Imagens das páginas
PDF
ePub

CHRONIQUE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

EN FRANCE

ÉTUDE DES MODIFICATIONS POSSIBLES DANS LES Examens du certIFICAT D'ÉTUDES PRIMAIRES. M. le ministre de l'instruction publique a adressé, le 3 juin, une circulaire aux recteurs pour leur demander de faire mettre à l'ordre du jour des conférences pédagogiques l'étude de diverses questions relatives à la réforme du certificat d'études primaires. Les objections qui ont été formulées dans la presse, remarque M. le ministre, portent principalement, l'une sur le maintien ou la suppression de la dictée comme épreuve élémentaire, l'autre sur le maintien ou la suppression des épreuves orales. Pour faciliter le relevé des réponses fournies, la circulaire propose de suivre un formulaire qui n'est pas d'ailleurs limitatif et qui est ainsi rédigé :

« 1o Y a-t-il lieu de maintenir la dictée comme épreuve écrite spéciale, ou faut-il la remplacer par une épreuve de rédaction qui réunirait le double caractère de devoir de composition française et de devoir d'orthographe?

» 2o Si la dictée est maintenue comme épreuve spéciale et distincte, ne serait-il pas souhaitable de lui enlever son caractère d'épreuve éliminatoire et de décider que l'admission ou le refus serait prononcé d'après l'ensemble de l'examen, la dictée fournissant, comme les autres épreuves, son contingent de points?

3o Est-il exact que les épreuves orales n'apportent pas un élément décisif pour juger la valeur de chaque candidat, vu les conditions dans lesquelles elles se passent forcément, et y aurait-il avantage à les supprimer?

» 4° Si on les supprime, ne serait-il pas bon de les remplacer par une composition écrite sur une question élémentaire d'histoire et de géographie de la France?

>> 5o Si l'examen se compose exclusivement d'épreuves écrites, on pourrait concevoir que les sujets fussent les mêmes pour tous les départements, qu'elles se fissent le même jour dans toutes les écoles, que l'inspecteur d'académie envoyât les sujets aux maîtres et reçût toutes les copies, qui seraient corrigées au chef-lieu par une commission spéciale. Mais dans ce cas comment se ferait la surveillance des épreuves dans chaque école? Et quelles mesures proposerait-on de prendre pour assurer l'uniformité de conditions, la sincérité des épreuves, l'équité des comparaisons? »

Cette enquête poursuivie dans toute la France permettra d'apprécier les objections présentées contre l'organisation actuelle du certificat d'études primaires, et d'adopter les modifications qui se trouveront réclamées par le plus grand nombre dans l'intérêt de la valeur de cette épreuve probatoire des études faites à l'école primaire.

DISTRIBUTION DES PRIX AUX ÉLÈVES DES ASSOCIATIONS POLYTECHNIQUE ET PHILOTECHNIQUE. M. le ministre de l'instruction publique a présidé, selon un usage qui tend à s'établir, les distributions des prix aux élèves des deux Associations polytechnique et philotechnique. Les paroles que M. le ministre a prononcées devant l'une et l'autre assemblée ont été chaleureusement applaudies. Dans un remarquable langage, il a fait l'éloge de ces associations qui contribuent pour une si large part à l'enseignement du peuple et qui savent si bien approprier leurs cours aux besoins modernes.

« C'est ainsi, a dit M. Léon Bourgeois, que l'Association polytechnique a d'abord donné l'enseignement primaire lui-même, alors qu'il n'était pas donné partout par l'État; puis, dès qu'il a commencé à être organisé, mais à être organisé d'une façon incomplète dans les programmes, elle en a comblé les lacunes et a appris ce qu'il n'ap prenait pas; puis elle a donné l'enseignement primaire supérieur.

» Enfin, à la suite de cet admirable développement de l'instruction publique dans notre pays, que les adversaires de la République lui reprochent quelquefois, que nous proclamons toujours, chaque fois que nous en trouvons l'occasion, comme le titre de gloire le plus incontestable et le plus éclatant de la République, vous avez commencé, messieurs, à faire ce qui manque encore dans l'organisation générale de notre enseignement, c'est-à-dire de l'enseignement professionnel et technique. C'est là aujourd'hui que vous en êtes arrivés, c'est l'enseignement technique qui paraît être, non pas l'unique, mais la plus chère préoccupation de votre association, c'est l'enseignement technique auquel il semble que vous donniez des soins particuliers, comme dans la famille on les donne volontiers au dernier né. »

Cette idée a été reprise par M. le ministre en présence des membres de l'Association philotechnique. Invoquant le témoignage de M. le député Siegfried qui, dans son rapport sur le budget du commerce, montre que le développement commercial et industriel de la France depuis cinquante ans est moins rapide que celui des peuples voisins, M. Bourgeois dit que la raison en est dans le peu d'extension donné en France à l'enseignement technique. I importe donc, pour que nous ne soyons pas frappés d'infériorité, d'établir des établissements d'enseignement technique partout où ils sont nécessaires. Mais pour que ces écoles soient profitables, il est de toute nécessité qu'elles ne soient pas uniformes. Pour être d'une utilité pratique, elles doivent correspondre aux besoins de la région agricole, industrielle ou commerciale où elles seront ouvertes.

EXPOSITION SCOLAIRE DE DESSIN ET TRAVAUX MANUELS DANS LA SARThe. A l'aide d'une sonime votée par le Conseil général de la Sarthe, des expositions biennales ont été organisées au Mans pour encourager dans les écoles primaires l'étude du dessin linéaire d'ornement et à vue pour les garçons et pour les filles, les dessins et travaux à l'aiguille, les travaux de repassage, de coupe et de confection.

En 1888, les élèves des écoles primaires supérieures ont été admis à concourir; cette année les élèves des écoles normales bénéficient de la même autorisation. Les travaux sont appréciés par une commission qui désigne les lauréats.

Dans le procès-verbal du concours de l'année 1888 nous lisons que l'exposition a été supérieure à celle des années précédentes quant au choix des travaux, au nombre des élèves qui y ont pris part et à la qualité du travail. Nous faisons des voeux pour que la commission qui sera chargée cette année d'apprécier les envois constate une nouvelle amélioration qui aura pour cause le soin apporté par les maîtres à perfectionner leur enseignement et l'application plus grande que les élèves auront mise à profiter des leçons qui leur sont données.

-

COLLECTIONS MINÉRALOGIQUES ET GÉOLOGIQUES, HERBiers. A la date du 28 avril dernier, une commission d'études pédagogiques, composée des inspecteurs d'académie, des inspecteurs primaires et des directeurs des écoles normales des départements de la Savoie et de la HauteSavoie, s'est réunie sous la présidence du recteur. Diverses questions, lisons-nous dans le Bulletin départemental de la Savoie, ont été abordées et des résolutions ont été prises. Les premières qui sont portées à la connaissance du personnel de l'enseignement primaire ont pour objet l'établissement de collections minéralogiques et géologiques et d'herbiers, le développement des bibliothèques scolaires et l'enseignement agricole.

Nous reproduisons ce qui a trait aux collections et aux herbiers : « L'école normale d'instituteurs sera un centre d'échanges entre les divers musées cantonaux et favorisera autant qu'elle le pourra l'organisation des collections minéralogiques dans les écoles du département. En ce qui concerne l'école normale elle-même, les collections commencées n'auront qu'à être continuées.

ע

» L'école normale se prêtera aux échanges et aux déterminations qui pourront lui être demandés.

>> Les échantillons minéralogiques seront pris dans la masse saine de la roche. On y ajoutera, autant que possible, des échantillons de terres arables du pays (cultures. pâturages, forêts).

>> Les instituteurs réunis en conférence pédagogique désigneront un ou plusieurs de leurs collègues par canton parmi ceux qui ont quelques connaissances en géologie ou voudraient bien s'en occuper. Ces délégués auront le titre de collaborateurs des collections de l'école normale. Ils s'entendront avec leurs collègues pour réunir trois échan

tillons de tous les minéraux du canton. Ces échantillons, portant un numéro d'ordre que les délégués conserveront sur pareil échantillon, seront envoyés à l'école normale par l'intermédiaire des élèves-maîtres, puis classés et retournés aux délégués par le même moyen (l'école normale conservera un échantillon; un autre sera adressé à l'école préparatoire à l'enseignement supérieur).

» Les instituteurs délégués pourront être dirigés sur place par les savants qui s'occupent de la géologie de la Savoie.

> Dans les conférences pédagogiques, les instituteurs qui ont des connaissances géologiques pourront donner des renseignements à leurs collègues.

» Une collection géologique pour l'école normale d'institutrices sera préparée par l'école normale d'instituteurs.

» Un herbier sera établi par les soins des instituteurs et des institutrices dans un nombre de communes aussi considérable que possible. Les recherches porteront surtout sur les plantes des pâturages et des prairies.

>> L'herbier sera constitué au point de vue pratique. Trois échantillons de chaque espèce de plantes seront adressés à l'école normale en employant les mêmes moyens que pour les collections minéralogiques. Un échantillon sera retourné à l'expéditeur avec les indications nécessaires pour établir l'étiquette. »>

ORPHELINAT DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.

En 1889 les recettes de

l'œuvre se sont élevées à 83,000 francs, et 49,000 francs ont été affectés à l'assistance des pupilles.

520 orphelins ont été adoptés par l'association, qui augmente encore le nombre de ses pupilles. Ces résultats montrent la vitalité de l'œuvre, dont les adhérents augmentent chaque année.

Allemagne. Pendant les fêtes de la Pentecôte a eu lieu à Berlin le 8e congrès du Deutscher Lehrerverein, qui pour la première fois se réunissait dans cette ville. L'assemblée était très nombreuse: 165 délégués y représentaient 59,700 membres de sociétés locales, et en outre environ 4,000 instituteurs non délégués suivaient les débats. Mais ce qui lui a donné un caractère tout particulier, c'est que le Congrès devait s'ouvrir par une commémoration solennelle du célèbre pédagogue Diesterweg, le démocrate, et que le soin de prononcer le discours en l'honneur du grand éducateur prussien avait été confié a celui des pédagogues allemands qui représente le mieux aujourd'hui la tradition libérale de Diesterweg, le Dr Dittes. Le discours de Dittes a été reçu par les acclamations enthousiastes d'un auditoire électrisé; et cette ovation décernée à un orateur hétérodoxe,— qui venait de faire une charge à fond contre les institutions scolaires de la Prusse, et de déclarer qu'un Diesterweg aujourd'hui ne trouverait plus d'air respirable dans ce pays, a mis dans un grand embarras le représentant du ministre, M. Schneider, qui était présent, et a excité l'indignation du député-prédicant Stöcker, qui se trouvait là aussi. Le ministre des cultes, qui avait envoyé aux congressistes un télégramme de félicitations avant de savoir ce qui s'était passé, a été interpellé quelques jours plus tard, à la Chambre prussienne, par MM. Stöcker et Windhorst, qui ont déclaré que le Congrès de Berlin avait été un scandale. M. de Gossler s'est défendu - ce qui n'était pas nécessaire - d'éprouver la moindre sympathie pour les idées exprimées par Dittes. Un membre libéral, M. Rickert, a cru devoir faire observer, pour atténuer la culpabilité des congressistes, qu'il s'en était trouvé, parmi eux, qui n'avaient pas applaudi l'orateur.

Il est probable que la manifestation dont le Congrès de Berlin a été l'occasion pour les instituteurs prussiens va leur valoir une recrudescence de sévérités administratives.

- La Pädagogische Zeitung de Berlin critiquait amèrement, il y a quelque temps, les résultats de la statistique scolaire pour 1886, que le gouvernement prussien a publiée. La publication de cette statistique a été un événement. C'est la première fois, en effet, qu'une lumière complète est jetée sur tous les détails de l'organisation scolaire, et il parait que le résultat est rien moins que réjouissant. Ce qui se voit le plus clairement, c'est un arrêt, sinon un recul. On n'aperçoit aucun effort pour doter l'école populaire des moyens et des ressources qu'exige le développement moderne; l'esprit de progrès fait place à des préjugés réactionnaires. Cet état de choses a donné lieu à une interpellation dans la Chambre des députés. Le député Knoercke a interrogé le ministre des cultes, qui trouve que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, les chiffres sont là. A mesure que la population scolaire augmente, on voit bien les classes existantes se remplir, et déborder, mais le nombre des écoles, ni celui des maîtres n'augmente en proportion. Près de la moitié des écoliers (46 0/0) sont recueillis dans des classes où un seul maître doit suffire à un nombre d'élèves qui varie de 71 à 150 et plus. Voici du reste la statistique exacte: 2,233,373 enfants sont répartis dans

« AnteriorContinuar »