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rapports à une classe de maladies se formulant aussi symptomatiquement par un strabisme plus ou moins accusé et de degrés variables, joint, dans la généralité des cas, à un symptôme plus éclatant : la diplopie. Ce sont les paralysies musculaires.

L'étude de ces paralysies et de leur symptôme principal, la diplopie, fait l'objet de notre troisième partie. Cette étude est le développement, au point de vue pathologique, de la première partie, et elle est empruntée comme elle au travail de Wells. Nous avons donné une place particulière, dans cette exposition, à la signification des doubles images et aux procédés de traitement palliatif à demander aux prismes déviateurs. Mais ce que le lecteur remarquera avec plus d'attention encore, c'est l'application thérapeutique faite par M. de Graëfe aux paralysies confirmées et stationnaires, ainsi qu'aux paralysies à marche régressive, de la ténotomie musculaire. L'illustre professeur de Berlin, dans ces deux cas, attaque la diplopie et le strabisme mobile qui l'accompagne, soit par la section de l'antagoniste du muscle paralysé, soit par le déplacement en avant de l'extrémité tendineuse du muscle paralysé et allongé, soit enfin par une combinaison des deux procédés.

C'est toute une innovation opératoire qu'il suffit de signaler pour appeler sur elle l'attention et l'intérêt des chirurgiens français (1).

Mai 1863.

GIRAUD-TEULON.

(1) Nous devons noter ici que la ténotomie du muscle antagoniste dans les paralysies est depuis longtemps pratiquée en France par un de nos ophthalmologistes les plus en renom, le docteur Guépin de Nantes. Nous devons à notre pays cette mention, la question de priorité réservée. Nous n'avons point d'éléments précis pour la trancher. (Voir le Traité des maladies de l'œil de Mackensie, trad. de Warlomont et Testelin).

ERRATUM.

Page 58, 3me alinéa, ligne 2, au lieu de légère diminution des muscles, lisez légère diminution de l'énergie des muscles.

LEÇONS

SUR LE

STRABISME ET LA DIPLOPIE

PREMIÈRE PARTIE

STATIQUE ET DYNAMIQUE DU GLOBE OCULAIRE

§ 1.

PREMIÈRE LEÇON

ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DES MOUVEMENTS DE L'ŒIL.

Le système musculaire, moteur du globe oculaire, est l'intermédiaire obligé et unique par lequel le centre des images rétiniennes est mis en rapport avec le sensorium ou le centre de figure de l'individu.

MESSIEURS,

Le sujet dont nous allons entreprendre l'étude, dans les leçons qui vont suivre, exige que je remette préalablement sous vos yeux le résumé des lois qui président à l'exercice de la vision associée ou binoculaire.

Les principales de ces lois peuvent se résumer dans les formules suivantes :

1° Il existe, dans le sensorium, une propriété première, innée, en vertu de laquelle sont fusionnées en une seule les. deux images, à peu près semblables, qui se peignent au fond de chaque œil, pourvu toutefois que la convergence des deux yeux

GIRAUD-TEULON.

1

soit dans un certain rapport avec le degré de l'accommodation de chacun d'eux;

2o La position dans l'espace du point de mire ou de l'attention est rapportée, par une seconde propriété sensorielle, à l'entre-croisement même des deux axes optiques ou polaires;

3° Un même rapport s'établit entre l'individu et chaque point de la perspective, par la notion du lieu de l'entre-croisement des axes secondaires qui répondent à ce point quelconque du . tableau.

La notion du relief est, on le sait, implicitement comprise dans la formule qui précède.

La régularité de la fonction associée ou complète, se fondera donc, en supposant chaque organe séparément à l'état normal, sur une parfaite synergie des axes polaires dans leur inclinaison respective, et sur un certain rapport de cette synergie avec le degré de la tension accommodatrice.

Mais la concordance ou congruence régulière des axes polaires est sous la dépendance première et exclusive des puissances motrices appliquées à l'organe.

Elles seules, ces puissances motrices, sont intermédiaires entre l'oeil et le cerveau ou sensorium. Si l'œil était enchâssé et immobile dans le crâne, chaque sollicitation lumineuse pourrait être appréciée, dans sa direction virtuelle ou réelle, par la notion du rapport constant de position du point rétinien sollicité avec le centre de figure de l'individu; mais l'œil n'est pas immobile, il dirige de lui-même ses axes visuels vers les différents points de la demi-sphère ouverte devant lui. Le rapport de position d'un point quelconque de la rétine, sollicité par un faisceau lumineux, avec l'axe de figure de l'individu, change à chaque instant; il faut donc qu'en chaque instant aussi, le sensorium puisse apprécier et connaître cette modification de position. Or, par quel organe ces modifications peuvent-elles lui être révélées, si ce n'est par celui même qui obéit à ses ordres et effectue lesdits changements de situation relative et absolue des axes? Nous savons d'ailleurs que l'innervation du système musculaire possède cette propriété d'avertir

le sensorium des mouvements qu'il détermine, de leur étendue, de leur arrêt; c'est cette propriété qui a reçu les noms de sens d'activité musculaire, de sens, de conscience musculaires. Par elle les positions diverses du levier sphérique représenté par le globe de l'œil, sont constamment accusées au sensorium, par elle, par conséquent, sont attribuées à leur véritable direction par rapport à l'individu, les sollicitations lumineuses perçues et jugées de façon absolue par la rétine.

Le système musculaire est donc, en somme, l'intermédiaire obligé de l'appréciation de la direction réelle des objets ou des divers points de l'espace par le sens de la vue. L'étude de la fonction se lie donc essentiellement à celle de l'équilibre du globe oculaire entre ces forces motrices, que nous devrons considérer en même temps comme révélatrices de la direction des images dans leurs rapports de situation avec l'observateur.

A ce double point de vue, la physiologie et la pathologie fonctionnelle de la vision binoculaire réclament done impérieusement que nous soyons fixés sur les conditions de l'équilibre de l'œil, en repos et en mouvement, ou de sa statique et de sa dynamique.

§ 2. Équilibre du globe, au point de vue de la conservation de sa forme, et de la constance de position de son centre de mouvement.

Le premier objet que nous puissions nous proposer dans cette étude, c'est évidemment l'exposition des conditions d'équilibre des forces appliquées au globe de l'œil, pendant le repos ou l'immobilité de l'organe. Nous passerons de là à l'analyse de ces conditions lorsque le globe est mis en mouvement. Permettez-moi donc, messieurs, de vous rappeler ici sommairement les conditions de la statique et de la dyna-mique du globe oculaire, telles que j'ai été conduit à les établir dans un travail antérieur (1).

Dans cette analyse, j'ai dû m'appuyer d'abord sur cette

(1) Physiologie et pathologie fonctionnelle de la vision binoculaire. Paris, 1861, chap. IV.

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