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A MESSIEURS

ANDRAL, CRUVEILHIER, LOUIS, RAYER,

VELPEAU, RICORD,

A PARIS;

A MONSIEUR J. MULLER,

PROFESSEUR D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

A L'UNIVERSITÉ DE BERLIN,

Hommage de profonde et de respectueuse estime.

II. LEBERT.

INTRODUCTION.

Une maladie aussi meurtrière et pourtant aussi commune que le cancer devait attirer l'attention des médecins dès la fondation scientifique de l'art de guérir. En effet, les ouvrages les plus anciens nous font clairement apercevoir que les maladies cancéreuses étaient non seulement connues dès les temps les plus reculés, mais qu'on en avait même déjà compris alors toute la gravité.

Toutefois en jetant un coup d'œil sur les doctrines qui ont régné à diverses époques sur le cancer, on est frappé de voir, sauf quelques travaux récents, combien peu ce sujet a suscité de recherches exactes et fondées sur une observation rigoureuse.

Aussi malgré le grand nombre de travaux publiés sur le cancer, il ne nous a point paru tout à fait inutile d'en faire une nouvelle monographie. Nous avons été encouragé dans cette voie par l'examen même du développement de nos connaissances sur ces affections. La science, en effet, loin d'avoir dit le dernier mot sur ce fléau de l'humanité, n'est malheureusement pas, à beaucoup près, aussi avancée qu'on pourrait le désirer dans le double intérêt de la spéculation et de la pratique.

On peut diviser en quatre périodes les phases d'évolution des opinions et des doctrines sur le cancer. La première est celle de l'antiquité, celle des remarques pratiques, de l'expérience clinique primordiale sans observation rigoureuse.

La seconde période est celle du XVIIIe siècle, de l'ancienne Académie de chirurgie, dans laquelle la science et la pratique étaient cultivées avec un zèle égal, mais avec les ressources incomplètes des notions médico-chirurgicales de ce temps.

La troisième période est celle de l'école anatomique, du commencement de ce siècle, dans laquelle la localisation des maladies et l'étude des altérations morbides des organes ont pris un développe

ment aussi grand qu'elles pouvaient l'acquérir sans le secours des sciences physiques et avec le concours fort imparfait de la physiologie.

La quatrième période, que l'on pourrait désigner sous le nom de période anatomo-microscopique, a été fondée par M. J. Müller, l'illustre professeur de physiologie à Berlin. Appliquant une nouvelle méthode à l'étude des produits morbides, il a laissé à ses successeurs la double tâche d'étendre cette application sur une plus vaste échelle, et d'en confronter les résultats avec ceux de l'observation clinique.

Cependant, malgré le progrès incontestable réalisé par cette école, l'étude du cancer doit encore entrer dans une nouvelle phase : c'est celle à laquelle nous avons consacré tous nos efforts et dont nous exposerons tout à l'heure le programme.

Nous allons passer rapidement en revue ces diverses périodes pour arriver à l'analyse du but et du contenu de cet ouvrage.

La première période comprend donc les opinions des auteurs de l'antiquité.

Hippocrate (1) s'exprime sur le cancer de façon à ne laisser aucun doute il comprenait sa double tendance aux récidives, et à l'infection de l'économie tout entière pour se terminer par la mort.

Il vaut mieux, dit-il, ne pas traiter ceux qui ont des cancers occultes (xapxivo punto). Les malades meurent bientôt, s'ils sont traités; s'ils ne le sont pas, ils vivent plus longtemps. "

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Galien (2), dans ses Commentaires des aphorismes d'Hippocrate, donne, d'une manière conforme à ses doctrines humorales, sa théorie sur la cause immédiate du cancer, qu'il attribue à la bile noire : Cancer ab atra bile. » (Comment. I, ad sect. 1, aph. 2.) Dans son commentaire du 38e aphorisme de la vi section, il donne sa définition du cancer occulte, qui correspond au cancer non ulcéré, ou au cancer à siége profond et caché. En passant en revue le traitement, il approuve les soins palliatifs par les pansements et la propreté ; il n'admet l'opération que pour les cancers superficiels dans lesquels on peut exciser jusqu'aux racines du mal. Dans tous les autres cas, il rejette l'opération tant par le bistouri que par les caustiques.

(4) OEuvres complètes, trad. par Littré. Paris, 1844, t. IV, Aphorismes, sect. vi, aphor. 38, p. 573.

(2) Galeni in aphorismos Hippocratis commentarii septem. Lugduni, 1554, p. 22 et 519-22.

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