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Les torrens bondissans précipitent leur onde,

Et des mers en courroux (58) le noir abîme gronde :
Dans cette nuit affreuse, environné d'éclairs,

Le roi des dieux s'assied sur le trône des airs :
La terre tremble au loin sous son maître qui tonne:
Les animaux ont fui (59); l'homme éperdu frissonnes
L'univers ébranlé (60) s'épouvante.... le Dieu,
D'un bras étincelant dardant un trait de feu,
De ces monts si souvent mutilés par la foudre,
De Rhodope ou d'Athos met les rochers en poudre,
Et leur sommet brisé vole en éclats fumans:
Le vent croît, l'air frémit d'horribles sifflemens;
En torrens redoublés les vastes cieux se fondent;
La rive au loin gémit, et les bois lui répondent.

Pour prévenir ces maux, lis aux voûtes des cieux; Suis dans son cours errant le messager des dieux; Observe si Saturne (61) est d'un heureux présage: Surtout aux dieux des champs présente un pur hommage. Quand l'ombrage (62) au printemps invite au doux sommeil,' Lorsque l'air est plus doux, l'horizon plus vermeil, Les vins plus délicats, les victimes plus belles, Offre des vœux nouveaux pour des moissons nouvelles ; Choisis pour temple un bois, un gazon pour autel, Pour offrande du vin (63), et du lait, et du miel; Trois fois autour des blés on conduit la victime, Et trois fois, enivré d'une joie unanime, Un chœur nombreux la suit en invoquant Cérès : Même, avant que le fer (64) dépouille les guérets, Tous entonnent un hymne; et couronné de chêne Chacun d'un pied pesant frappe gaîment la plaine.

Si ce culte pieux n'obtient pas de beaux jours, La lune de l'orage annonce au moins le cours ; Et le berger connaît par d'assurés présages

Ba

Quo signo caderent Austri; quid sæpè videntes
Agricolæ propiùs stabulis armenta tenerent.
Continuò, ventis surgentibus, aut freta ponti
Incipiunt agitata tumescere, et aridus altis
Montibus audiri fragor; aut resonantia longè
Littora misceri, et nemorum increbrescere murmur.
Jam sibi tùm curvis malè temperat unda carinis
Cùm medio celeres revolant ex æquore mergi,
Clamoremque ferunt ad littora ; cùmque marinæ
In sicco ludunt fulicæ; notasque paludes
Deserit, atque altam supra volat ardea nubem.

Sæpè etiam stellas, vento impendente, videbis Præcipites cœlo labi, noctisque per umbram Flaminarum longos a tergo albescere tractus; Sæpè levem paleam et frondes volitare caducas, Aut summâ nantes in aquâ colludere plumas. At Boreæ de parte trucis cùm fulminat, et cùm Eurique Zephirique tonat domus; omnia plenis Rura natant fossis, atque omnis navita ponto Humida vela legit. Nunquàm imprudentibus imber Obfuit aut illum surgentem vallibus imis Aëriæ fugêre grues; aut bucula cœlum Suspiciens patulis captavit naribus auras; Aut arguta lacus circumvolitavit hirundo; Et veterem in limo ranæ cecinêre querelam. Sæpiùs et tectis penetralibus extulit ova Angustum formica terens iter; et bibit ingens Arcus; et è pastu decedens agmine magno Corvorum increpuit densis exercitus alis.

Quand il doit éviter les lointains pâturages.
Au premier sifflement des vents tumultueux,
Tantôt au haut des monts, d'un bruit impétueux
On entend les éclats; tantôt les mers profondes
Soulèvent en grondant, et balancent les ondes;
Tantôt court sur la plage un long mugissement,
Et les noires forêts murmurent sourdement.

Que je plains les nochers, lorsqu'aux prochains rivages
Les plongeons effrayés, avec des cris sauvages,
Volent du sein de l'onde, ou quand l'oiseau des mers
Parcourt en se jouant les rivages déserts,

Ou lorsque le héron, les aîles étendues,

De ses marais s'élance et se perd dans les nues!

Quelquefois, de l'orage avant-coureur brûlant,

Des cieux se précipite un astre étincelant,

Et dans le sein des nuits, qu'il rend encor plus sombres,
Traîne de longs éclairs qui sillonnent les ombres :
Tantêt on voit dans l'air des feuilles voltiger,
Et la plume en tournant sur les ondes nager.
Si l'éclair brille au nord, de l'Eure et de Zéphyre
Si la foudre en éclat ébranle au loin l'empire,
Alors, ô laboureur! crains les torrens des cieux;
Nochers, ployez la voile, et redoublez vos vœux.
Que dis-je? Tout prédit l'approche des orages;
Nul sans être averti n'éprouva leurs ravages :
Déjà l'arc éclatant qu'Iris (65) trace dans l'air
Boit les feux du soleil et les eaux de la mer;
La grue, avec effroi s'élançant des vallées,
Fuit ces noires vapeurs de la terre exhalées;
Le taureau hume l'air par ses larges naseaux;
La grenouille se plaint au fond de ses roseaux;
L'hirondelle en volant effleure le rivage;
Tremblante pour ses œufs, la fourmi déménage;
Et des affreux corbeaux les noires légions

Jam varias pelagi volucres, et quæ Asia circum Dulcibus in staguis rimantur prata Caystri, Certatim largos humeris infundere rores,

Nunc caput objectare fretis, nunc currere in undas, Et studio incassùm videas gestire lavandi.

Tùm cornix plenâ pluviam vocat improba voce, Et sola in siccâ secum spatiatur arenâ. Nec nocturna quidem carpentes pensa puellæ Nescivêre hiemem: testâ cùm ardente viderent Scintillare oleum et putres concrescere fungos.

Nec minus ex imbri soles et aperta serena
Prospicere, et certis poteris cognoscere signis:
Nam neque tùm stellis acies obtusa videtur;
Nec fratris radiis obnoxia surgere luna;
Tenuia nec lanæ per cœlum vellera ferri;
Non tepidum ad solem pennas in littore pandunt
Dilecta Thetidi alcyones; non ore solutos
Immundi meminêre sues jactare maniplos,

At nebulæ magis ima petunt, campoque recumbunt;
Solis et occasum servans de culmine summo
Nequidquam seros exercet noctua cantus.

Apparet liquido sublimis in aëre Nisus,
Et pro purpureo poenas dat Scylla capillo;
Quâcumque illa levem fugiens secat æthera pennis,

Fendent l'air qui frémit sous leurs longs bataillons.

Vois les oiseaux des mers, et ceux que les prairies Nourrissent près des eaux sur des rives fleuries; De leur séjour humide on les voit s'approcher, Offrir leur tête aux flots qui battent le rocher, Promener sur les eaux leur troupe vagabonde, Se plonger dans leur sein, reparaître sur l'onde, S'y replonger encore, et par cent jeux divers Annoncer les torrens suspendus dans les airs.

Seule, errante à pas lents sur l'aride rivage, La corneille enrouée appelle aussi l'orage. Le soir la jeune fille, en tournant son fuseau, Tire encore de sa lampe un présage nouveau, Lorsque la mèche en feu, dont la clarté s'émousse, Se couvre en petillant de noirs flocons de mousse.

Mais la sérénité reparaît à son tour:

Des signes non moins sûrs t'annoncent son retour;
Des astres plus brillans ont peuplé l'hémisphère ;
La lune sur son char le dispute à son frère :
On ne voit plus dans l'air des nuages errans
Flotter comme la laine éparse au gré des vents;
Ni l'oiseau de Téthys (66) sur l'humide rivage
Aux rayons du soleil étaler son plumage;
Ni ces vils animaux dans la fange engraissés
Délier des épis les faisceaux dispersés.

Enfin l'air s'éclaircit; du sommet des montagnes
Le brouillard affaissé desceud dans les campagnes ;
Et le triste hibou le soir au haut des toits
En longs gémissemens ne traîne plus sa voix.

Tantôt l'affreux Nisus (67), avide de vengeance, Sur sa fille à grand bruit du haut des cieux s'élance; Scylla vole et fend l'air; Nisus vole et la suit;

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