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ÉLÉMENTS DE PERSPECTIVE A VUE

(Leçon faite dans la session normale de 1888 devant les candidats au professorat du dessin dans les écoles normales primaires 1.)

MESSIEURS,

Nous allons consacrer les quelques instants dont nous pouvons disposer à l'étude d'une série de modèles, que vous connaissez, sans doute, mais dont le véritable emploi est encore assez généralement ignoré.

Auparavant, il est bon de jeter un coup d'œil rapide sur les exercices placés si judicieusement en tête des programmes. Ces exercices constituent la meilleure et l'indispensable préparation au dessin des objets vus dans l'espace, ou modèles à trois dimensions.

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Au début du programme nous lisons : « Tracé et division de lignes droites en parties égales ». Ces lignes seront, bien entendu, des verticales et des horizontales. Le maître veillera avec soin à ce qu'elles ne penchent ni à droite ni à gauche. Il importe, en effet, de développer dès l'abord, chez l'enfant, le sens très net de ces deux directions maîtresses, la perception précise des inclinaisons étant essentiellement subordonnée à celle de l'horizontale et de la verticale.

Fig. 1.

Pour l'évaluation des rapports des lignes droites. entre elles, nous procéderons d'abord par la

division quelconque d'une ligne droite (fig. 1); puis, par le rapport

Fig. 2.

de deux lignes se coupant à angle droit (fig. 2).

Au moyen d'un mètre divisé, en bois, il sera facile au maître de connaître le rapport existant entre les lignes de son tracé au tableau.

1. « C'est le dessin à vue, le dessin d'après nature, celui qui s'inspire de la perception nette des choses, qu'ont spécialement recommandé les auteurs du programme. C'est là, en effet, l'art du dessin tel qu'il convient de l'enseigner dans les écoles primiares, et les professeurs chargés de cet enseignement devront se préoc

cuper, avant tout, de lui imprimer cette direction nouvelle, ce caractère d'utilité pratique. » (Instructions ministérielles du 3 août 1881.)

Il va de soi que ces exercices seront gradués en voici des exemples (fig. 3).

Fig. 3.

La plus grande dimension sera donnée en centimètres à l'élève. Il achèvera son tracé par simple appréciation; puis il en vérifiera l'exactitude en procédant de la manière suivante:

Le crayon tenu à bras tendu, perpendiculairement au rayon visuel, sert de mire et est projeté successivement sur

les lignes à comparer.

On opère d'abord sur la ligne la plus courte; l'extrémité du crayon sur le point C (fig. 4) et l'ongle du pouce servant de curseur pour marquer le point D. La mesure ainsi prise est reportée sur la verticale, de manière à déterminer le rapport des deux lignes.

Il est de première importance que cette opération soit faite avec exactitude. L'élève voit avec l'œil droit seulement. La position du corps ainsi que la distance de la main à l'œil resteront fixes; un simple mouvement de rotation du poignet ramènera le crayon sur la verticale.

B

A

Le temps réservé à l'étude du dessin dans l'école primaire est extrêmement restreint. Il est donc indispensable d'arriver très promptement à donner aux élèves l'habitude de voir juste. Pour obtenir ce résultat nécessaire, les procédés d'appréciation et de vérification qui viennent d'être décrits seront du plus grand secours; ils sont utiles aux commençants; ils sont même pratiqués par les artistes dont l'œil est le plus exercé.

Fig. 4.

Pour le tracé des lignes inclinées et l'évaluation des angles, l'élève, après avoir tracé l'horizontale a b (fig. 5), dimension donnée en centi

Fig. 5

b

mètres, cherchera le rapport de la hauteur a c à l'horizontale a b; ou, suivant le cas, le rapport de a c (fig. 6) à la verticale a b.

Les mêmes exercices

seront répétés sans qu'il soit pris aucune mesure. On copiera simplement, à vue, une ligne inclinée tracée au tableau par le maître. (Exemple fig. 5.) Comme moyen de vérification, l'élève fera passer par le point b de la figure tracée au tableau, l'arête supérieure de son crayon, tenu horizontalement; il appréciera ainsi l'angle compris entre cette horizontale et la droite a b; puis il répétera l'opération sur son dessin.

Dans le cas de la fig. 6, c'est par le point b que devra passer l'arête du crayon, tenu verticalement.

Pour faciliter ces opérations, on pourra se servir du crayon ordinaire, de forme cylindrique. Vous voyez qu'avec le fusain, le crayon d'ardoise ou le crayon Conté maintenu dans un porte-crayon de cuivre, l'élève, n'étant pas en possession d'une ligne droite, sera conduit forcément à augmenter son outillage par l'adjonction d'une règle, d'une bande de papier ou d'un double décimètre, et, par cela même, tenté de s'en servir pour le tracé des lignes droites: ce qui ne saurait être admis dans un ccurs de dessin dit à main levée.

Fig. 6.

Les premiers principes de l'ornement, circonférences, polygones réguliers, rosaces étoilées, etc., vous seront donnés par les modèles muraux.

Il est bien entendu que ces modèles devront toujours être vus de front. Pour éviter les vues obliques, dans les classes nombreuses, on pourra disposer plusieurs modèles; les élèves seront placés en colonne, en face de chaque modèle.

La copie de plâtres représentant des ornements d'un faible relief n'appelle pas d'observation spéciale.

Nous arrivons au sujet essentiel de cet entretien; nous abordons l'étude des premières notions de dessin géométral et des éléments de perspective.

Ici se rencontre une difficulté, qui a embarrassé plus d'un maître de dessin. La première fois que l'on met l'élève en présence d'un modèle en relief, il arrive souvent que, tout en saisissant fort nettement les formes de ce modèle, il ne sait comment s'y prendre pour le reproduire ; si on se contente de le laisser faire, on le verra traduire le modèle par

les tracés les plus bizarres, sans aucun rapport avec ce qu'il voit. La raison de cette aberration est fort simple: l'éducation de l'œil n'e st pas faite.

Mais grâce aux exercices précédents, grâce surtout au sentiment que l'élève a acquis de l'inclinaison des lignes, cette éducation se fera facilement et promptement.

Nous mettrons l'élève en présence des modèles en fil de fer que vous avez sous les yeux. Ces modèles sont d'abord très simples et uniquement composés de lignes droites. (Ils sont en usage depuis plus d'un demi-siècle à l'école la Martinière, où l'enseignement du dessin des objets de formes géométriques, à main levée ou au moyen d'instruments de précision, se doune avec un incontestable succès.)

Les procédés qu'on emploie pour les reproduire, sous forme de dessins en perspective, n'ont pas le caractère de méthodes géométriques absolument rigoureuses; mais leur exactitude est largement suffisante dans tous les cas de la pratique du dessin à main levée. Des modèles de 0,50 de hauteur donneront des déformations plus frappantes. Les diagonales, ou lignes de construction, pourront être colorées en rouge ou en bleu. Il est indispensable, pour obtenir des résultats prompts et certains, de procéder toujours du simple au composé, du connu à l'inconnu. C'est pourquoi les premiers modèles, renfermés dans un carré, seront d'abord dessinés en géométral.

Prenons, par exemple, ce carré divisé en quatre rectangles par trois horizontales. Il sera d'abord présenté de face et dessiné ainsi au tableau par le maître; puis il sera reproduit, par les élèves, sur une dimension donnée.

Ensuite, faisant pivoter lentement le modèle, avec quelques arrêts, le maître fixe, sans autre explication, l'attention des élèves sur les déformations qui se produisent, et qui vont en s'accentuant jusqu'à ce que le modèle, vu de champ, ne représente plus qu'une ligne verticale.

Ceci fait, les élèves seront répartis autour du modèle.

Pour cette première leçon, le maître fera en sorte que la ligne médiane se trouve à la hauteur de l'oeil, et, par cela

Л

H

K

A

Fig. 7.

B

D

G..

même, reste horizontale en perspective. Chaque élève verra le modèle sous un aspect différent, et le reproduira en opérant de la manière suivante :

Tracer la verticale AC (fig. 7) sur une longueur donnée, soit 15 centimètres;

Comparer la largeur EG avec AC et tracer BD indéfinie;

Diviser AC en quatre parties égales; chercher le point où viendrait aboutir sur AC l'horizontale Bn. (Dans notre tracé, n se trouve au tiers de AH). Même opération pour le point o.

Par les horizontales partant de n et de o on aura les points B et D, et on achèvera le carré en perspective. Diviser BD en quatre parties

égales et joindre H, E, K avec 1, G, L.

On arriverait au même résultat en prolongeant AB et CD jusqu'à leur rencontre; les lignes partant de ce point de rencontre et se dirigeant sur H, E, K passeraient par I, G, L.

Ce tracé obtenu, le maître fera remarquer :

1o Que les lignes horizontales, tracées sur un plan vertical, ne restent pas parallèles en perspective; ces lignes horizontales parallèles tendent vers un même point appelé point de fuite.

2o Que si l'une des horizontales du modèle se trouve à la hauteur de l'œil, cette ligne reste horizontale en perspective, et que le point de fuite de toutes les autres horizontales parallèles se trouve sur cette ligne. La perspective de cette ligne est la ligne d'horizon.

La ligne d'horizon est l'horizontale figurée par l'arête du crayon, placé horizontalement à la hauteur de l'œil. Reproduite sur le papier, elle constitue la représentation de toute horizontale, fuyante ou non, placée à la hauteur de l'œil.

3o Que les lignes verticales ont leur perspective verticale.

4o Que la largeur d'un carré en perspective est plus petite que la largeur réelle.

Dans les leçons ultérieures, l'élève devra s'assurer de la hauteur de l'horizon et en déterminer la position sur son dessin, toutes les fois que le périmètre de la feuille le permettra.

Fig. 8.

Le

Parallèles verticales. professeur trace au tableau un carré en géométral (fig. 8). Par les diagonales il obtient la ligne médiane passant par le centre o de la figure.

En procédant par des diagonales, dans chaque moitié du carré, il obtient les divisions intermédiaires. Cette figure est copiée, à main levée, par les élèves, sur une dimension donnée.

Le carré est reproduit en perspective, d'après le modèle

en fil de fer, ainsi qu'il a été fait précédemment. Puis, par les diagonales ponctuées (fig. 9) on détermine le centre o donnant EF, et

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