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dégager les plus précieux métaux, l'or et l'argent, des substances qui en altèrent la pureté1.

Vincent de Beauvais doit toute sa renommée à son grand ouvrage intitulé: Bibliothèque de l'univers ou Miroir général' qui peut être considéré comme le complet résumé de toutes les connaissances humaines qui se trouvaient enseignées au XIIIe siècle dans les universités et dans les écoles de théologie. Ce livre paraît avoir été entrepris par les ordres de saint Louis et exécuté sous ses auspices. « On ne saurait croire, dit Jourdain, au nombre immense des livres employés dans ce recueil, si l'on ne savait que la munificence du saint roi de France avait mis à la disposition de Vincent une bibliothèque très-riche pour le temps, que les bibliothèques de l'université et des maisons religieuses devaient offrir de grands secours pour une semblable composition. » Vincent nous apprend luimême que saint Louis, qui protégeait ses recherches, lui procurait tous les manuscrits dont il avait besoin pour la confection de son ouvrage.

et

L'œuvre de Vincent de Beauvais est une grande encyclopédie, un travail réellement gigantesque pour un seul homme, et dans lequel l'auteur embrasse à la fois les sciences, les arts, la littérature et l'histoire. D'après le prologue des plus anciens manuscrits, il est évident que le Speculum mundi n'était formé que de trois parties qui portaient chacune un titre parti

1. ROHRBACHER. Histoire universelle de l'Église catholique. Paris,

1844.

2. VINCENT DE BEAUVAIS. Bibliotheca mundi, etc.

3. JOURDAIN. Recherches sur l'âge et l'origine des traductions latines d'Aristote. Paris, 1843, p. 362.

culier, le Speculum naturale1, le Speculum doctrinale2 et le Speculum historiales. Les manuscrits les plus modernes et certaines éditions imprimées, contiennent une quatrième partie sous le nom de Speculum morale; mais Échard a démontré jusqu'à l'évidence que cette dernière conception était apocryphe et qu'elle a dû être ajoutée à l'ouvrage au XIVe siècle *.

Le Miroir naturel du religieux dominicain, qui est uniquement consacré à l'exposition de toutes les merveilles de la création, est disposé dans un ordre tout à fait original: l'auteur y suit celle-ci pas à pas et traite successivement des différents êtres dans l'ordre où la Genèse les fait apparaître. Il suit l'œuvre de Dieu pour ainsi dire à mesure qu'elle s'échappe de ses mains.

Le Ier livre est consacré aux choses divines et inaccessibles à l'homme; il traite de Dieu et des anges. Les autres embrassent les objets tangibles. Les quatre livres qui suivent exposent les premiers phénomènes de la création.

Le II livre comprend l'histoire de tout ce que Dieu créa le premier jour. L'auteur y traite de la lumière et des ténèbres, et de presque tout ce qui dans nos écoles porte aujourd'hui le nom de corps impondérables.

Les III, IV et Ve livres sont consacrés au firmament et à ce que l'on nommait alors les éléments : le feu, l'air et l'eau.

1. Vincent de BEAUVAIS. Speculum naturale. Nur., 1483.
2. VINCENT DE BEAUVAIS. Speculum doctrinale. Nur., 1486.
3. VINCENT DE BEAUVAIS. Speculum historiale. Nur., 1483.
4. ECHARD. Scriptores ordinis prædicatorum recensiti. 1719.

Les trois livres qui suivent embrassent la description de tous les corps inorganisés du globe, les minéraux, les métaux et les pierres 1.

Les livres qui viennent après recèlent l'histoire des êtres organisés. Les six premiers sont entièrement consacrés à l'exposition de ce qui concerne les plantes. L'auteur y traite de toutes celles que l'on rencontre à l'état sauvage ou qui sont cultivées. Il en fait mention par ordre alphabétique. On découvre aussi dans ces livres quelques notions sur la physiologie des végétaux et les vertus médicales de ceux-ci.

Cependant, dominé par l'ordre qu'il s'est imposé, au XVe livre, en exposant l'œuvre du quatrième jour, Vincent de Beauvais intervertit son exposition des choses terrestres, et embrasse l'histoire du firmament que le Créateur vient de décorer de ses deux grands luminaires et de ses myriades d'étoiles. Ce livre est un véritable traité d'astronomie qui se trouve malheureusement intercalé entre l'histoire des plantes et celle des animaux.

Enfin au XVIe livre, Vincent de Beauvais commence l'histoire de tous les animaux du globe et il lui consacre ceux qui suivent jusqu'au XXII®.

L'œuvre genésique du cinquième jour, les poissons et les oiseaux, se trouve comprise dans les XVI et XVII livres. Enfin on arrive aux reptiles et aux mammifères, dont la description termine le tableau du

1. Livres VI, VIIe et VIII.

2. Les livres IXo, Xo, XIo, XIIo, XIIIe et XIV.

3. De natura solis, p. 1094, etc., édit. de 1624.

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règne animal et occupe les cinq dernières divisions de l'ouvrage.

Ainsi que Dieu a couronné son œuvre en créant l'homme, Vincent de Beauvais achève son traité en s'occupant de notre espèce, et en la considérant sous. toutes ses faces: sous le rapport physique et moral.

Le Speculum naturale n'est en somme qu'un vaste traité d'histoire naturelle où se trouvent coercées toutes les connaissances que l'on possédait sur cette science à l'époque à laquelle il fut écrit. Si nous nous sommes refusé de placer Isidore de Séville au rang des érudits, nous devons dire que ce titre appartient sous tous les rapports à Vincent de Beauvais, car la lecture de son ouvrage démontre rapidement que celuici n'a été écrit qu'après d'immenses recherches. Les documents descriptifs qu'on y trouve semblent pour la plupart tirés d'Aristote, qui était parfaitement connu au dominicain du XIIIe siècle1. C'est à Pline qu'il emprunte tout ce qui concerne la partie historique. Dioscoride et Avicenne sont mis à contribution à l'égard des propriétés médicales des végétaux; enfin c'est Isidore de Séville qui lui fournit en grande partie ses étymologies.

Lorsque, changeant de sujet, le dominicain français passe de l'histoire naturelle à l'astronomie, il fait également de nombreux emprunts aux hommes spéciaux et surtout à Alpétrage'. Cependant la multiplicité des

1. JOURDAIN. Recherches critiques sur l'âge et l'origine des traductions latines d'Aristote. Paris, 1843, p. 33. - Il ne connaissait pas les versions arabes-latines.

2. Le Traité de la sphère de cet astronome arabe paraît lui avoir surtout servi.JOURDAIN. Ibid., p. 132.

citations, qu'on rencontre dans le Speculum naturale, s'explique lorsque Vincent de Beauvais nous apprend, lui-même, que plusieurs religieux de son ordre furent longtemps employés à le seconder et à faire des extraits de divers auteurs.

Vincent de Beauvais a imité Albert en traçant des généralités sur l'ensemble des êtres organisés; mais au lieu de les faire précéder l'histoire de ces êtres en particulier, il les met à la fin. Dans celles-ci il emprunte même quelques paragraphes au savant de Cologne. C'est ainsi, par exemple, qu'on y retrouve déjà des vues et des expressions d'Albert, qui, quelques siècles plus tard, seront l'objet d'assez vifs débats entre les naturalistes qui s'occuperont de fixer la limite des propriétés vitales des végétaux'.

Dans quelques endroits de son ouvrage, Vincent de Beauvais, de l'assentiment des hommes les plus compétents, est peut-être plus correct, plus exact qu'Albert; c'est ce qui a lieu en particulier pour la partie ichthyologique. Il semble avoir eu pour celle-ci de meilleures versions de Pline que son illustre contemporain. On trouve qu'il a fait pour elle de nombreux emprunts à cet auteur et à Isidore de Séville. Albert a mentionné le hareng sous le nom d'alech; Vincent en parle également et ajoute une notion intéressante, c'est de nous apprendre que déjà de son temps on salait ce poisson pour l'envoyer au loin. Ce ne serait done pas un art aussi récent qu'on le suppose générale

ment.

1. Comp. De anima vegetabili. — De viribus vegetabilibus, cap. LXIV. 2. CUVIER ET VALENCIENNES.-Histoire des poissons. Paris, 1828,t. I, p.45.

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