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De l'homme que le Ciel pour chanter daigne élire,
Qui sur le trépied d'or éprouve un saint délire,
Et dont la forte voix sonne comme une lyre
Aux divines vibrations!

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LE TOMBEAU SUR LA MONTAGNE, et autres nouvelles, traduit de l'italien par P.-F. Maulvault. Paris, 1839. In-8, fig. = VALDEPEIRAS ; par H. Arnaud ( Mme Ch. Reybaud). — Paris, 1839. 2 vol. in-8, 15 fr.

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Les Nouvelles traduites de l'italien par M. Maulvault sont de plusiurs auteurs. Illes a extraites des divers recueils publiés par Bertoletti, Gozzi, Bandelli, etc. Ce sont des récits courts et simples dont le charme gît surtout dans le style et qui malheureusement perdent toujours plus ou moins à être interprétés dans une autre langue. On peut dire que l'Italie est le pays des nouvelles; c'est un genre dans lequel la littérature italienne a toujours compté de nombreux écrivains. Mais en général les plus remarquables se distinguent par la licence de l'esprit, et chez ceux qui n'ont pas recours à ce moyen un peu trivial d'exciter l'intérêt, la naïveté du langage est le mérite principal. Or, comme M. Maulvault a choisi parmi ces der niers seulement, il n'a pu éviter l'écueil contre lequel vient facilement échouer le génie de la langue française, lorsqu'on veut le forcer à quitter ses allures naturelles. Le bon goût du traducteur lui a tendu une embûche perfide; la plupart de ces petits contes manquent d'intérêt, et le style ne rachète point ce défaut capital. Le français ne se plie pas volontiers à toutes les gracieuses délicatesses de la langue italienne; non qu'il ne soit capable de rivaliser avec elle lorsqu'il est manié par une main habile; mais c'est un coursier rétif qui se regimbe lorsqu'il se sent conduit par un cavalier peu exercé, et en vérité M. Maulvault ne l'est guère. Il n'a pas non plus été fort heureux dans le choix de ces nouvelles dont quelques-unes ne méritaient ni les honneurs de la traduction, ni ceux de la gravure. L'une entre autres, soit qu'elle ait été traduite de l'anglais en italien, ou empruntée à cette dernière langue par la première, est déjà connue depuis long-temps et se trouve dans le volume des contes populaires de Mme Edgeworth.

On trouvera plus d'attrait dans le Valdepeiras de Mme Ch. Reybaud. Parmi les nombreux romanciers que la France compte aujourd'hui, elle se distingue d'une manière fort remarquable par la pureté de son style, la fécondité de son imagination et le charme qu'elle sait répandre sur tous ses récits.

vence,

Le Valdepeiras est une délicieuse retraite située dans la Proau milieu de ces paysages riches et agrestes dont la nature se montre si prodigue dans le Midi. Une société de gens désœuvrés ou malades s'y trouve réunie, et pour abréger les longues heures de la soirée n'a d'autre récréation que la lecture. Mais les livres sont rares dans le pays, et l'on a bientôt épuisé toutes les ressources de ce genre. Alors l'idée vient à quelqu'un de substituer des récits aux lectures, et chacun apportant tour-à-tour le tribut de ses souvenirs ou de son imagination, il en résulte une suite de contes pleins d'intérêt, liés entre eux avec autant de simplicité que de naturel par ces réunions quotidiennes dont les personnages sont esquissés avec esprit et originalité. Le premier de ces contes est Une Famille de parias. C'est la famille d'un bourreau. Le sujet n'est pas neuf, mais qu'y a-t-il de nouveau sous le soleil? Le jeu de l'oie qui charme nos premiers ans est renouvelé des Grecs, et, dans la littérature, bien des choses ont leur origine plus ancienne encore que le jeu de l'oie. Mais qu'importe? dans ces petites compositions légères, le fond est sacrifié à la forme, et pourvu que celle-ci offre le charme de la nouveauté, c'est tout ce que l'on demande. Or, Mme Ch. Reybaud a su écrire une histoire touchante, pleine de détails heureux qui font aisément oublier qu'on a déjà lu maints récits sur le même sujet. Un autre conte de ce recueil, le Fada intéresse vivement et montre quelle ressource offre à l'écrivain l'usage modéré de ces moyens violens dont l'abus est le défaut général de nos romanciers modernes. C'est une histoire bien noire de vengeance atroce, à l'italienne, à l'espagnole ou pire encore; mais cependant il n'y a ni poignard, ni poison, et l'auteur, sans sortir de la sphère de notre société actuelle, sait fort bien produire des effets non moins remarquables et surtout beaucoup plus vrais.

LEÇONS D'ORTHOGRAPHE ET PREMIERS ÉLÉMENS DE LA GRAMMAIRE FRANÇAISE; par L. Gentin. - Genève, 1839. In-12, cart., 1 fr. = = COURS DE THÈMES FRANÇAIS; par le même : Exercices gradués destinés à servir d'application aux leçons d'orthographe. — Genève, chez Carey. 1839. In-12 cart., 1 fr.

Ces deux petits ouvrages destinés à l'enseignement public, et rédigés par un homme qui a l'expérience de cet enseignement, sont remarquables par leur clarté et leur précision. Le défaut de la plupart des abrégés de grammaire est de ne pas se renfermer dans les limites de l'orthographe et de prétendre border les difficultés de la syntaxe qui ne sauraient être utile

ment mises à la portée de jeunes élèves. M. Gentin a fort bien senti la distance qui doit séparer ces deux parties distinctes de l'étude. A l'âge où l'on commence à apprendre l'orthographe, on n'a pas encore besoin de connaître les lois qui régissent l'expression de la pensée ou la construction de la phrase; il faut d'abord bien savoir les règles orthographiques, et leur étude suffit à occuper les premiers efforts de l'intelligence. Confondre ensemble ces deux branches d'enseignement, vouloir les conduire de front, c'est risquer à la fois de négliger l'une et de ne donner qu'un aperçu très-superficiel de l'autre. On ne s'arrête alors pas assez sur les détails de l'orthographe, et les enfans croyant connaître les formes du langage dont ils n'ont que des notions fort imparfaites, éprouvent de la répugnance à revenir ensuite à l'étude de la grammaire proprement dite. Ce défaut, qui est en général celui de l'enseignement simultané, fait la meilleure critique de ce système qui renferme sans doute d'excellentes choses, mais qui a été beaucoup trop vanté, et qui, comme tous les systèmes, demande de continuelles modifications pour ne pas échouer entièrement dans la pratique.

La grammaire de M. Gentin est divisée en deux parties: la première consacrée aux définitions des différentes sortes de mots, à la conjugaison des verbes, aux accens et aux divers signes orthographiques; la seconde renfermant toutes les difficultés de l'orthographe, telles que les exceptions, l'accord de l'adjectif, le sujet, le régime, les participes, etc. L'enseignement y est fort bien gradué, rien de ce qui est nécessaire n'a été omis; mais l'auteur a constamment évité de surcharger la mémoire des enfans d'explications inutiles, de développemens au-dessus de leur portée.

Le volume d'exercices en forme le complément; les thèmes sont également rangés dans un ordre méthodique semblable à celui des leçons d'orthographe. Choisis en général avec goût et discernement, ces exemples nous ont paru meilleurs que la plupart de ceux employés dans d'autres grammaires. Nous ne doutons pas que les résultats pratiques ne viennent bientôt assurer le succès de ce petit travail, qui témoigne de la sollicitude du régent pour les progrès de ses élèves et de ses efforts pour améliorer l'enseignement auquel il s'est voué,

GÉOGRAPHIE ANCIENNE HISTORIQUE ET COMPARÉE DES GAULES cisalpine et transalpine, suivie de l'analyse géographique des itinéraires anciens, et accompagnée d'un atlas de neuf cartes; par M. le baron Walckenaer, de l'Institut. Paris, chez Dufart; Genève, chez Ab. Cherbuliez et Cie. 1839. 3 vol. in-8 et atlas in-4, 36 fr.

L'étude de la géographie ancienne est d'une haute importance, soit pour l'histoire, soit pour arriver à une connaissance bien exacte des diverses contrées et des vicissitudes qu'elles ont subies. Elle seule peut conduire à une intelligence parfaite des auteurs classiques et jeter une vive lumière sur une foule de points obscurs qui ont été le sujet de longues et vaines discussions entre les historiens. Mais cette étude présente d'immenses difficultés. La science géographique ne date guère que des découvertes modernes qui lui ont permis de s'asseoir sur des bases solides, en lui fournissant des notions exactes sur l'ensemble du globe terrestre, et de s'appuyer avec plus de certitude sur les calculs astronomiques dont des instrumens perfectionnés ont contribué puissamment à rectifier toutes les erreurs. Les anciens manquaient à cet égard de connaissances générales; leur géographie ne consistait qu'en travaux isolés, indépendans les uns des autres, qui ne pouvaient se rapporter à un système commun, et offraient une foule de contradictions, dès qu'on voulait chercher à en former un ensemble, à comparer entre eux leurs divers résultats. Ptolémée avait bien posé des principes dont l'observation rigoureuse aurait pu réunir en un corps scientifique tous les travaux des géographes. Ses recherches astronomiques lui avaient permis de déterminer les latitudes et les longitudes d'une foule de lieux, et il est bien certain qu'à une époque très-reculée, un méridien avait été mesuré avec tout le soin et toute l'exactitude que comportait alors l'état de la science. Mais malheureusement ces connaissances n'étaient pas généralement répandues, et les cartes partielles, ainsi que les itinéraires dressés par les auteurs anciens, ne peuvent être facilement ramenés à cette base commune, groupés avec harmonie autour de ce point lumineux qui seul pouvait éclairer alors cette branche de la science.

Cependant aujourd'hui, que les découvertes modernes ont apporté une lumière si vive, il n'est pas absolument impossible de débrouiller ce chaos. M. Walckenaer pense que le meilleur moyen d'y arriver serait le rétablissement de la carte antique, dans laquelle on assignerait à chaque lieu géographique mentionné par les auteurs ou signalé par les monumens de l'antiquité, sa position sur le globe. On aurait ainsi une espèce de concordance entre l'état ancien et l'état moderne du

globe; on saurait le nom de toutes les villes qui occupent aujourd'hui le même emplacement où s'élevèrent aussi d'antiques cités. Ce serait un immense bienfait pour l'histoire, et une foule de textes anciens seraient ainsi expliqués bien mieux que par des volumes de commentaires et de discussions. Dirigeant ses travaux vers ce but, M. Walckenaer s'est constamment attaché à déterminer avec une exactitude scrupuleuse chaque point géographique des lieux qu'il entreprend de décrire, et à tracer les limites qui renfermaient les nombreuses peuplades par lesquelles il paraît que les Gaules étaient habitées. D'immenses recherches lui ont été nécessaires pour l'exécution de ce savant ouvrage. Il a comparé entre eux tous les écrits laissés par les géographies anciens, et s'est entouré également de toutes les lumières modernes qui ont pu lui offrir quelque renseignement pour assigner la place occupée par les villes antiques. Il a fait usage surtout des itinéraires anciens, et a su en tirer un parti fort avantageux, en montrant que ces précieux documens offraient la véritable source à laquelle il fallait puiser pour retrouver les notions géographiques des anciens, et les mettre en harmonie avec l'état actuel de la science. C'est par l'analyse géographique de ceux de ces itinéraires qui se rapportent aux Gaules cisalpine et transalpine, que M. Walckenaer a préludé au grand travail que nous annonçons ici, et qui remporta, il y a 28 ans, le prix proposé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. L'extrait qu'il en donne dans son troisième volume fera comprendre toute l'importance de ces espèces de feuilles de route, qu'à force de peines et de recherches il est parvenu à faire concorder avec les cartes modernes de ces mêmes contrées. Une pareille tâche était d'autant plus difficile, que malgré l'opinion contraire, émise si légèrement par plusieurs géographes, il est bien certain que les anciens. avaient différentes espèces de mesures, portant souvent le même nom, quoique de valeurs diverses, tout comme il exisce aujourd'hui plusieurs sortes de milles, de lieues, etc.

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L'analyse géographique de la seule Gaule transalpine, dit M. Walckenaer, « nous fait découvrir l'emploi de cinq » mesures différentes dans cette région. Pour les côtes sep» tentrionales, le stade olympique de 600, et le stade de 500. » Pour les côtes méridionales le stade de 500, et celui de » 666 2/3. Dans l'intérieur, pour les itinéraires et la table, » nous trouvons deux espèces de mesures, le mille romain de » 75 au degré, et la lieue gauloise, qui était de 1,500 pas ro» mains, ou un mille et demi, ou de 50 au degré. Le double » de cette mesure est exactement la lieue des géographes >> français modernes de 25 au degré. Nous sommes avertis » par la Table théodosienne et par d'autres textes anciens,

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