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de détails d'histoire naturelle qui ne pourront manquer d'exciter vivement l'intérêt de la jeunesse.

-Les Enfans des bords du lac portent pour épigraphe ces belles paroles de l'épître de S. Paul aux Galates : « Ne » nous lassons point de faire du bien, car nous en moisson» nerons le fruit en son temps. » On ne saurait certainement offrir aux enfans une maxime plus féconde en heureux rêsultats, et dans ce volume, madame Delafaye a mieux réussi, que dans l'autre, à revêtir la morale de formes à la fois agréables et vraies. Pendant un séjour de six mois dans le canton de Neuchâtel, en Suisse, de jeunes enfans se trouvent appelés à rendre d'importans services, et à profiter de maintes occasions pour faire du bien à leurs semblables. Leurs parens, animés de cet esprit de vraie charité qui est la plus belle religion que l'homme puisse pratiquer, les encouragent vivement dans cette bonne voie, et développent chez eux ce noble sentiment en secondant avec tendresse tous leurs efforts. Des détails bien choisis et variés ajoutent à l'intérêt du récit, et, quoique parfois on y trouve un peu trop de roideur pédagogique dans les conseils et les leçons de morale, nous ne doutons pas que la lecture n'en plaise beaucoup aux enfans.

APRÈS LE TRAVAIL, contes sous la feuillée, pour l'instruction et l'amusement de la jeunesse, par Stéphen de la Madelaine. - Paris, chez Lehuby, 1838. I vol. in-12 avec gravures, 3 fr.

Ce volume renferme trois contes dont l'auteur dit avoir puisé les sujets dans la vie réelle. En effet, ils n'offrent rien d'invraisemblable; ce sont des exemples offerts aux enfans, et tirés de l'histoire de divers hommes distingués par leurs talens et leurs succès, qui dûrent leur élévation à eux-mêmes, et sortirent par leurs propres efforts des derniers rangs de la société dans lesquels ils étaient nés, en se créant une existence aisée et honorable. De pareils modèles sont bien choisis pour exciter l'émulation, et il est sans doute très-utile d'appeler de bonne heure l'attention des jeunes gens sur la nécessité de développer toutes leurs facultés pour assurer leur avenir, ainsi que d'éveiller en eux une ambition noble, mais sage, qui tend vers un but utile et puise dans une volonté ferme les moyens de l'atteindre. Il vaut mieux donner aux enfans de petites esquisses biographiques de ce genre, que des contes sans vraisemblance et sans application possible à la vie commune. Mais il faudrait peut-être s'attacher alors à faire surtout ressortir les difficultés, les obstacles sans nombre qui attendent toujours l'homme sur la route pénible

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RELIGION, PHilosophie, MORALE, EDUCATION.

qu'il doit parcourir dans sa carrière ici-bas. Il faudrait faire voir comment la constance et la fermeté de caractère peuvent seules les vaincre, et combien de tristesses et d'amertumes celui qui veut réussir doit supporter avec patience avant d'approcher du but. Autrement le chemin paraît trop facile, et l'on favorise ainsi des illusions trompeuses, on prépare des déceptions cruelles. L'intérêt d'ailleurs gagnerait à ces détails d'une lutte à laquelle tous les hommes sont plus ou moins appelés et de laquelle dépend tout leur bonheur.

M. Stephen de la Madelaine aurait donc mieux fait de ne mettre dans ce volume qu'un seul de ses contes en lui donnant tout le développement nécessaire. Mais tel qu'il est, son livre mérite cependant d'être distingué de la foule, et nous le recommandons comme une excellente lecture pour les jeunes enfans. L'auteur a eu le bon esprit de prendre ses modèles, non dans les grands génies qui sont de rares exceptions, mais parmi le nombre assez considérable de ces êtres bien doués et actifs, qui, par leurs talens et leur industrie, font la richesse des états dont ils forment la meilleure partie.

SIMPLES HISTOIRES racontées à mes jeunes amies.

Genève et Paris,

chez Ab. Cherbuliez et comp., 1838. In-18, fig., 1 fr. 25 c.

Ce titre donne une fort juste idée de ce que renferme le petit livre qui le porte. Ce sont bien de simples histoires racontées par une institutrice à ses jeunes amies, du ton le plus naturel, sans prétention ni pédantisme; de petites scènes dans lesquelles sont exposées quelques leçons morales, faciles à saisir et dépouillées de toute forme sévère et repoussante. L'auteur à rempli exactement son but et montré une grande connaissance de l'enfance et de l'aliment qu'il faut donner à son intelligence. De petites historiettes de ce genre sont faites pour remplacer tous les contes ridicules ou merveilleux dont on n'a que trop l'habitude de repaître ces jeunes imaginations sur lesquelles ils exercent une influence déplorable. C'est donc avec plaisir que nous recommandons cet ouvrage comme un volume de plus à ajouter au petit nombre de ceux qui sont vraiment propres à entrer dans la bibliothèque des enfans. Nous nous permettrons seulement de recommander à l'auteur de soigner davantage son style; il est en général simple, facile, mais on y trouve souvent des locutions peu usitées, des formes qui ne sont pas reçues ni correctes. Si, comme il faut l'espérer, l'auteur est appelé à publier une seconde édition, il pourra aisément faire disparaître toutes ces petites taches qui donnent à ses Simples

histoires une couleur un peu trop locale, et pourraient nuire à leur succès hors de la ville même où elles ont été imprimées.

LÉGISLATION, ÉCONOMIE POLITIQUE, COMMERCE.

ÉTUDES SUR L'ÉCONOMIE POLITIQUE, par J. C. L. Simonde de Sismondi, tome 2. Paris, 1838. In-8, 7 fr. 50 c.

M. Sismondi continue ses travaux sur l'économie politique avec une ardeur et un zèle admirables. Animé d'un véritable amour de l'humanité, il sent de quelle importance sont pour le bonheur des peuples les progrès de cette grande science. Les souffrances des classes ouvrières remuent fortement son cœur généreux, et au milieu de l'admiration générale que cause la marche rapide de l'industrie, il gémit sur les misères qui en paraissent inséparables et se demande si elles ne balancent pas les grands avantages de cette prétendue prospérité. Fidèle à ses principes républicains, il prend en main la cause de l'ouvrier et du paysan, ces deux classes si nombreuses, si utiles et pourtant si dédaignées, et il la plaide avec autant de chaleur que de talent. Sans partager toutes les vues de M. Sismondi, sans regarder la question industrielle sous le même jour, ni accepter comme irrécusable ce qu'il dit en faveur de l'ancienne organisation des maîtrises et des corps de métiers, on ne peut s'empêcher de reconnaître que sur beaucoup de points il a raison. L'influence funeste d'une production toujours croissante sans que la consommation augmente avec une égale rapidité, est aujourd'hui un fait avéré. L'état de malaise qu'éprouvent la plupart des états manufacturiers en est une preuve incontestable. Mais doit-on partir de là pour condamner d'une manière absolue l'industrie et tout ce qui tend à l'encourager? C'est ce dont il est permis de douter, tant surtout qu'on n'aura pas donné au commerce toute l'extension et toute la liberté nécessaires pour pousser la consommation aussi loin que possible et rétablir par ce moyen l'équilibre.

M. Sismondi blâme avec beaucoup de justice la centralisation dans l'exploitation agricole comme dans l'industrie. En effet cette concentration d'énormes revenus entre les mains d'un fort petit nombre d'individus, tandis que des milliers d'ouvriers souffrent de la faim et de la misère, est une triste anomalie dans l'ordre social. C'est donc vers la décentralisation de la fortune que doivent tendre tous les

efforts, car le bonheur du peuple dépend justement de la répartition de l'aisance entre le plus grand nombre possible d'individus, et il exige le sacrifice du superflu de quelquesuns au bien-être général.

Le premier des huit essais que renferme ce volume traite de la condition des cultivateurs dans la campagne de Rome. Ce sujet intéressant a été étudié par M. de Sismondi avec un soin tout particulier. Observateur judicieux et profond, il prend pour guide le seul bon sens et ne permet jamais à son imagination de s'écarter du droit chemin. Le tableau qu'il nous offre de Rome et de ses environs ne ressemble à aucune des relations déjà publiées; ce n'est pas de l'enthousiasme d'antiquaire, non plus que de l'exaltation de carbonaro. Rien de pareil ne s'y trouve, et l'auteur prétend que sa nature même s'oppose à ce qu'il puisse voir les choses comme les ont vues tant d'écrivains qui ont pris Rome et ses ruines pour texte de leurs déclamations.

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" Aux yeux des voyageurs poétiques, dit-il, les hommes » couverts de haillons qui errent lentement dans les rues » de Rome, qui se chauffent au soleil sur ses places publi»ques, qui, avec tant de vivacité dans le regard et dans » la gesticulation, ne se pressent cependant jamais, parce » qu'ils n'ont jamais rien à faire, paraissent bien plus pitto» resques que les artisans des villes modernes. Dans leur zèle » d'amateur, ils regretteraient ces haillons des mendians, > leur désœuvrement, leur misère; et peut-être entre-t-il » dans ce sentiment une aversion secrète, inconnue à celui » même qui la ressent, pour cette servitude, et cet état » constant d'effort et de gêne, auquel l'industrialisme a » condamné l'homme pauvre dans les cités modernes. Les processions de prêtres qu'on rencontre de toutes parts dans » les rues sont l'accompagnement convenable de trois cent » soixante églises qui s'élèvent dans cette cité, long-temps réputée sainte, et ils lui conservent son caractère. La dégra»dation même de tous les édifices publics et privés, la fange » accumulée dans les rues, les pavés rompus, la négligence universelle, les troupeaux de bœufs rassemblés dans les promenades, avec leurs cornes démesurées, leur coup-d'œil hagard et leur maigreur, la volaille qui erre en liberté et » sans crainte dans la ville des Césars, comme elle le ferait » dans le hameau le plus solitaire, augmentent le charme que » ces enfans de l'imagination trouvent à Rome, parce que >> chacune de ces circonstances atteste la cessation de l'empire » de l'homme, parce que chacune contribue à persuader sans » raison, il est vrai, au passager qui vient rêver entre ces » ruines, qu'il n'est plus, comme dans les autres capitales, sous » les yeux d'une police soupçonneuse et inquiète. Les peintres,

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» les amateurs et les voyageurs sentimentaux admirent davantage encore la campagne de Rome, ces immenses déserts ⚫ qui s'étendent à perte de vue, qui ne sont plus parcourus ⚫ que par le berger de la Pouille, le laboureur de l'Abruzze ou ⚫le moissonneur de la Marche, mais où l'on ne trouve pas une maison, pas un habitant né sur le sol, pas une tracc de l'affection de l'homme pour la terre, pas un ouvrage › humain, qui n'ait au moins trois siècles d'antiquité, et qui de plus ne tombe en ruines. Ces voyageurs exprimeraient » volontiers leur enthousiasme et leur reconnaissance pour ce * sol qui, malgré sa richesse, demeure stérile, comme s'il ne » voulait plus se couvrir de moissons, d'arbres et de villes, depuis qu'il n'est plus cultivé par des mains consulaires. Les peintres en même temps s'extasient sur les teintes » chaudes et riches que reflètent ces champs déserts et sur - les beautés qu'elles prêtent au paysage.

Nous devons l'avouer, toutes ces sensations, toutes ces » émotions nous sont étrangères; le défaut de nos organes » nous a interdit presque toutes les jouissances qu'on trouve » dans les arts. Nous portons envie à l'enthousiasme qu'ex> citent les merveilles de la sculpture et de la peinture, mais » il nous est refusé de le ressentir. Les riches teintes de la » campagne de Rome, dont nous entendons parler, échap»pent même entièrement à nos yeux, pour lesquels il » n'existe point de rayon rouge: nous sommes plus frappés » des chefs-d'œuvre de l'architecture; mais parmi les monu» mens antiques, si quelques-uns nous rappellent des temps » glorieux de sagesse et de vertu, le plus grand nombre et - les plus imposans par leur masse, ou même par leur ■ beauté, ne redisent que cette opulence des maîtres de la » terre, qui avaient asservi la nature, parce qu'ils avaient » asservi l'homme, et qui ne croyaient pas l'œuvre de cent mille bras mal employée si elle leur procurait les jouissances d'un moment.

» Ainsi, nos mauvais yeux, et les pensées auxquelles nous » sommes plus habituellement livrés s'accordent à détruire pour nous le charme qui séduit à Rome tous les autres » voyageurs. Nous ne pouvons pas jouir de ses vraies beautés, » et nous sentons plus vivement peut-être que d'autres ce » qui lui manque. Il en résulte que Rome nous paraît un » des séjours les plus tristes que nous connaissions; Rome » est triste pour nous, non point seulement de cette douce » mélancolie à laquelle on aime à se livrer, parce qu'elle » égare la pensée bien loin de nous, parce qu'elle nous élève » au-dessus de notre race, dont elle nous fait voir tout en» semble la grandeur et la misère; ce n'est pas que nous

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