SCIENCES ET ARTS.

OSTÉOGRAPHIE, ou description iconographique comparée du squelette et du système dentaire des cinq classes d'animaux vertébrés récens et fossiles, pour servir de base à la zoologie et à la géologie; par M. H.-M. Ducrotay de Blainville. — Paris, 1839, 1 livr. In-4, et atlas in-fol., 28 fr.

re

Depuis les grands travaux et les admirables découvertes de Cuvier, l'anatomie comparée a pris une grande importance et l'ostéographie est devenue la première base de toute classification zoologique. Il est donc nécessaire d'en faciliter l'étude, et rien ne saurait mieux remplir ce but qu'une collection de planches d'une grande dimension accompagnée de toutes les explications scientifiques désirables. Pour donner à cette collection toute l'étendue convenable, cinq séries de planches y seront comprises: 1° pour le squelette entier ; 2° pour les têtes entières; 3o pour les parties caractéristiques choisies convenablement; 4° pour le système dentaire comprenant les racines des dents et leurs alvéoles; 5o enfin pour les ossemens fossiles et pour les figures d'animaux laissées par les anciens. Quant au texte, outre la partie purement descriptive, les auteurs se proposent d'y joindre une partie historique et critique dans laquelle ils exposeront les principes de la classification des divers groupes d'ossemens fossiles, leur distribution géographique actuelle, et enfin, comment et depuis quel temps elles sont connues dans l'histoire des hommes, de quelque manière que leur connaissance nous soit parvenue. Il en résultera un ouvrage très-considérable, d'un prix fort élevé, mais qui sera d'une grande utilité aux géologues comme aux naturalistes et offrira une suite parfaitement complète de dessins bien exécutés d'après la collection du Muséum de Paris qui est la plus riche de toute l'Europe. La première livraison donne une haute idée des soins avec lesquels sera fait ce magnifique ouvrage. D'ailleurs chaque fascicule formant, sous le double rapport iconographique et littéraire, un tout indépendant, le mode de publication n'offre pas l'inconvénient ordinaire de ces livres long-temps incomplets dont on ne peut en quelque sorte jouir qu'après leur entier achèvement, qui demande souvent bien des années.

ANNUAIRE POUR L'AN 1839, présenté au Roi par le bureau des Paris, in-18.

longitudes.

On réclamera sans doute encore cette année contre le long retard apporté à la publication de l'Annuaire, et ce sera certes avec plus de raison encore que l'an passé. En effet, si pour l'Annuaire de 1838 la notice importante de M. Arago sur le tonnerre a pu servir d'excuse, aujourd'hui ce prétexte n'existe plus, puisque les deux notices insérées à la fin du volume existaient déjà et ont été imprimées dans les recueils de l'Académie. Le public a donc réellement le droit de se plaindre en voyant le Bureau des longitudes apporter tant de lenteur à la rédaction de cet Annuaire qui remplacerait si avantageusement tous les mauvais almanachs dont la presse nous inonde chaque année. L'Éloge historique de James Watt a été lu à l'Académie des sciences en 1834, et le Rapport concernant les observations de météorologie et de physique du globe, qui pou vaient être recommandées aux expéditions scientifiques du Nord et de l'Algérie, n'est point non plus une nouveauté. Mais on n'en sera pas moins charmé de les avoir dans l'Annuaire, parce que l'un et l'autre n'ont été imprimés que dans des Journaux ou des collections qui ne sont pas à la portée de tout le monde. C'est avec plaisir aussi qu'on trouvera, en attendant les nouvelles Tables que M. Arago nous promet pour l'année prochaine, le tableau des positions géographiques des chef-lieux d'arrondissemens et de leurs élévations verticales au-dessus du niveau moyen de la mer, telles qu'on les a déduites des triangulations des divers ordres, sur lesquelles messieurs les officiers d'état-major chargés de l'exécution de la carte de France appuient leurs beaux et immenses tra

vaux.

DESCRIPTION DE LA FABRICATION DES BOUCHES A FEU en fonte de fer et des projectiles à la fonderie de Liége; par le général Huguenin, trad. du hollandais par le capitaine Neuens. Paris, 1839. In-8, fig., 15 fr. = PROCÉDÉS DE FABRICATION DANS LES FORGES appliqués particulièrement au service de guerre; extrait du cours sur le service des officiers d'artillerie, approuvé par le ministre de la guerre, le 3 août 1838. — Paris, 1839. in-8, fig., 12 fr.

Voici deux ouvrages d'un intérêt bien spécial sans doute, mais qui n'en est pas moins vif pour cela. En effet, les procćdés de l'industrie, éclairés de toutes les lumières de la science, sont dignes de captiver l'attention des hommes instruits,

et

quand ils sont exposés avec clarté par des écrivains capables d'en apprécier tous les détails, ils présentent un attrait véritable. La fabrication des bouches à feu et le travail des forges se rattachent d'ailleurs par plus d'un point aux sciences naturelles, et l'on trouvera dans ces deux volumes une foule de notions de chimie et de minéralogie appliquées à la pratique. Les militaires surtout pourront y puiser des connaissances qui leur sont indispensables s'ils veulent exercer leur état avec intelligence. Des planches nombreuses et fort bien dessinées accompagnent chaque ouvrage. Le prix paraîtra peutètre élevé, mais des livres de ce genre n'ont en général qu'un public fort restreint, et leur publication à très-petit nombre n'entraîne pas moins des frais assez considérables à cause des gravures, des calculs et des tableaux qu'ils renferment.

PRÉCIS DES CAMPAGNES ET DES SIÉGES D'ESPAGNE et de PORTUGAL de 1807 à 1814, d'après l'ouvrage de M. Belmas, les dépêches du duc de Wellington, etc.; par M. Augoyat. Paris, 1839. In-8. carte, 12 fr.

En puisant aux sources les meilleures, et aussi bien chez les étrangers que chez les écrivains français, l'auteur de ce volume a fait un résumé fort intéressant des guerres et des sièges dont pendant sept années la Péninsule fut le théâtre. C'est un ouvrage destiné aux militaires, qui y trouveront l'exposé rapide et impartial de toutes les opérations des diverses armées. Avec une justice peu commune, M. Augoyat rend à chacun ce qui lui appartient, loue chez l'ennemi ce qui lui paraît digne de louange, blâme les fautes et les négligences commises par les Français; en un mot, se place tout-à-fait au-dessus de l'esprit de parti, et paraît ne songer qu'aux intérêts de l'art militaire. Cette impartialité nous a frappés, parce qu'elle est rare chez les écrivains français, surtout dans tout ce qui touche la gloire militaire de leur pays.

Une fort belle carte de l'Espagne et du Portugal, lithographiée avec le plus grand soin, permet de suivre pas à pas toutes les marches et contre-marches, et ajoute par l'aspect des lieux à l'intelligence des détails.

LE CHASSEUR AUX FILETS, ou la Chasse des dames, contenant les habitudes, les ruses des petits oiseaux, etc., etc.; par E. Blaze.· Paris, 1839. In-8, tig., 7 fr. 50 c.

M. Blaze a eu le talent de jeter beaucoup de charme et d'intérêt sur la spécialité à laquelle il consacre sa plume. C'est un professeur très-amusant, un chasseur fort spirituel, qui vous dit d'une manière agréable tontes les ruses du métier, et entremêle ses leçons d'une foule d'anecdotes piquantes qui font connaître les habitudes des chasseurs, leurs faibles et leurs fanfaronnades. Les lecteurs de tous genres trouvent du plaisir à parcourir ses livres, et y rencontrent maints passages plus intéressans que la plupart des romans du jour.

Le volume que nous annonçons ici est plus particulièrement destiné aux dames, qui pourront y puiser d'excellentes instructions sur la chasse aux filets, récréation amusante et facile pour celles qui habitent la campagne. L'auteur se montre fort expert dans toutes les finesses de cette guerre perfide, qui exige de la ruse et de la patience plutôt que de la force. Il donne beaucoup de détails sur les habitudes des petits oiseaux. qu'il faut étudier avec soin si l'on veut devenir bon chasseur aux filets. Il enseigne également les moyens de les élever, de les conserver vivans, soit pour jouir de leur chant, soit dans le but de s'en servir plus tard comme d'agens provocateurs pour attirer leurs camarades libres dans les filets. Enfin, en véritable gastronome, il complète son cours par les meilleures recettes pour apprêter et manger convenablement le petit gibier dont il se montre amateur distingué. La longue expérience de M. E. Blaze lui permet de semer le long de son œuvre maints récits plaisans que lui fournissent ses souvenirs. Il écrit avec esprit, avec gaîté, et sait rendre amusantes jusqu'à ses recettes de cuisine, dont on essaiera volontiers, tant elles font venir l'eau à la bouche.

TERRE ET EAU, entretiens à l'usage de la jeunesse; trad. de l'anglais de Mme Marcet, par Mme Tourte-Cherbuliez. 1 vol. in-12. (Šous presse.)

Des enfans s'amusent dans un jardin à construire de petites montagnes de sable, leur mère qui les surprend occupés à ce jeu, en tire parti pour leur expliquer quelques points de géographie physique, et comme les pourquois de l'enfance ne finissent pas, d'explication en explication elle se trouve entraî

née à leur faire un petit cours complet. Tous les phénomènes qui concernent la terre et l'eau sont ainsi passés en revue dans une suite d'entretiens fort simples, remplis de clarté, offrant une série de faits et de petites expériences très-propres à exciter l'intérêt des enfans. On sait avec quel talent Mme Marcet a déjà traité de la même manière la chimie, la philosophie naturelle, la botanique et l'économie politique. Ses divers ouvrages ont obtenu en Angleterre un très-grand succès, et les traductions qu'on en a faites ont été également fort appréciées en France, quoique le public y fût jusqu'à présent moins bien disposé à accueillir ce genre d'instruction. Le nouveau petit livre que nous annonçons ici est plus élémentaire et par conséquent mieux à la portée de la jeunesse qui n'a encore reçu aucune notion de cette espèce. Les sujets qu'il expose sont aussi de nature à être plus facilement compris, parce que ce sont des phénomènes qui se passent pour la plupart sous nos yeux, chaque jour, et sur lesquels par conséquent il est aisé de fixer l'attention des enfans, d'exciter leur curiosité. Mme Tourte a d'ailleurs cherché dans sa traduction à concilier toutes les exigences par des modifications ingénieuses, et l'on peut dire sans crainte d'être démenti, que Mme Marcet ne pouvait trouver un interprète plus digne et en même temps plus apte à juger les changemens qu'il convenait de faire à ce livre pour le transplanter d'un pays dans l'autre sans rien enlever au mérite réel, à l'utilité et au charme qu'il offre à la jeunesse. Des publications semblables, dans lesquelles se trouvent réunis le savoir réel et des formes claires et agréables qui le rendent accessible à tous, méritent d'être encouragées, car c'est ainsi que les notions scientifiques se popularisent en sapant dans leur base les préjugés de l'ignorance et de la superstition. On ne saurait faire un cadeau plus précieux aux écoles primaires dans lesquelles on est souvent embarrassé sur le choix des ouvrages à répandre, soit dans' les villes, soit dans les campagnes.

EN VENTE:

HISTOIRE DE LA LANGUE ET LA LITTÉRATURE DES SLAVES, Russes, Serbes, Bohémiens, Polonais et Lettons, considérées dans leur orgine indienne, leurs anciens monumens et leur état présent; par F.-G. Eichhoff, docteur ès-lettres, bibliothécaire de S. M. la Reine, auteur du Parallèle des langues de l'Europe. 1 beau vol. gr. in-8°. 9 fr. La Revue rendra compte de cet ouvrage dans son prochain numéro.

DE L'IMPRIMERIE DE BEAU, A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE,