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C'est à Waterloo que l'empereur se mesura avec les Anglais pour la première et pour la dernière fois. Il ne les avait jamais combattus personnellement avant ce jour-là. Il affectait à leur endroit un mépris qui est bien mis en lumière par un propos tenu par lui à Soult le matin même de la bataille, et rapporté par Houssaye Parce que vous avez été battu par Wellington, vous le regardez comme un grand général. Et moi je vous dis que Wellington est un mauvais général, que les anglais sont de mauvaises troupes, et que ce sera l'affaire d'un déjeûner.'

Toute la marche de l'action porte l'empreinte de cette idée préconçue du chef suprême. D'un bout à l'autre ce ne sont que des coups de force désunis, des attaques violentes, mais mal préparées et non soutenues, comme si l'on s'était attendu à voir plier, au premier effort, les troupes qu'on avait devant soi. Et ce caractère de la lutte n'est pas seulement sensible à la fin, quand les esprits commençaient à se troubler et que l'intervention effective des prussiens ne laissait rien de salut que dans l'enfoncement immédiat des lignes anglaises. Il se manifeste nettement dès le début de la bataille.

L'erreur de Napoléon, en ce qui concerne les prussiens, n'est pas moins grande. Il était absolument persuadé, après les avoir battus à Ligny, qu'il les avait mis hors de cause pour plusieurs jours. Sans doute le corps de Bülow n'avait pas pris part au combat, et il était, de ce fait, resté intact. Mais Napoléon crut avoir pris des précautions suffisantes de ce côté, en donnant à Grouchy, chargé de poursuivre les prussiens, des forces équivalentes à celles de Bülow.

Si l'empereur n'avait pas été imbu de l'idée que les prussiens ne pouvaient rien contre lui le 18 juin, il aurait certainement attaqué Wellington de meilleure heure qu'il ne le fit. On sait qu'il avait d'abord prescrit aux troupes d'être en position à neuf heures du matin. Puis à onze heures il dicta un autre ordre disant que l'attaque commencerait 'quand toute l'armée serait rangée en bataille, c'est à dire à peu près à une heure de l'après midi.' Encore se réservait-il de donner le signal de cette attaque.

En réalité la bataille commença à une heure et demie seulement. Le combat qui s'engagea à onze heures et demie autour d'Hougoumont ne peut être considéré comme le début de l'action générale. C'était une affaire partielle.

Remarquons d'ailleurs qu'au moment où il prescrivit de commencer la bataille Napoléon venait d'apercevoir des troupes

prussiennes sur sa droite. Bien plus, il avait appris de la façon le plus certaine, par une lettre interceptée, que ce qu'on voyait était l'avant-garde du corps de Bülow. Mais, toujours attaché à sa double erreur, l'empereur crut sans doute qu'il s'agissait de Bülow seul, et qu'il lui serait facile de venir à bout et des Anglais et de ce nouvel adversaire.

Quelques heures plus tard Pirch et Zieten débouchaient à leur tour sur la droite de l'armée française, tandis que Thielmann amusait Grouchy à Wavre. L'armée prussienne tout entière contribuait à la défaite de Napoléon !

On a souvent prétendu que Napoléon commença la bataille aussi tard parce qu'il était indispensable de laisser le sol se raffermir, faute de quoi l'artillerie n'eût pu manœuvrer. Un orage violent avait éclaté la veille. La pluie, en amollissant les terres, en transformant les champs en bourbiers, avait rendu fort difficiles les mouvements des troupes et surtout des charrois.

Je ne puis m'empêcher de penser que cette prétendue raison est surtout une excuse. Si elle a été indiquée effectivement le jour de la bataille, ce ne peut être qu'à titre tout à fait accessoire. En deux ou trois heures l'état d'un terrain fortement détrempé ne s'améliore pas sensiblement, même sous l'action combinée du vent et du soleil.

Ce qui est indéniable c'est que l'armée française avait bivouaqué le 17 juin au soir dans un grand désordre et le long d'une route unique. Aussi le 18 au matin fallut-il beaucoup de temps pour rassembler les troupes et pour les amener sur leurs emplacements de bataille. On ne se pressa point, et Napoléon ne prit aucune mesure pour accélerer le déploiement.

Un pareil laisser-aller n'indique-t-il pas clairement que l'empereur ne craignait rien des prussiens, et qu'il estimait qu'il aurait toujours bien assez de temps devant lui pour mettre les anglais en déroute complète avant la nuit ? Sans vouloir lancer dans un genre d'hypothèses qu'il est trop aisé d'échafauder après coup, quand on voit le jeu des deux adversaires, je me permettrai pourtant de remarquer que la situation de Wellington eût été beaucoup plus difficile si Napoléon avait pu ou voulu l'attaquer de bonne heure, au lieu de ne commencer la bataille que quand Bülow était déjà en vue. Etre attaqué à fond avant l'arrivée des prussiens est la chance qu'a courue Wellington; c'était le danger de sa combinaison. Mais à la guerre plus encore que partout ailleurs, qui ne risque rien n'a rien.

Napoléon et la plupart de ses admirateurs ont cherché à rejeter sur Grouchy la responsabilité du désastre que subit à Waterloo l'armée française du fait de l'entrée en ligne des troupes prussiennes. La manière dont Grouchy remplit le rôle qui lui avait été dévolu donne, il est vrai, une faible idée de ses capacités militaires. Ce maréchal avait pour mission de s'attacher aux traces des prussiens et de s'opposer, dans la mesure du possible, à ce que ceux-ci se réunissent aux anglais. Mais il manqua d'activité, de discernement. Il laissa à sa gauche Blücher défiler tranquillement avec trois corps d'armée pour se jeter sur la droite de Napoléon, et il ne s'en douta même pas. N'oublions pas cependant que Napoléon avait partagé toutes les illusions de Grouchy sur les mouvements des prussiens, et qu'il ne rappela à lui le maréchal, pour coopérer directement à la bataille de Waterloo, que lorsqu'il était trop tard.

Un mot, en terminant, sur la valeur des dernières troupes que commanda Napoléon. L'armée française combattit à Waterloo avec une bravoure sans égale, qui à certains moments s'éleva jusqu'à l'héroïsme. Une sorte de fièvre animait tout le monde. Des actes de trahison-comme par exemple celui du général de Bourmont, qui passa à l'ennemi le 15 juin, avec son état-majoravaient exaspéré les esprits et exalté les sentiments de vengeance. Mais ils avaient aussi contribué à augmenter l'indiscipline qui régnait dans toute l'armée, et dont les mouvements ne pouvaient être compensés par le culte fanatique professé par les soldats pour la personne de l'empereur. Il n'est pas étonnant que dans ces conditions un abattement général, une dissolution complète, aient été les conséquences immédiates de la défaite. Jamais,' écrit Houssaye, 'Napoléon n'avait eu dans sa main un instrument de guerre si redoutable et si fragile.'

On ne saurait mieux dire.

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HOUSEHOLD BUDGETS ABROAD.

II. THE UNITED STATES OF AMERICA.

By MRS. RUTH K. GARDINER.

To analyse the budgets of two typical American families, in a manner which shall be comprehensible to the English reader, is by no means an easy task. At the outset, too much stress cannot be laid on the fact that, from the view-point of domestic economics, the typical American family does not exist. Politically, the United States are one nation. Economically, they are divided into more parts than was the Gaul of Cæsar's day, and, like Gallia omnis, these component parts of a heterogeneous whole differ among themselves in economic essentials to a degree which makes any general statement untrustworthy unless it be qualified by so many exceptions that its original character is lost in the process. No budget can be stated absolutely. Its terms must be relative to the prevailing standard of living, and this standard varies locally in the United States, more, possibly, than in any other country. In respect of housing, clothing, fuel, and food the needs of a family in the semitropical Southern States are vastly different from those of a family in the North-West, where a fortnight of temperature ten or twenty degrees below zero is a common incident of the winter. From east to west, the prices of manufactured goods increase directly with the cost of transportation, so that the Californian may pay for cotton and woollen goods twice as much as the man in Massachusetts. The price of food stuffs varies widely in different sections, and the composition of the dietary varies still more. What is typical of one part of the country cannot be taken as typical of another, nor of the whole.

It should be said, however, that, in regard to the relation the budget bears to the income, there is no great difference among the States. Wages are highest in the West, where the cost of living is greatest, and lowest in the South, where food and fuel are cheapest. Since 1896, there has been a general increase of 16 per cent. in the cost of living; but as this has been accompanied by a general increase of 15 per cent. in wages, the normal relation between income and expenditure has not been seriously disturbed.

The only items of expenditure which appear to vary throughout

the United States, without regard to the ratio of income and cost of living, are rent, fuel, and domestic service, and the first of these is so directly related to local standards of comfort that it is impossible to say in which part of the country the man of any class pays most for housing. Americans of all classes pay a larger proportion of their incomes for rent than is considered economical in England. Among 2,567 families whose budgets have been studied by the Department of Labour, and whose average income was 1651. 88. 93d. ($827·19), the average expenditure for rent was found to be about 13 per cent.; but as the Government statistics in this one item are confessedly incomplete, it is safe to say that this is a low estimate of the general average. In any Eastern city, the professional man with 1,000l. a year does not consider 1801. an extravagant amount to pay for rent, and the clerk with 201. a month regards a fourth of his income as an economical outlay for housing. Outside of the large cities, one would expect to find the possessor of 1,000l. a year living in his own house, though a house of one's own is in many cases a doubtful asset. This is especially true in growing towns and cities, where the assessment to property-owners for a change in the grade of the street, for paving, or for the introduction of a new system of plumbing, may amount to as much as a year's rent.

In this paper it is not proposed to consider the budget of an artisan of the poorest class, and a man who earns 121. a month has been taken as a fair example. A consideration of the rate of wages throughout the United States justifies the statement that the skilful and industrious artisan may reasonably expect to earn from 21. 88. to 31. 12s. a week, since the average wage may be stated roughly at 12s. a day. With 121. a month, the thrifty artisan feels justified in marrying. One of the banks in the city of Chicago has recently announced to its employés that none of them with a salary of 2001. a year or less will be permitted to retain his position if he marries without the knowledge and approval of the officers of the institution. This somewhat arbitrary dictum may be taken as an indication of the relation between a salary of 2001. a year and the banking clerk's standard of living. The standard of the artisan is naturally lower, and while 127. a month does not mean luxury, it does mean comfort for a small family.

The family whose actual budget has been studied is small. It is made up of father, mother, and one child, eight years of age. The family lives in Washington. Always remembering that a budget from one American city cannot be considered an index of

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