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qui le dispute presque aux organes de la génération pour la fréquence de l'altération carcinomateuse. A l'occasion du cancer de la langue, nous rencontrons de nouveau le cancroïde épidermique confondu avec le cancer, et nous constatons que ce cancroïde peut infecter les glandes voisines, et que la difficulté de tout enlever rend cette maladie infiniment grave; mais ce qui trace entre elle et le cancer une ligne de démarcation bien nette, c'est sa nature strictement locale. Nous décrivons ensuite le cancer du palais et de l'œsophage. Dans ce dernier aussi nous avons observé le cancroïde strictement localisé. En vertu de ce fait, se présente ici de nouveau une double question d'avenir thérapeutique : l'une est la possibilité de rattacher ces affections dans quelques cas au principe vénérien, et probablement aux accidents tertiaires; l'autre, de tenter derechef toutes les ressources de la chirurgie, et l'emploi des caustiques surtout, pour combattre ce mal. On agit avec bien plus d'assurance lorsqu'on a la perspective de ne combattre qu'un mal local, que lorsqu'on lutte contre un mal général et diathésique, dont la localisation n'est que la branche et non la racine.

Le cancer de l'estomac a fait le sujet d'une analyse aussi complète que possible, tant par rapport à l'anatomie que pour la pathologie. Nous espérons y avoir démontré que, si en médecine les caractères d'une valeur pathognomonique absolue nous manquent, leur valeur relative est cependant très grande, lorsqu'on a soin de ne point isoler les phénomènes, mais de les étudier dans toutes leurs connexions, leur coordination et leur succession. Nous avons longuement analysé, dans cette partie, les beaux travaux de l'école allemande sur l'ulcère simple de l'estomac. Bien que l'analyse des symptômes y laisse à désirer, nous y trouvons de nouveau la preuve que dans l'estomac, comme ailleurs, des maladies curables peuvent quelquefois simuler le cancer. Dernièrement nous avons guéri par l'iodure de potassium une jeune femme qui présentait un grand nombre de symptômes capables de faire présumer l'existence d'un cancer de l'estomac, et nous n'aurions certainement pas tenté un traitement énergique et varié pour finir par trouver un moyen curatif et efficace, si nous n'avions pas cru à la possibilité de l'existence d'un ulcère simple.

Nous donnons ensuite la description du cancer des intestins, à l'occasion duquel nous analysons avec détail tout ce qui a rapport à la colotomie, pour terminer ce chapitre par la description du cancer du foie, de la rate et du pancréas.

Nous arrivons ensuite au cancer et au cancroïde de la peau. C'est à l'occasion de celui-ci que nous exposons avec détail le résultat de toutes nos observations sur le cancroïde et ses diverses localisations qui, sous le rapport du pronostic, offrent des différences marquées. Ce chapitre contient trop de détails pour que nous puissions en donner un aperçu ici. Il nous suffira de faire remarquer que nous y invoquons le témoignage des plus grands chirurgiens du siècle passé et de celui-ci, pour prouver qu'on avait déjà pressenti la différence que nous établissons. Fort de la curabilité du cancroïde dans un grand nombre de cas, nous sommes naturellement amené à exposer son traitement avec beaucoup de détail.

A l'occasion du cancer sous-cutané, nous insistons sur l'existence des tumeurs fibro-plastiques fréquentes dans les membres et dans la cuisse surtout, tumeurs que nous avons vu fréquemment confondre avec le cancer. En parlant du cancer des glandes superficielles, nous décrivons celui de la glande thyroïde d'une manière plus détaillée que cela n'a été fait encore dans les traités sur le cancer.

Le système osseux a une propension à la localisation cancéreuse. Il n'est pas moins vrai qu'on a souvent confondu avec le cancer des os et désigné sous le nom vague d'ostéosarcome des tumeurs fibreuses, fibro-plastiques, cartilagineuses, etc. Séparer ces affections du cancer des os et suivre celui-ci dans les divers points du squelette, telle a été la tâche que nous avons dû remplir dans ce chapitre.

Les tumeurs des centres nerveux et de la boîte crânienne remplissent un des plus longs chapitres de cet ouvrage. Bien des questions d'anatomie, de physiologie et de pathologie s'y rattachent. Nous croyons y avoir démontré, en outre, que l'observation clinique est d'une extrême importance dans les questions les plus sérieuses de la physiologie du système nerveux, que l'on a cherché à résoudre trop exclusivement par la voie expérimentale.

Parmi les organes des sens, celui de la vision fait le sujet d'un chapitre spécial. Fondé sur l'analyse de 23 observations, il présente l'histoire assez complète du cancer de l'œil ; et parmi les points que je crois devoir faire ressortir, j'insiste sur la nature, la plupart du temps cancéreuse, de la mélanose de l'œil.

Les affections cancéreuses, enfin, des organes urinaires, respiratoires et circulatoires, terminent la partie spéciale de ce livre.

J'éprouve, en finissant, le besoin d'exprimer toute ma gratitude. aux médecins et aux chirurgiens des hôpitaux de Paris qui, depuis des années, ont eu la bonté de mettre à ma disposition de précieux

matériaux. Je dois des remercîments particuliers à MM. Velpeau et Louis. M. Velpeau a bien voulu me permettre d'examiner depuis dix ans bientôt toutes les tumeurs opérées dans sa division à l'hôpital de la Charité, et d'y recueillir les observations des malades. Souvent même il m'a fait parvenir des pièces fort remarquables provenant de sa pratique particulière. M. Louis a eu la rare obligeance de bien vouloir me confier un certain nombre d'observations sur le cancer, recueillies par lui-même. Celles-ci m'ont été utiles, surtout pour le cancer de l'utérus. Quant au cancer de l'estomac, je l'avais déjà complétement rédigé au moment où j'ai pu étudier les faits importants recueillis par M. Louis; cependant ces faits m'ont été bien précieux comme point de comparaison et comme contrôle de mes propres recherches.

Pénétré à la fois de la difficulté et de l'importance de bien exposer les recherches de science, je dois réclamer toute l'indulgence du public pour la forme de ce livre. Quant au fond, c'est au jugement impartial du présent et de l'avenir que je fais appel, résigné d'avance à m'y soumettre.

Paris, le 10 avril 1851.

H. LEBERT.

DES

MALADIES CANCEREUSES

ET DES AFFECTIONS CURABLES

CONFONDUES AVEC LE CANCER.

PREMIÈRE PARTIE.

HISTOIRE GÉNÉRALE DU CANCER.

CHAPITRE PREMIER.

DÉFINITION DU CANCER. CARACTÈRES PHYSIQUES, MICROSCOPIQUES ET CHIMIQUES DU CANCER.

SIer. Définition du cancer.

Le cancer est une maladie spéciale, différente de toutes les autres, se développant en vertu d'une prédisposition particulière. Le caractère fondamental du cancer, comme tissu, est de constituer une véritable substitution d'une matière nouvelle aux tissus normaux au milieu desquels il est déposé. Aussi le tissu cancéreux est-il différent, dans son aspect à l'œil nu et dans ses éléments microscopiques, de tous les autres tissus tant normaux que pathologiques. Cette substitution montre une tendance prononcée à la propagation, d'abord locale, en faisant disparaître de plus en plus les parties qui l'entourent, en atteignant ensuite, par irradiation, des parties voisines un peu plus éloignées, telles que des glandes lymphatiques, la peau, le tissu cellulaire sous-cutané ou sous-muqueux, etc., et en se propageant en dernier lieu à l'économie tout entière. Cette infection générale entraîne le dépérissement et produit en outre très fréquemment des dépôts cancéreux secondaires dans des parties éloignées du siége primitif de la maladie. Le cancer récidive à peu près constamment après les opérations, soit dans le voisinage du

point primitivement affecté, soit dans un ou plusieurs autres points plus éloignés. Il conduit enfin fatalement à la mort.

Nous allons ajouter à cette définition quelques remarques qui seront fort succinctes, tous les points indiqués ici devant recevoir dans le courant de ce travail des développements très circonstanciés et appuyés sur des preuves nombreuses.

Nous tenons avant tout à réunir l'ensemble de ses caractères pour définir le cancer; car chacun de ces caractères pris isolément, les éléments microscopiques exceptés, n'a aucune valeur pathognomonique, et encore verrons-nous plus tard qu'il y a des circonstances dans lesquelles les cellules cancéreuses n'offrent point leur aspect typique.

Nous disons que le cancer est une maladie spéciale. Toute sa marche clinique le démontre. Un dépôt cancéreux se forme localement; l'économie reste pendant longtemps dans de bonnes conditions; on enlève le mal complétement et largement dans les parties saines; mais, qu'on le fasse disparaître sur place ou qu'on n'y touche point, la prédisposition particulière en vertu de laquelle le mal s'est primitivement formé est toujours agissante. On peut être sûr qu'il y aura ou reproduction ou extension du mal local, et que la période terminale du dépérissement ou de l'infection, avec ou sans localisations secondaires, surviendra infailliblement. Quelle est la maladie qui offre de pareils caractères? L'histoire des autres produits accidentels nous montre une marche clinique bien différente, sans compter que pour toutes les autres tumeurs, à l'exception des tubercules, nous reconnaissons quelque élément normal de l'économie. Et si le cancroïde épidermique partage avec le cancer la tendance à l'extension locale, aux récidives sur place et même à l'infection des glandes lymphatiques voisines, il en diffère essentiellement par sa structure anatomique et microscopique, primitivement homoeomorphe, par l'absence de toute récidive éloignée du siége primitif et de ses irradiations lymphatiques, par l'absence enfin de tout dépôt cancéreux véritable, et même de tout dépôt épidermique dans des points éloignés du mal local: ainsi, le cancroïde est une maladie grave susceptible d'entraîner la mort, mais il est jusqu'au bout une maladie locale, tandis que le cancer est une maladie de l'économie tout entière ou le devient infailliblement au moins par son développement progressif. La différence entre le cancer et les maladies tuberculeuses est on ne peut plus grande. Nous savons aujourd'hui que les tubercules, s'ils

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