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mémoire, et préserver dans leur coeur, tout ce qui les attache par la reconnoissance, tout ce qui les identifie par les souvenirs avec le pays auquel ils doivent consacrer leur existence. Mais l'amour de la patrie est un sentiment trop saint pour qu'on puisse le nourrir par le mensonge; la flatterie ne feroit que le dégrader. D'ailleurs les devoirs que tous les Français ont contractés envers leur patrie, comme citoyens libres d'un État, au gouvernement et à la souveraineté duquel ils sont appelés à participer, ne sauroient être remplis s'ils ne profitent pas de toute son expérience, s'ils ne s'éclairent pas par elle et sur elle, pour servir efficacement leur pays. Si l'unique but de leurs études devoit être de mettre à leurs yeux leur nation au-dessus de toutes les autres, on pourroit les flatter en célébrant ses hautes qualités et ses grandes actions, et en dissimulant ses fautes et ses revers; et ce seroit certainement un grand moyen de succès. Mais l'étude de l'histoire doit être dirigée par le patriotisme lui-même vers un but plus digne, surtout chez un peuple libre. C'est la vérité seule qui donne une instruction utile; c'est la vérité seule qui peut faire profiter l'expérience passée aux générations à venir; c'est par la connoissance de la vérité que chaque citoyen peut concourir à faire éviter le retour vers les fautes, ou vers ce qui est plus grave encore que les fautes, vers les vices d'autrefois,

soit qu'appelé aux fonctions plus élevées du gouvernement il ait part à la direction des destinées publiques, soit que simple citoyen il n'influe sur l'opinion que par la manifestation de sa pensée, ou tout au plus par son suffrage dans les assemblées électorales.

Nous croyons que le patriotisme nourri par la flatterie est peu propre à s'élever à aucune vertu sévère; il se complaît aux noms de grande nation, de première des nations, que chacune à son tour s'attribue; il cherche une pâture dans la vanité; mais après s'être repu il s'endort, croyant n'avoir rien à faire pour une patrie déjà assez glorieuse. Or, si l'on veut que le patriotisme soit une vertu, non une illusion fugitive de l'amour-propre, il faut s'attacher à montrer comment on rend une nation grande, comment on la rend vertueuse; il faut montrer qu'elle n'est réellement digne d'admiration que lorsque chacun de ses citoyens est prêt à se dévouer pour elle.

Nous n'appelons les Français ni à s'enorgueillir des victoires de leurs ancêtres, ni à rejeter leurs défaites sur des circonstances accidentelles, ni à s'enflammer d'amour pour les rois, ou de prédilection pour les peuples, ni à admirer la sagesse de leurs législateurs, de leurs magistrats, de leurs prêtres, ni à aimer les institutions sous lesquelles ont vécu leurs pères. Nous les appelons seulement à connoître ce qui a été, avec ses avantages et ses

inconvéniens, à juger et les pouvoirs et les lois, par les fruits qu'ils ont portés, à blâmer sans retenue ce qui est blâmable, à se souvenir que l'histoire est l'expérience des siècles, et à se mettre à portée d'en profiter; à considérer de haut cette France qui a revêtu tant de formes diverses, qui a essayé de tant de régimes, et qui a déposé, de nos jours, presque jusqu'aux derniers restes de ses anciennes institutions; à reconnoître au milieu de ces transformations une nation énergique et intelligente, qui mieux qu'aucune autre sait marcher à son but; nous les appelons enfin à aimer cette nation, dégagée de tout le bagage qu'elle a déposé en route, à se confier en elle, et à croire pour elle à un avenir d'autant meilleur qu'il sera moins l'image du passé.

Désireux de faire ressortir dans ce précis les grands traits seulement qui marquent le progrès des âges, nous suivrons la nation française de siècle en siècle, et nous n'adopterons d'autre division que celle de ces espaces égaux qui marquent le progrès des temps. Cette division corrigera, du moins en partie, notre disposition à donner une importance croissante aux événemens, à mesure qu'ils nous avoisinent. Le caractère le plus frappant aujourd'hui de la nation française, en opposition à toutes les autres, c'est son unité; l'histoire doit nous révéler la formation de cette unité, l'assimilation des parties dont elle s'est successi

vement composée; cette assimilation fut l'ouvrage du temps, et pour la comprendre il est nécessaire que la pensée du temps qui s'écoule ne s'efface jamais de notre mémoire. Nos chapitres s'allongeront à mesure que les événemens plus rapprochés de nous seront mieux connus, et auront plus d'influence sur notre époque; mais, pour rectifier l'illusion que fait toujours un récit plus détaillé, nous ferons toujours entendre la grande horloge du temps, qui, à des espaces réguliers, battra le cours des siècles à notre oreille.

DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET,

rue de Vaugirard, n° 9.

DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE.

PREMIER CAHIER, 1837.

Prix, pour 12 cahiers par an, 15 fr., franc de port.

PREMIÈRE CLASSE.

HISTOIRE NAturelle. Histoire générale et particulière des anomalies de l'organisation chez l'homme et chez les animaux. Ouvrage comprenant les recherches sur les caractères, la classification, l'influence physiologique et pathologique, les rapports généraux, les lois et les causes des monstruosités, des variétés et des vices de conformation, ou Traité de Tératologie. Par Isidore Geoffroy-St-Hilaire. in-8. Chez Baillière. Tomes I, II et 111, avec 20 pl. 27 fr.

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Histoire naturelle et iconogra

phiquedes insectes coléoptères Par L. Delaporte, comte de

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Plantes cryptogames de France recueillies et publiées par Desmazières. 2o édition.in-4. Fasc.I. 12 fr.

Journal général de la Littérature de France. N. 1. 1837. A.

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