Imagens das páginas
PDF
ePub

Courez, tendres lilas, courez, jasmins fleuris ;
De vos jeunes rameaux égayez ces débris;
Que la vigne en rampant gagne ces colonnades,
Monte à ces chapiteaux, et pende à ces arcades,
Et qu'un voile de fruits, de verdure, et de fleurs,
Cache ces noirs témoins de nos longues fureurs.
Hélas! et que n'en peut la sanglante mémoire,
Ainsi que de ces murs, s'effacer de l'histoire 13!

Et vous, peuple des champs, vous de qui tant de fois
Nous portâmes la plainte aux oreilles des rois;
Parlez qu'avez-vous fait de vos vertus antiques?
D'où vient que j'aperçois sous vos chaumes rustiques
Ce faste, ces débris de châteaux dépouillés ?

Pourquoi ces ornements dont vos murs sont souillés?
Quel fruit vous revient-il de ces pompes cruelles?
Ah! les remords chez vous sont entrés avec elles !
Et ce lit fastueux, dépouille des palais,

Ne vaut pas l'humble couche où vous dormiez en paix.
Ainsi je célébrais d'une voix libre et pure
L'innocence, les champs, les arts et la nature.
Veuillent les dieux sourire à mes agrestes sons!
Et moi, puissé-je encor, pour prix de mes leçons,
Compter quelques printemps, et dans les champs que j'aime
Vivre pour mes amis, mes livres et moi-même !

CHANT PREMIER.

1

[ocr errors]
[ocr errors]

11 part, vole, arrive; l'ennui

Le reçoit à la grille, et se traîne avec lui.

Nous citons ici les vers d'Horace, dont ceux-ci sont l'imitation :

lidem eadem possunt horam durare probantes?
Nullus in orbe sinus Baiis prælucet amoenis,
Si dixit dives, lacus et mare sentit amorem
Festinantis heri, cui si vitiosa libido
Fecerit auspicium, cras ferramenta Teanum
Tolletis, fabri. Lectus genialis in aula est?
Nil ait esse prius, melius nil cœlibe vita:
Si non est, jurat bene solis esse maritis.
Quo teneam vultus mutantem Protea nodo?

HORAT. Epist., 1. 1, ep. 1, v. 82.

2 Quel peuple est par nos rois menacé d'être libre? Allusion aux sept cents rois de la Convention.

3 Ou le brochet glouton qui dépeuple les eaux ?

Quelques-uns de ces vers sont imités de la Forêt de Windsor, par Pope, ainsi que quelques autres vers de la description de la chasse le sont du poëte Denham.

4 Amusent leur exil, et chantent leur retour.

Ces vers furent récités à l'Académie le jour où M. de Malesherbes, reçu dans ce corps, et M. de Choiseul, qui assistait à cette réception, paraissaient après leur exil en public pour la première fois. Le public les nomma tous deux par ses applaudissements.

5 Son meuble accoutumé, ses livres favoris.

On sait avec quelle grâce et quelle attention le roi de Pologne, Stanislas Poniatowsky, reçut la célèbre madame Geoffrin. Elle retrouva, en arrivant dans l'appartement qui lui était destiné, les mêmes meubles, les mêmes tableaux, les mêmes livres qu'elle avait laissés dans son appartement à Paris; et l'amitié attentive qui avait présidé à cet arrangement, et l'étonnement agréable qu'il lui causa, ne fut pas un des moindres plaisirs qu'elle goûta dans ce voyage.

6 L'âme de son ami dans l'odeur d'une rose.

Cette idée est tirée d'un voyage de Suisse; et quoiqu'elle ait été déjà cmployée plusieurs fois, elle est si intéressante et si doucement mélanco

lique, que l'auteur a cru devoir la reproduire. « Autour de l'église (dit M. Robert, Voyage dans les treize cantons suisses, tome II, page 231), des tombes couvertes d'œillets cultivés par les mains d'une fille, d'un frère, d'un fils, d'une épouse, ou par celles d'un ami, me peignaient d'une manière attendrissante la sensibilité des cœurs qui ne sont point émoussés par des jouissances factices, ni dégradés par de mauvaises institutions. Le temps des œillets est-il passé, on y substitue d'autres fleurs, suivant la saison, et tous les villages du canton montrent le même attachement pour leurs proches. »

9 Des enfants du hameau tel est le grave maître.

Quelques vers du portrait du pasteur et de celui du maître d'école sont imités du charmant poëme de Goldsmith, The deserted Village.

CHANT II.

'Les prés, alors si beaux, de sa chère Mantoue.

Et qualem infelix amisit Mantua campum,
Pascentem niveos herboso flumine cycnos, etc.

...

Dans ces prés ravis à ma chère Mantoue,
Où le cygne argenté sur les ondes se joue, etc.
VIRG., Géorg., I. II.

2 Rival de Duhamel, surprenez ces secrets.

Duhamel-Dumonceau est principalement connu par ses Éléments d'Agriculture et son Traité des arbustes qui se cultivent en France.

3 Comme d'un sol ingrat triompha de l'envie.

Voyez cette anecdote dans Pline, Hist. Nat., XVIII, 8.

4 Laissez là ces projets recueillis par Rozier.

:

L'abbé Rozier, célèbre par ses connaissances en agriculture, ne prétendait pas répondre de tous les mémoires qu'il insérait dans son estimable recueil plusieurs renfermaient des vues utiles, d'autres proposaient des procédés inexécutables, et plus séduisants dans la théorie que faciles dans la pratique l'auteur devait faire connaître les inventions bonnes ou mauvaises.

5 Tel des Alpes nous vint le cytise riant.

Cet arbre, de moyenne grandeur, y croit naturellement : son bois est dur et d'une couleur d'ébène, verte et jaunâtre, avec des veines brunes: ce qui le fait ressembler au bois des îles : il est précieux pour les tabletiers et les tourneurs. On ne connaît pas au juste le cytise des anciens.

6 Et sans lait pour son fils, la mère européenne

Le remet dans l'Asie à la femme indienne.

Ce n'est pas faute de lait; mais sous la zone torride l'influence de la cha

leur le rend si amer que son nourrisson le refuse. Ce fait, consigné dans l'Histoire de l'Académie des Sciences de Paris, en 1707, a été adopté par Haller dans sa Physiologie.

7 De leur course rivale entrelacent les jeux.

On a essayé de rendre le texuntque fugas de Virgile, Æneid. lib. V.

8 O riant Gemenos! ô vallon fortuné!

Gemenos est un des vallons les plus riches et les plus riants de la Provence il est situé sur la route de Marseille à Toulon. Le malheureux M. d'Albertas, égorgé dans son jardin au milieu d'une fête qu'il donnait aux villages voisins dans les premières années de la révolution, avait créé auprès de son château un des plus magnifiques jardins anglais qui existent; une vieille église de templiers y présente une ruine plus naturelle et plus imposante que la plupart de celles dont on prétend embellir nos jardins modernes.

J'ai cru devoir à ce lieu charmant, où j'ai échappé aux rigueurs du fameux hiver de 1769, cette marque de souvenir et ce témoignage de reconnaissance.

9 Vous paye en peu de temps les frais de la victoire.

M. de Paynes, procureur général des états de Provence, a augmenté le revenu d'une de ses terres de 12,000 livres, par le procédé utile et courageux que j'ai essayé de décrire dans ces vers.

CHANT III.

L'observateur le suit d'un regard curieux.

Personne n'a écrit sur cet objet d'une manière plus lumineuse que M. Rouenne, beau-père du célèbre Darcet.

2 Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil.

Ces monstrueuses baleines, ces cachalots, qui abondent non-seulernent dans les mers du Nord, où l'on va à leur pêche, mais encore dans d'autres mers, et dont la majeure partie est encore si peu connue.

30 France, ô ma patrie! ô séjour de douleurs !

Ce morceau a été composé en 1793.

4 Et rend à chaque plant son débris emprunté.

Ces vers expriment un fait arrivé au célèbre Jussieu, que ses disciples cherchaient en vain à tromper, et qui du premier coup d'œil aperçut dans l'assemblage factice de plusieurs débris de plantes les différentes parties dont il était composé.

5 Et la fraise des bois que leurs mains ont conquise.

On sait que la fraise est nommée par les botanistes solatiolum herbo

risantium.

6 Leur appétit insulte à tout l'art des Méots.

On connaissait à Paris lorsque ce poëme fut publié le célèbre restaurateur Méot. L'auteur est loin de prétendre donner à son nom la même célébrité que Boileau a donnée à Bergerat, connu dans son temps comme Méot dans le sien :

Et mieux que Bergerat l'appétit l'assaisonne.

Tout le monde a retenu ce vers de l'une des épîtres de Boileau.

CHANT IV.

Qui les riches aspects et des champs et de l'onde.

M. de La Harpe, longtemps après que ce morceau eut été lu à l'Académnie, a fait imprimer un poëme plein d'intérêt sur un sujet à peu près semblable. J'espère que, la lecture publique de mon ouvrage ayant précédé de plusieurs années la publication de celui de M. de La Harpe, on ne m'accusera pas de plagiat, pour quelques ressemblances qui se trouvent dans quelques passages de ces deux poëmes.

2 La corvée! A ce nom les cabanes gémissent.

Ah! Mars vient demander des soldats à Cérès.

Ces vers ont été faits avant la révolution.

3 La belle Géorgine, à la tête des chœurs.

Madame la duchesse Géorgine de Devonshire parut devant la cour, pour la première fois, dans une fête magnifique, telle que la représente le poëte. Elle a composé sur son passage du Saint-Gothard un poëme que Delille a traduit. (Voyez les Traductions.)

4 Et s'en retourne enfin seule et désespérée!

Je n'ai pas prétendu m'approprier ce vers de Racine; mais j'ai cru pouvoir l'employer dans un morceau où je conseille au peintre des champs, pour rendre les animaux plus intéressants, de leur préter nos penchants et nos passions. Tout le monde sait que ce vers

Je m'en retournerai seule et désespérée!

Iphigénie, act. IV, sc. Iv.

a été mis par Racine dans la bouche de Clytemnestre disputant sa fille à l'ambition de son époux.

« AnteriorContinuar »