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de l'usage habituel d'un suspensoir, surtout tant que le malade se lève; de l'usage interne des toniques tels que le fer et le quinquina, à l'époque où le dépérissement fait des progrès rapides; en un mot, sans pouvoir atteindre le fond de la maladie, le praticien fera tous ses efforts pour rendre au malade l'existence aussi supportable que possible.

RÉSUMÉ.

1o Le cancer du testicule est ordinairement constitué par une tumeur ovoïde, allongée, à surface irrégulière. Du liquide se trouve par places ou dans toute la cavité de la tunique vaginale. Ces tumeurs sont pesantes et acquièrent de 10 à 15 centimètres de longueur sur 5 à 8 de largeur et d'épaisseur. Le tissu est d'abord lobuleux et grenu, plus tard homogène avec des intersections fibreuses d'une teinte jaune rosé ou grisâtre; il est infiltré de beaucoup de suc cancéreux, et renferme le plus souvent des îlots phymatoïdes, des traînées xanthiques et des épanchements sanguins sur lesquels on observe des transformations analogues à celles des caillots du cerveau. Du tissu cartilagineux se rencontre assez souvent dans les tumeurs du testicule. Le cancer y débute par une portion de la glande dont les canaux demeurent d'abord diffus et disparaissent ensuite.

2. Au microscope, on reconnaît des cellules cancéreuses bien caractérisées, avec prédominance quelquefois des noyaux et développement notable des nucléoles. Ce n'est que dans l'infection rapide et étendue que les cellules sont moins marquées. Le tissu phymatoïde renferme beaucoup d'éléments gras. Les éléments fibreux sont entremêlés de tissu fibro-plastique; la matière xanthique infiltre en jaune les noyaux et les cellules.

3° Sur 12 malades que nous avons pu suivre, nous avons observé l'infection cancéreuse 6 fois. Des tumeurs naissent le long du cordon, envahissent le bassin et ses glandes et finissent par constituer des masses volumineuses dans l'abdomen. Des dépôts secondaires peuvent avoir lieu dans les poumons, le foie, les reins, les os et les centres nerveux. Le fongus bénin, si bien décrit par M. Jarjavay, n'est autre chose que le développement fibro-plastique d'un tissu organisé, produit de l'inflammation chronique.

4o Le cancer n'occupe qu'un seul testicule. Dans les 4/5o de nos faits, c'était le droit; le début était ordinairement latent. Les

malades s'aperçoivent, en premier lieu, d'une tumeur du testicule suivie bientôt de pesanteur, de tiraillement du cordon, et plus tard d'élancements et de douleurs assez vives. Pendant la première année, le mal est peu douloureux, il le devient de plus en plus par la suite. Cette tumeur volumineuse est pesante et offre peu ou point de transparence. Il ne se produit guère d'ulcération à la surface; deux fois nous avons vu des abcès s'y former. Les signes de l'infection générale deviennent plus tard très manifestes; à une période avancée de la maladie, des tumeurs abdominales et inguinales, ainsi que des douleurs très vives qui peuvent s'irradier au loin, caractérisent la troisième période.

5o La durée de chaque période peut varier de 6 mois à 1 an. La durée moyenne totale est de 3 à 4 ans. Cependant nous avons vu survenir la mort au bout de 9 mois, ainsi qu'au bout de 10 ans seulement. En moyenne, les malades se présentent pour se faire opérer dans le courant de la seconde année. La réaction a le plus souvent lieu avant une année révolue après la première opération; l'âge de la plus grande fréquence est de 30 à 40 ans. L'âge moyen de 35 ans et 2/17es. Nous avons constaté l'hérédité cancéreuse dans 1/7e des cas. L'action des violences externes nous a paru dou

teuse.

6o Le pronostic est toujours mauvais, d'autant plus grave que l'individu est plus jeune. Il l'est un peu moins lorsque la marche est lente, les souffrances peu vives et les signes de l'infection générale lents à survenir. Le traitement, par conséquent, même par l'opération, ne peut être que palliatif. Dans les cas douteux, il faut tenter, avant tout, un traitement antisyphilitique.

7° L'opération est surtout indiquée lorsque la maladie est douloureuse et promptement progressive et qu'il y a encore intégrité du cordon et absence de tumeurs intra-abdominales. Tant que la marche est lente et l'affection peu douloureuse, il vaut mieux ne pas opérer. La rétraction intra-abdominale du cordon après sa section est une crainte chimérique. Le traitement palliatif médical est le même à peu près pour le cancer du testicule que pour toutes les affections cancéreuses externes en général.

CHAPITRE II.

CANCER DES ORGANES DE LA DIGESTION.

Nous commençons ce chapitre par la description des affections carcinomateuses de la partie supérieure du tube digestif. Nous ne parlerons cependant pas encore ici du cancer des lèvres, vu qu'il débute ordinairement par leur surface externe et cutanée, et que, par conséquent, il nous paraît plus convenable de le décrire à l'occasion du cancer et du cancroïde de la peau. Une autre affection sur laquelle nous reviendrons également dans une autre partie de cet ouvrage, est le cancer des gencives, affection rare, qui consiste ordinairement plutôt dans un cancer des os sous-jacents, ou qui est formée par la tumeur connue sous le nom d'épulis fongueux, produit accidentel composé essentiellement de tissu fibro-plastique et non cancéreux. Nous reviendrons sur cette affection en parlant du cancer des os maxillaires.

Nous diviserons ce chapitre en cinq sections. Dans la première, nous parlerons du cancer du palais, des amygdales et du pharynx. Dans la seconde, nous nous occuperons du cancer de la langue. Dans la troisième, nous étudierons le cancer de l'œsophage. Dans la quatrième, nous décrirons le cancer de l'estomac. La cinquième, enfin, traitera du cancer des intestins.

SECTION PREMIÈRE.

CANCER DU PALAIS, DES AMYGDALES ET DU PHARYNX.

§ Ir. Anatomie pathologique,

Le cancer du palais prend quelquefois son origine dans sa partie osseuse. Il sera question de cette forme à l'occasion du cancer des os. Le plus fréquemment, il se développe dans les parties molles, dans le tissu sous-muqueux, ou dans l'épaisseur même du voile du palais, dans les diverses couches de ses éléments anatomiques. En général, on n'est appelé à examiner cette maladie qu'à une période déjà trop avancée, pour pouvoir toujours préciser d'une manière bien exacte son point de départ.

Nous distinguons surtout deux formes dont la plus fréquente, celle d'une tumeur diffuse, montre des limites peu nettes. Parfois la base est plus circonscrite, mais on ne la trouve guère assez étroite pour pouvoir considérer cette tumeur comme pédiculée, caractère plus spé cialement propre aux polypes. La seconde forme, plus rare, est celle du cancer enkysté que nous avons eu occasion de rencontrer deux fois. La tumeur alors développée dans le tissu sous-muqueux fait saillie au-dessus du voile du palais et montre même une certaine mobilité. Le volume est variable; nous avons vu le cancer enkysté atteindre celui d'un œuf de pigeon. Le cancer diffus tend ordinairement à être volumineux, occupant peu à peu la partie postérieure de la bouche, dans toute son étendue, et envahissant les parties situées au-dessus de l'ouverture supérieure des organes respiratoires et digestifs. De là proviennent même ses principaux symptômes fâcheux. La surface de ce cancer montre, lorsqu'elle est intacte, une teinte rouge foncée allant jusqu'au violet. Lorsque le cancer est ulcéré, ce qui n'est pas le cas le plus fréquent, l'ulcère présente des végétations fongueuses, molles, rougeâtres, saignant facilement. On observe quelquefois dans le carcinome du palais une altération assez curieuse des rapports de position du voile du palais. La production acciden telle, après avoir poussé celui-ci d'abord vers la base de la langue, le fait ensuite saillir en avant et le pousse peu à peu tellement dans cette direction qu'il finit par former un angle aigu avec les parties osseuses du palais dans un cas très remarquable observé par M. Durand-Fardel, des adhérences avaient commencé à s'établir entre la muqueuse du voile et celle de la voûte palatine. La consistance de ces carcinomes est généralement plutôt molle; il est cependant bon de noter qu'elle est plus élastique et plus ferme sur le vivant, qu'après l'extirpation ou à l'autopsie, ce qui provient de ce que la tumeur renferme, pendant la vie, une quantité plus grande de sang; parfois ce tissu cancéreux, mou et élastique, renferme des portions plus dures et plus consistantes, mais nous y rencontrons généralement plutôt la forme encéphaloïde que la forme squirrheuse. Lorsqu'on examine cette substance sur une coupe fraîche, on y trouve une teinte d'un jaune mat, une vascularité très peu notable, et tantôt une charpente fibreuse très apparente, remplie d'une substance molle, tantôt une substance d'une mollesse uniforme, sans fibres distinctes à l'œil nu. Une légère compression fait toujours sortir aisément une quantité abondante de suc cancéreux blanchâtre, trouble et lactescent, dans lequel le microscope fait reconnaître de nom

breux globules cancéreux, ronds ou allongés, ayant de 0,015 à 0mm,02, et renfermant un noyau de 0mm,01 à 0mm,015. Les noyaux atteignent surtout ce dernier diamètre lorsqu'ils ne sont pas entourés d'enveloppes; parfois celles-ci les entourent si étroitement, qu'il faut le secours de forts grossissements pour en reconnaître l'existence. Les noyaux renferment toujours des nucléoles volumineux de 0mm,0025 à 0,0033, ternes et opaques dans leur intérieur. Dans un cas, nous avons rencontré des noyaux offrant seulement en moyenne 0mm,0075. On trouve, en outre, dans ce tissu, des fibres cellulaires, des éléments graisseux, de la cholestérine, etc. Ce cancer peut parfois s'étendre aux piliers et même aux amygdales; d'autres fois il fait disparaître ces parties par compression. Parfois les glandes lymphatiques du cou, de la région sous-maxillaire ou des autres régions du cou, se tuméfient et deviennent cancéreuses. L'infection générale de l'économie, avec dépôt de matière cancéreuse dans d'autres organes, n'a ordinairement pas lieu dans le cancer du palais, ce qui ne peut s'expliquer que par la terminaison funeste avant que l'infection générale puisse s'opérer. Parmi les lésions concomitantes non cancéreuses, on a signalé la pneumonie, qui, ainsi que la pleurésie, termine souvent les maladies chroniques les plus diverses. Dans le cas de M. Durand-Fardel, cité plus haut, une tumeur ossiforme volumineuse a été trouvée dans la substance du cœur.

Le cancer des amygdales est une affection rare. Il est tantôt primitif, tantôt secondaire. Ce dernier point n'est pas toujours aisé à décider, et les observations que nous avons consultées à ce sujet ne renfermaient pas de détails suffisants sur la succession dans le développement des diverses tumeurs cancéreuses trouvées à l'autopsie. Le cancer peut occuper une amygdale ou les deux à la fois; on le rencontre ordinairement sous forme de tumeur développée dans l'épaisseur de ces glandes, et, à une période plus avancée, il se présente sous l'aspect d'un ulcère étendu qui offre tous les caractères de l'ulcère carcinomateux. Nous avons observé cette forme chez une femme très âgée qui a succombé dans l'espace de quelques mois à cette maladie, sans présenter à l'autopsie de localisation de cancer dans d'autres organes. Les glandes du cou se tuméfient aussi dans cette affection et deviennent le siége de dépôts cancéreux. Des tumeurs cancéreuses peuvent, en outre, se développer dans le voisinage du dépôt primitif, ce dont Lobstein cite un exemple curieux.

Le cancer du pharynx est une maladie d'autant plus mal connue,

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