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des narcotiques et même des émissions sanguines, surtout lorsque la maladie est déjà un peu avancée. Dans un cas pareil où nous avons pratiqué la saignée pour soulager le malade de ces angoisses d'asphyxie et de suffocation, il a succombé quelques heures après. Les secours de la chirurgie sont bien incomplets encore, car on sait de quel danger est entourée l'extirpation de la glande thyroïde. Cependant le mal est si grave et si promptement mortel, que si la tumeur est dure, circonscrite et n'offre pas les caractères d'une trop forte vascularité, l'extirpation doit être tentée; car si le malade en meurt, on n'abrége pas de beaucoup son existence, et s'il guérit on la prolonge à coup sûr. Quoique, en pareille circonstance, nous ne puissions pas empêcher la récidive en général, celle-ci serait cependant beaucoup moins grave ailleurs que dans cette région du larynx et de la trachée, et la rareté de la participation des glandes lymphatiques du cou au cancer du corps thyroïde peut faire espérer que la récidive n'aura pas lieu sur place.

RÉSUMÉ.

1o Les réseaux lymphatiques contiennent souvent de la matière cancéreuse, mais toujours d'une manière secondaire. On les rencontre dans cet état surtout à la surface du poumon, du mésentère, plus rarement à la surface du foie. Ces réseaux, d'apparence cancéreuse, ne sont quelquefois remplis que de lymphe stagnante, par suite de l'obstruction des glandes auxquelles ils aboutissent.

20 Nous avons observé 12 fois le cancer primitif des glandes, 5 fois au cou, 4 fois à l'aine, 1 fois à l'aisselle, 1 fois dans les glandes mésentériques, et 1 fois dans les glandes mésentériques et bronchiques. Un certain nombre de glandes sont ordinairement malades à la fois; mais tantôt isolées et disséminées, tantôt agglomérées par paquets.

3o Ou squirrheuses, ou encéphaloïdes, ces glandes offrent quelquefois d'une manière prononcée l'infiltration phymatoïde; 1 fois seulement nous les avons vues complétement infiltrées de méla

nose.

4o La structure des glandes cancéreuses montre un stroma fibreux, mêlé de fibres élastiques avec une substance plus molle et pulpeuse qui renferme beaucoup de suc cancéreux, dans lequel les cellules sont ordinairement très développées. Nous y avons rencontré quelquefois des cellules mères très développées, remplies d'élé

ments cellulaires assez bizarres, noyaux, cellules complètes, etc.; nous y avons vu 1 fois des cellules concentriques, 1 autre fois des cellules à parois lamelleuses par diffusion; enfin, l'infiltration granuleuse et graisseuse des cellules, qui constitue l'aspect phymatoïde.

5o La maladie augmente tantôt par infection multiple des glandes lymphatiques superficielles, tantôt par un travail ulcéreux du paquet primitivement atteint. Sur 4 autopsies, nous avons observé 3 fois une infection générale; le dépérissement et le marasme complets précèdent la terminaison fatale qui, lorsque le mal a son siége au cou, est hâtée par la compression de la partie supérieure des voies respiratoires.

6o La durée moyenne de la maladie est de 2 ans; elle paraît d'une égale fréquence pour les deux sexes: 6 hommes et 6 femmes. Elle se rencontre surtout pendant l'âge du déclin; l'âge moyen est de 50 ans et 5/11".

70 Nous avons observé 3 fois le cancer de la glande parotide, les 3 fois chez des femmes ; l'une avait 33, l'autre 60 ans ; chez la troisième, l'âge n'a point été noté. Parmi les symptômes qui peuvent caractériser cette affection, nous signalons comme effet de la compression la diminution de l'audition et de la motilité de la face. Par suite de ses progrès, le cancer de la parotide peut s'étendre au maxillaire inférieur dont l'extirpation devient alors indispensable.

8. Nous avons observé le cancer de la glande thyroïde 7 fois. Il occupe plus souvent un côté de la glande que sa totalité. Le squirrhe y est très dur et moins volumineux que l'encéphaloïde. Le tissu cancéreux par lui-même n'y offre rien de remarquable. Les altérations les plus graves de cette affection sont celles produites sur les parties ambiantes. De ce nombre sont la carie du cartilage thyroïde, la perforation de la trachée et de l'œsophage, ainsi que celle de la carotide; enfin, la compression des nerfs récurrents.

9° Nous avons observé 1 fois ce cancer à l'état secondaire, 1 autre fois nous avons constaté une infection multiple de toute l'économie. Si dans les autres autopsies cette infection a paru manquer, c'est que le mal a été trop promptement mortel avant qu'elle ait pu avoir lieu.

10° Le squirrhe y donne lieu à des symptômes plus graves, parce que la compression est plus forte et produit quelquefois une déviation du larynx et de la trachée. L'encéphaloïde donne lieu quelquefois à une sensation de fausse fluctuation et à des battements artériels étendus qui pourraient induire en erreur par rapport au diagnostic.

11o Les douleurs sont généralement peu vives dans la tumeur, mais on les observe dans le larynx et les muscles du cou. Parmi les symptômes presque constants, il faut compter une toux fréquente accompagnée d'une expectoration muco-purulente et teinte de sang ; de plus, une altération marquée de la voix allant jusqu'à l'aphonie; la dyspnée avec des accès de suffocation, quelquefois un sifflement comme croupal, une gêne de la déglutition allant jusqu'à la dysphagie. La mort survient avec les symptômes de l'asphyxie avant que le dépérissement soit arrivé à ses dernières limites.

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12° La marche de la maladie est généralement très rapide; la durée moyenne a été de 6 mois 1/2. Rien de particulier par rapport au sexe sur 7 cas, 3 hommes et 4 femmes. Le mal paraît assez propre à la vieillesse. L'âge moyen de nos observations a été de 57 ans et 1/3.

13° Le pronostic est des plus fâcheux. En fait de diagnostic, il faut être prévenu de ne pas confondre avec le cancer du corps thyroïde une inflammation subaiguë de son parenchyme, qui ordinairement aussi conduit à la mort par compression et par asphyxie lente.

14° Le traitement de ce cancer ne peut généralement être que palliatif. Il serait cependant à souhaiter que l'extirpation pût lui être plus souvent appliquée, car c'est un des cancers qui tuent bien plus promptement comme mal local que comme affection générale; et en l'enlevant en totalité, on a les seules chances possibles, dans l'état actuel de la science, de prolonger la vie du malade.

CHAPITRE VI.

CANCER DU SYSTÈME OSSEUX.

Nous avons démontré combien l'infection cancéreuse secondaire du système osseux était fréquente, et c'est surtout à l'occasion du cancer du sein que nous avons insisté sur cette infection souvent même multiple des os. Cependant on serait dans l'erreur si l'on croyait que le cancer des os est le plus souvent secondaire, car nous avons pu réunir pour notre compte 35 observations dans lesquelles, sans nul doute, le point de départ, le dépôt primitif de la matière cancéreuse, a eu lieu dans le squelette, et nous verrons tout à l'heure que le cancer offre même des variations assez grandes et très importantes à connaître sous le rapport pathologique, dans son apparition locale, dans son mode d'extension et dans sa généralisation.

§ Ir. Anatomie pathologique.

Quoique cette affection puisse atteindre tous les os du squelette, lorsqu'elle est secondaire, elle a des limites plus circonscrites quand elle est primitive. A la tête ce sont surtout les os maxillaires supérieurs et inférieurs, et la boîte crânienne, qui sont les points de départ les plus fréquents de ce mal. Au tronc, c'est le bassin, et avant tout l'os des iles qui a le privilége de cette plus grande fréquence; viennent ensuite les vertèbres. Quant au sternum, aux côtes et aux clavicules, nous les avons plutôt trouvés secondairement cancéreux, soit que le point de départ primitif ait été sur un autre point du squelette, soit dans les parties molles. Le cancer des os des membres se rencontre plus fréquemment aux membres inférieurs qu'aux membres thoraciques. Ce sont le fémur et le tibia qui se prennent plus fréquemment le fémur, dans son milieu ou dans ses extrémités articulaires supérieure ou inférieure; le tibia, plus souvent dans la tête. Parmi les divers points des membres supérieurs, c'est la tête de l'humérus qui est de préférence atteinte. Voici la répartition. de la fréquence relative du cancer primitif des os, d'après nos

35 observations:

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Les points de départ histologiques du cancer des os sont rigoureusement déterminés par la distribution vasculaire dans ces parties, fait qui est pleinement confirmé par l'observation : c'est ainsi que les deux points de départ essentiels sont la surface périostale, si riche en vaisseaux, et la surface interne des os dans le point où les vaisseaux touchent le coussinet adipeux, désigné sous le nom de moelle, ou dans le diploé lorsqu'il s'agit des os du crâne. Comme il y a aussi une distribution vasculaire autour des canaux de la substance corticale des os, à la rigueur cette portion intermédiaire entre la surface et l'intérieur pourrait aussi devenir le siége primitif du dépôt cancéreux, mais ordinairement on ne peut examiner ces altérations que lorsqu'elles ont déjà atteint un certain degré de développement et d'extension. Cela fait qu'on ne constate guère l'origine du cancer dans la substance compacte elle-même, et il est de fait qu'on n'observe guère d'autres formes que le cancer de la superficie périostale de l'os et celui de son intérieur. Nous évitons à dessein de nous servir de l'expression de cancer de la membrane médullaire, l'existence de cette membrane étant mise en doute par des travaux récents. Les parties profondes et l'intérieur de l'os nous ont paru en être bien plus fréquemment le point de départ que la portion périostale; il en a été ainsi dans plus des deux tiers des cas, surtout depuis que nous avons séparé du cancer des os les tumeurs fibroplastiques du périoste que l'on avait confondues avec le cancer sous la dénomination vague et insignifiante d'ostéosarcome.

Lorsque le carcinome naît de la partie superficielle, il provoque autour de lui, et souvent à travers toute sa substance, un dépôt osseux assez abondant; et si l'on voit la superficie de l'os creusée par une tumeur cancéreuse, il n'est pas rare d'en trouver la cause principale dans une simple compression de l'os, tardivement atteint par l'extension d'une tumeur primitivement née dans les par

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