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toute autre hernie, mais aussi qu'un côté de la vessie, ou les deux côtés à la fois, qui bordent le vagin, peuvent quelquefois descendre, chacun séparément, le long de ce canal, et se frayer une route jusque dans l'épaisseur de la grande lèvre, où la hernie se montre sous la forme d'une tumeur ronde ; tandis que la partie moyenne du basfond de la vessie peut en même temps franchir la paroi antérieure du vagin, et faire hernie en dehors entre les grandes lèvres. Mais ceci mérite quelque considération.

M. Burns soutient avec raison que le cystocèle vaginal peut aller jusqu'à l'étranglement, attendu les parties aponévrotiques avec lesquelles la portion déplacée de la vessie se met en rapport, et il a imaginé, pour débrider cet étranglement, une méthode particulière de porter le bistouri dans l'endroit étranglé; méthode qu'il dit avoir essayée avantageusement sur les cadavres et qu'il décrit fort au long dans son mémoire. Mais si l'on veut réfléchir, 1o au danger qu'il y aurait de porter l'instrument tranchant dans des parties si délicates et si pourvues de grosses artères; 2° à la difficulté de faire jouer un bistouri dans un espace si étroit sans blesser ni le vagin, ni le rectum, ni la vessie même, ni la matrice, ni encore quelque anse d'intestin qui pourrait se trouver engagée entre la tubérosité ischiatique et le côté correspondant du vagin, on renoncera volontiers au dessein proposé par cet auteur. Nous ferons remarquer néanmoins que, quand même cet étranglement du cystocèle vaginal aurait lieu, ce qui n'a jamais été observé, on pourrait faire disparaître les symptômes, soit en sondant la femme, soit en faisant la ponction de la vessie par le vagin, si le cathétérisme était impraticable.

Quant à la triple forme sous laquelle le cas dissé

qué par M. Burns s'est présenté, c'est encore une circonstance de plus qui nous rend cette observation intéressante.

Je ne sache pas qu'on ait, avant cet habile anatomiste, eu occasion d'observer la hernie vaginale de la vessie se prolonger jusque dans l'épaisseur de la grande lèvre. Peut-être le cas s'est-il présenté plusieurs fois à d'autres, sans qu'on se doutât de la nature du mal.

On pourrait maintenant, d'après tout ce que nous venons de dire, réduire à cinq les variétés sous lesquelles le cystocèle vaginal peut se présenter dans la pratique, savoir 1° à la paroi antérieure du vagin, entre les grandes lèvres, et c'est le cas le plus fréquent; 2o à la paroi postérieure de ce canal; 3° sur les parties latérales du même conduit; 4o au périnée; 5o enfin, dans l'épaisseur de la grande lèvre, et c'est le cas le plus rare. Les faits que nous avons rapportés, et ceux que nous exposerons par la suite, rendront incontestable ce que nous venons d'avancer. Nous ne devrons cependant pas terminer cet article sans faire une dernière remarque.

Dans le cas ci-dessus de cystocèle vaginal, M. Burns s'est assuré, par la dissection, que les deux portions latérales de la vessie se prolongeaient de chaque côté du vagin, comme deux PRODUCTIONS CORNIFORMES, et s'avançaient jusque dans l'épaisseur des grandes lèvres, où elles formaient deux petites tumeurs rondes; et, en outre, que ces deux tumeurs herniaires n'étaient fournies de sac péritonéal proprement dit. Or, on sait que la hernie inguinale, chez la femme, affecte ordinairement une forme semblable à celle que nous venons de décrire. On sait aussi, comme M. Astley Cooper l'a observé le premier, qu'une anse d'intestin peut s'échapper du petit bassin,

pas

se glisser entre la branche de l'ischion et le côté correspondant du vagin, et faire hernie au dehors, dans l'épaisseur de la grande lèvre, sous la forme d'une tumeur pyramidale (1). Enfin, on n'ignore pas non plus que souvent la hernie qui se fait par le trou sous-pubien, chez la femme, se loge dans la grande lèvre et prend toutes les apparences des autres hernies ci-dessus mentionnées. Voilà, par conséquent, quatre espèces de hernies diverses, savoir le cystocèle vaginal, la hernie inguinale, la ischiatico-vulvale ( pudendal hernia de Cooper ), et la sous-pubio-vulvale, qui se présentent sous les mêmes apparences, dans la même partie de la vulve, et qui pourraient être confondus ensemble si l'on ne faisait pas assez d'attention aux symptômes propres à chacune de ces maladies. Il est bon de dire aussi que de ces quatre espèces de hernies des parties génitales de la femme, il n'y a que la première seulement qui soit dépourvue de sac péritonéal propre, les trois autres ont chacune leur sac particulier.

(La suite à un prochain cahier.)

OBSERVATION D'ANENCEPHALIE ;

PAR M. TH. HELIE, docteur en médecine, à Nantes.

Une femme âgée de trente ans, vivant dans l'indigence, et déjà mère de deux enfans, accoucha au mois

(1) Astley Cooper, ouvrage cité, pag. 64 et suiv..

d'avril 1830, d'un enfant à terme anencéphale, qui vécut trente-deux heures. La grossesse n'avait offert rien de remarquable (1). Depuis, cette femme resta frappée de l'idée qu'un sort funeste avait été jeté sur elle, et qu'elle ne donnerait le jour désormais qu'à des monstres. Le 4 juillet 1831, après une grossesse sans accident, elle accoucha au terme ordinaire, d'un autre enfant anencéphale, du sexe féminin, qui vécut vingt heures.

Pendant la courte durée de sa vie, cet enfant eut toujours une respiration pénible; les inspirations étaient faibles et rares. Peu après la naissance, la face prit une couleur bleuâtre qui devint de plus en plus foncée.

Le tronc et les membres présentent le volume et les proportions ordinaires à un enfant né à terme. Toutes les parties sont fermes et ne sont pas plus chargées de graisse que chez l'enfant le mieux conformé(2). La peau est d'une couleur violacée, disposée en marbrures et en larges plaques sur presque toute la surface du corps, uniforme et plus foncée sur la tête et le cou; la face, plus fortement injectée, tuméfiée même par l'injection, est d'une couleur noirâtre.

La forme de la tête est remarquable: par suite de l'absence de l'encéphale et de la voûte du crâne, son sommet aplati ne dépasse pas une ligne tirée horizontalement de la racine du nez; elle est un peu rétrécie transversalement et beaucoup plus d'avant en arrière;

(1) Voy. Journal de médecine de Nantes, 1831, Observation donnée pår M. Touzeau.

(2) M. Breschet rapporte que chez tous les fœtus anencéphales qu'il a disséqués le tissu cellulaire sous-cutané était pénétré d'une assez grande quantité de graisse. (Dict. de médecine en 2 1 vol., art. Anencéphalie.)

la face est aussi développée que celle d'un enfant ordinaire; mais sa forme est modifiée; le front et les sourcils manquent, la moitié supérieure de la face est déprimée et s'incline en arrière, tandis que la moitié inférieure ne s'éloigne pas de l'état normal. Les yeux sont saillans par l'absence de la partie antérieure de la voûte orbitaire, et forment les points les plus élevés de la tête. Les oreilles, bien développées, inclinées en dehors, participent à l'injection et à la tuméfaction de la face; le col est couvert, la tête enfoncée entre les épaules.

Pour mettre plus de clarté dans la description anatomique, je commencerai par celle des os; celle des parties molles en deviendra plus facile.

La tête osseuse, dépouillée de toutes les parties molles, s'éloigne beaucoup plus que la tête entière de la conformation normale. La face est fort étroite transversalement; sa hauteur, mesurée de la racine du nez à la base de la mâchoire, n'est pas sensiblement diminuée; elle s'incline fortement en arrière, comme dans les singes; l'angle facial est rétréci ; la mâchoire inférieure dépasse en avant la supérieure; ses branches sont plus rapprochées, son angle antérieur plus aigu, plus saillant. Les orbites, très-développés, sont largement ouverts, et leur profondeur est diminuée par la briéveté de leur paroi supérieure qui n'existe qu'en arrière. Leur base s'incline. de haut en bas et d'arrière en avant, et leur axe se dirige en avant, en haut et en dehors, direction bien différente de celle qu'offrait l'axe de l'œil, à peine dévić légèrement en haut.

La cavité du crâne, ouverte à sa partie supérieure par l'absence de la voûte, est limitée dans ce sens, au niveau de la racine du nez, par un rebord à peu près horizon

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