sénat tous ces joueurs de flûte, et les engagèrent à retourner à Rome. Cette invitation ne produisant aucun effet, on usa d'un stratagème. Un jour de fête, les divers citoyens de Tibur invitèrent les musiciens, et ne leur épargnèrent pas le vin, que les hommes de cette profession aiment beaucoup, à ce que prétend Tite-Live. Enivrés et endormis, on les jeta sur des chariots; et ils furent très-étonnés de se réveiller le lendemain au milieu du

Forum. Le peuple, attroupé autour d'eux, les supplia de rester à Rome; ils y consentirent, à condition qu'ils auraient le droit, en trois jours de chaque année, de se promener par la ville en mascarades, et avec la liberté de faire entendre leurs chansons les plus joyeuses; on leur rendit, de plus, la participation aux banquets sacrés toutes les fois qu'ils auraient joué dans les sacrifices. Ovide, au sixième livre de ses Fastes, fait le même récit, avec quelques variantes. Ce ne sont plus les censeurs, c'est un édile qui mécontente les joueurs de flûte, non pas en les excluant des banquets sacrés, mais en leur défendant d'être plus de dix dans les convois funèbres.

La flûte accompagnait la danse, et ses accords

Chantaient en sons plaintifs les obsèques des morts.
Ce bel art eut longtemps sa juste récompense :
Un autre temps suivit, et vit sa décadence.
L'édile, dans ces jours, par une austère loi,

A dix flûtes borna le funèbre convoi...

...

Ædilis, pompam qui funeris irent,
Artifices solos jusserat esse decem.

A Tibur, au lieu de plusieurs amphitryons où les musiciens dînent, c'est, dans Ovide, un seul affranchi qui les réunit tous, et les traite splendidement, dans sa maison de campagne. Quand ils sont ivres, on les entasse en un même chariot : ils croient retourner à Tibur, et se réveillent à Rome; alors Plautius, l'un des censeurs, leur fait prendre des masques, pour que le sénat ne les reconnaisse pas :

Plautius, ut possent specie numeroque senatum

Fallere, personis imperat ora tegi.

Il mêle parmi eux une chanteuse et d'autres artistes, couverts de longs vêtements; il espère qu'ainsi dégui

sés, on ne les reconnaîtra point; qu'on ne remarquera pas qu'ils sont revenus contre les ordres de son collègue :

Sic reduces bene posse legi; ne forte notentur,

Contra college jussa redisse sui.

De là vient l'une des fêtes romaines du mois de juin :

Aux ides de ce mois, une aimable folie

Retrace et leur costume et leurs masques divers;

Et sur le mode antique on module des airs.

A s'en tenir, Messieurs, à ce récit d'Ovide, Plautius serait encore censeur et collègue d'Appius; ce serait celui-ci qui aurait maltraité les joueurs de flûte, qui néanmoins sont partis mécontents des ordres d'un édile. Appius était édile en 313; et si c'est lui qui a réduit à dix le nombre des musiciens aux cérémonies funèbres, leur départ pour Tivoli datera de cette année-là. Pighius imagine qu'ils avaient dévoré ce premier affront; mais qu'Appius, devenu censeur, les ayant exclus des banquets sacrés, plus sensibles à ce nouvel outrage, ils désertèrent la ville de Rome. On ne conçoit pas trèsbien comment Plautius seul les réhabilite; car un censeur ne pouvait rien sans son collègue; et d'ailleurs Plautius avait abdiqué la censure dès 312, selon TiteLive: aussi Plautius n'est-il point employé par cet historien à les rétablir en 311, sous le consulat de Junius Bubulcus et de Barbula, année, ejusdem anni, à laquelle il rapporte et leur départ et leur retour. Catrou estime qu'on peut mettre un intervalle de deux ans entre ces deux faits ; et les savants se sont diversement tourmentés pour en concilier les circonstances. J'avoue qu'à mes yeux la meilleure explication consisterait à dire que c'est un pur conte, imaginé, comme tant

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