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vaient protéger le bulbe rachidien; et là elles se sont développées parfaitement, en se moulant en quelque sorte sur cet organe. Mais dans les endroits où il n'y avait point de substance cérébrale, le crâne ne s'est point développé. Ainsi, le cerveau manquant, les fosses moyennes sont très-rétrécies, les antérieures existent à peine. Le cervelet n'existant pas, l'espace destiné à le contenir s'est effacé; et toute la fosse postérieure du crâne est réduite à un canal qui contient et protége le bulbe rachidien. Ainsi les parois sont dans un rapport exact avec les organes contenus.

Nous ne trouvons pas ici l'application complète de la loi que l'on a voulu assigner au développement du crâne. « C'est de la base au sommet, dit M. Breschet (1), » de la partie antérieure à la postérieure, que le déve>>loppement se fait pour la tête. Les fissures, restes d'une >> imperfection de développement, sont moins fréquentes » à la partie antérieure qu'à la supérieure; et dans les » anencéphalies les moins considérables, c'est-à-dire » dans celle où la formation organique s'est arrêtée plus » tard, on ne trouve plus qu'une ouverture en arrière, >> vers le trou occipital ou le rachis. Enfin le spina bifida » est plus commun que l'anencéphalie; jamais on ne >> rencontre cette dernière monstruosité sans la première, >> tandis que le spina bifida se montre assez fréquemment

>> seul. >>

Notre anencéphale offre la réfutation de plusieurs de ces assertions. Il n'y a point de spina bifida ; l'occipital n'est point fendu sur la ligne médiane; il est remar

(1) Dict. de méd., en 21 vol.; art. Anencéphalie.

quable par son grand développement, son épaisseur, sa densité, tandis que le coronal est réduit à deux arcades minces. Le développement du crâne est donc plus complet en arrière qu'en avant. C'est précisément la disposition inverse de celle que M. Breschet indique comme générale. Lorsque tout l'encéphale manque, et que la moelle ne commence qu'au trou occipital ou même plus bas, le crâne, au lieu d'être resserré, s'évase tout-à-fait, sa cavité s'efface, l'occipital est fendu en arrière sur la ligne médiane, le trou occipital n'est point fermé en arrière, et les vertèbres cervicales, incomplètement développées, sont souvent bifides. Un anencéphale que j'ai observé il y a quelques années, offrait l'exemple de toutes ces dispositions. Ainsi la formation des parois est toujours subordonnée à celle des organes qu'elles doivent protéger.

Nous avons pu constater sur ces deux anencéphales l'exactitude de cette loi posée par M. Geoffroy-SaintHilaire, que, quel que soit l'état d'imperfection des parois du crâne arrêtées dans leur développement, les rudimens de chaque os existent toujours, et qu'un os ne rétrograde jamais jusqu'à zéro d'existence.

Les nerfs encéphaliques, examinés hors du crâne, ne différaient nullement de l'état normal, soit par leur volume, soit par leur structure. On ne peut donc pas dire que les nerfs émanent de l'encéphale; leur développement peut donc se faire indépendamment de l'existence des centres nerveux. Ils se forment avec les organes dans lesquels ils sont situés, et leur existence est subordonnée à celle de ces organes.

Le nerf optique présente une exception remarquable. Il est réduit au névrilème; et, par un contraste singu

lier, la rétine, organe tout nerveux, est très-développée. Nous avons noté l'absence des capsules surrénales, circonstance indiquée par Meckel chez les anencéphales, mais qui n'est pas constante. Quel rapport peut-il y avoir entre l'existence de l'encéphale et celle de ces capsules dont les fonctions nous sont inconnues?

LITTÉRATURE MÉDICALE FRANÇAISE.

ANALYSES D'OUVRAGES.

Examen historique et raisonné des expériences prétendues magnétiques faités par la commission de l'Académie royale de médecine,

Pour servir à l'Histoire de la philosophie médicale au 19e siècle;

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Par E.-F. DUBOIS D'AMIENS, docteur en médecine de la Faculté de Paris.

Le sublime de la philosophie est de nous ramener au bon sens.

CABANIS.

(Troisième article.)

CHAPITRE VIII.

:

Observations tout-à-fait dignes de remarque un enfant, un sourd-muet et l'un des commissaires sont déclarés sensibles à l'action du magnétisme animal. Découverte du passage de l'état de veille à celui de sommeil magnétique. « Un enfant, » âgé de vingt-huit mois, atteint comme son père, dont » il sera parlé plus tard, d'attaques d'épilepsie, fut

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» magnétisé, chez M. Bourdois de Lamothe, par M.Fois» sac, le 6 octobre 1827. Presque immédiatement après >> le commencement des passes, l'enfant se frotta les » yeux, fléchit la tête de côté, l'appuya sur un des cous» sins du canapé sur lequel on l'avait assis, bâilla, s'a» gita, se gratta la tête et les oreilles, parut combattre » le sommeil qui semblait vouloir l'envahir, et bientôt » se releva, permettez-nous l'expression, en grognant; >> le besoin d'uriner le prit, et après qu'il l'eut satisfait, » il fut encore magnétisé; mais comme il ne paraissait » pas cette fois voisin du sommeil, on cessa l'expé » rience. » (Rapp. 19.)

Je ne puis m'empêcher de répéter encore ici la pensée de Cabanis, qu'il est des erreurs dont les hommes d'esprit sont seuls susceptibles et, en effet, pour tout homme pourvu d'une dose fort ordinaire de bon sens, qu'y aurait-il eu de remarquable dans cette histoire ? qui aurait pu s'imaginer d'en tirer des conséquences merveilleuses si ce n'est une commission savante?

Un misérable ouvrier conduit son enfant, âgé de vingthuit mois, chez un riche médecin ; il le place sur un canapé, et aussitôt un magnétiseur se met en quatre pour produire quelque effet sur ce bambin : le canapé est moelleux, il est garni de bons coussins; l'enfant, qui ne s'y trouve pas mal, fléchit la tête de côté et l'appuye, sans plus de façon, sur un des coussins; puis il bâille, il se gratte la tête et les oreilles, il grogne, il pisse, et puis il reste très-éveillé; voilà tout! C'est bien peu de chose allez-vous me dire, et on ne peut rien en conclure si ce n'est que cet enfant était assez mal élevé; M. Bourdois en aura été quitte pour faire brosser son canapé et essuyer son parquet: vous n'y êtes pas, avec de l'esprit et

de la bonne volonté on vient à bout de bien des choses; vous allez voir :

« Cette observation, dit M. le rapporteur (pag. 21), » a paru à votre commission tout-à-fait digne de re» marque! L'individu qui en fait le sujet est un enfant » âgé de vingt-huit mois; il ignore ce qu'on lui a fait, » il n'est pas même en état de le savoir, et cependant il » est sensible à l'action du magnétisme, et bien certai»nement on ne peut attribuer chez lui cette sensibilité à » l'imagination. »

Certainement cet enfant ignorait ce que signifiait l'agitation de M. Foissac; certainement il n'était pas même én état de le savoir; mais où voyez-vous qu'il ait été sensible à l'action du inagnétisme? Le sommeil, ditesvous, a semblé vouloir l'envahir; est-ce donc chose nouvelle et inexplicable qu'un enfant de vingt-huit mois, bien placé sur un canapé, éprouve l'envie de dormir?

Mais il a bâillé, il s'est gratté la tête et les oreilles, il a grogné! A cela je répondrai que je ne reconnais pas mème ici vos premiers élémens de l'action magnétique; car il n'y a eu ni clignotement des paupières, ni déglutition de la salive, etc., phénomènes auxquels on attache tant d'importance.

« Il fut encore magnétisé, ajoute M. Husson; mais » comme il ne paraissait pas cette fois voisin du sommeil, » on cessa l'expérience. » La réflexion du rapporteur est d'une rare naïveté; on n'a pas continué l'expérience, parce que le petit s'est avisé de ne pas avoir ce jour-là envie de dormir! de sorte qu'on ne l'a pas magnétisé pour ne pas compromettre gratuitement le magnétisme, et cela n'empêche pas que cet enfant ne soit sensible au magnétisme!

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