Imagens das páginas
PDF
ePub

1er juillet. VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES.

HIVER DE BEauvoir. Louis XIV et son gouvernement jugés en 1664 par un seigneur de la suite du cardinal Chigi. — OUVRAGES EN VENTE A PRIX MARQUÉS. Manuscrits provenant de la bibliothèque de M. Viollet-le-Duc (suite). — Ouvrages divers anciens et modernes. PUBLICATIONS NOUVELLES. L'Antiquité de Bordeaux et de Bourg.-Description des monnaies, par Cohen, t. III. — Code de la noblesse française, par de Semainville. Dictionnaire des ordres de chevalerie, par Gourdon de Genouillac. Biographie de Tarn-et-Garonne, etc., etc.

[ocr errors]

ON DEMANDE A ACQUÉRIR':

LASSAILLY (Ch.) Les Roueries de Trialph notre contemporain, avant son suicide. Paris, Silvestre Baudoin, 1833, in-8.

PÉTRUS BOREL. Champavert le Lycanthrope.

Madame Putiphar.

LEBEUF (l'abbé). Histoire du Diocèse de Paris. Tom. X, XI, XIII, XIV. RECUEIL DE PIÈCES en prose les plus agréables de ce temps. Paris, de Sercy, 1660, in-12. 3e et 4 parties.

HISTOIRE GÉNÉRALE DU LANGUEDOC, de D. Vaissette. (Tome Ier.) Paris, 1730-45, en 5 vol. in-fol.

SOUS PRESSE :

CATALOGUE DES LIVRES composant la bibliothèque de feu M. A.-J. LEFEBVRE, avocat, membre de la Société philotechnique, etc. Ouvrages de Littérature et d'Histoire très-bien reliés. - Mes Schayé et Boussaton,

[ocr errors]
[blocks in formation]

CATALOGUE DES LIVRES provenant des bibliothèques de MM. T... et D... Ouvrages d'Agriculture, de Littérature, d'Histoire, Voyages, etc. (350 numéros).—Mes Dubourg et Vaunois, commissaires-priseurs.—Aug. Aubry, libraire.

Ces Catalogues seront adressés aux personnes qui en feront la demande par lettre affranchie.

1 S'adresser au bureau du Bulletin, en indiquant la condition et le prix.

[graphic][merged small]

LOUIS XIV ET SON GOUVERNEMENT jugés en 1664 par un seigneur de la suite du cardinal Chigi.

C'est un magnifique tableau que celui fait par Voltaire des premières années du gouvernement personnel de Louis XIV; redouté, il le sent, il le sait, suivant la belle expression de Bossuet; il en impose à l'Europe par la hauteur de sa volonté et de ses vues. Et ce prince, qui naguère n'avait ni armée ni finances et dont la cour errait misérable de ville en ville, non-seulement force sans combattre l'Espagne et Rome à s'humilier, mais trouve six millions pour payer Dunkerque, en même temps qu'il éblouit l'Europe par l'éclat de ses fêtes et par un prestige inaccoutumé.

Ce prestige, on le voit se plaire à en entourer le cardinal Flavio Chigi, lorsqu'à raison des insultes faites par la garde corse au duc d'Acqui, il vint, en 1664, présenter les excuses du pape, son oncle : à Lyon tout le monde est à ses pieds; il entre dans Paris, le grand Condé et son fils marchant à ses côtés; enfin le roi, se grandissant par les honneurs même qu'il prodigue à celui qui vient s'humilier devant lui, épuise en faveur du légat ceux qu'on rendait à ces représentants des papes à l'époque de leur plus grande puissance.

Mais ce n'est pas assez de s'imposer par la crainte; pour que l'influence d'un prince, d'un gouvernement soit durable, il faut qu'elle procède du respect et de l'admiration. La finesse italienne avait pu, en 1664, s'humilier sans être séduite; il était donc infiniment curieux de saisir, dans une relation d'un des seigneurs romains de la suite de F. Chigi, l'impression produite alors sur cette légation par la France, par son roi et son gouvernement. C'est ce que nous permet de faire un petit livre perdu dans l'immense dépôt de la Bibliothèque impériale 1, et que nous avons retrouvé sur les quais.

1 Relation de la conduite présente de la cour de France adressée à un cardinal à Rome par un seigneur romain de la suite du cardinal Flavio Chigi......, traduite d'italien en françois. Leyde, A. Duval, 1665, in-12.-Seconde édition, Cologne, J. Neelson, 1665, in-12 de 106 p. (c'est l'édition que nous citons).-Fribourg, chez Simon-le-Franc, rue Perdue, à la Fronde, 1666, in-12. (Catal. de la Bibl. imp., no 4514.)

Cette relation, datée de Paris du 11 août 1664, est signée L. T.; elle est suivie d'une lettre du gentilhomme françois qui en a fait la traduction, datée du 25 novembre 1664 et signée S. V. N. V.

Le dictionnaire de Barbier, le catalogue de la Bibliothèque impériale et M. Bazin, qui possédait ce livre, ne donnent point la clef de ces initiales.

« Vous m'avez ordonné, dit l'auteur, de tracer un crayon, non pas « de toute la Cour de France, mais seulement de cette auguste partie << qui donne le principal mouvement au reste, et par même moyen le « branle à toute l'Europe, de laquelle il semble que la France tienne « présentement la balance ........ Je vous donne plutôt une légère a ébauche que le tableau tant désiré de cette merveilleuse intelligence « qui fait mouvoir avec une incroyable facilité la pesante masse de la << monarchie françoise.» (P. 2.)

Et d'abord il montre Louis XIV, contre l'humeur ordinaire de son åge, contre le génie commun des hommes et l'usage invéléré de sa cour, entourant ses affaires, ses résolutions, d'un secret impénétrable; mystérieux silence imprimant le respect aux peuples, l'admiration aux étrangers, la crainte aux jaloux et la terreur aux ennemis. (P. 3 et 4.)

Toujours le même, et toujours ferme dans son procédé comme participant de l'essence de Dieu immuable, ce que plusieurs rois avaient commandé vainement, il avait parlé; et la chose avait été faite.

Cette constance, il l'avait apportée dans sa résolution de gouverner par lui-même; poursuivant habilement sa route, il augmentait plutôt ses soins qu'il ne les diminuait; écoutant tout, connaissant et décidant tout, sachant surtout faire un merveilleux discernement des personnes et des esprits, ses trois ministres, Le Tellier, de Lyonne, Colbert, n'étaient que comme ses trois premiers commis auxquels il partageait les choses les mieux proportionnées à leurs bonnes qualités. (P. 7 et 8.)

Grâce à cette infatigable application, il rencontrait partout soumission et obéissance; car comme le repos ne fixait pas le mercure des esprits inquiets et turbulents, ce n'était pas seulement la paix avec les voisins qui maintenait dans le devoir peuple et chefs, mais la prudence du pacificateur.

Il savait, d'ailleurs, se conserver à lui seul toute la grâce de ce qu'il donnait, tandis qu'auparavant la reconnaissance et la gratitude demeuraient, non au bienfaiteur, mais au médiateur; et par cette judicieuse pratique, il avait ôté du Louvre presque autant de rois qu'il y avait de grands accrédités, de même qu'en rendant les garnisons des places

indépendantes des gouverneurs, il avait ôté des provinces presque autant de rois qu'il y avait de places fortes. (P. 19 et 20.)

L'air si civil et si retenu qui faisait l'ornement de ses actions publiques ajoutait encore au respect général. (P. 7 et 10.)

Aussi entre ces deux capitales, monarchies de France et d'Espagne, c'était vers la première que l'Europe inclinait depuis vingt-cinq ans. La fortune semblait s'être révoltée contre l'Espagne, tandis que les prospérités de la France, la vigueur et la sagesse de son roi, et la foi religieuse qu'il gardait à ses alliés, affermissaient ses alliances et en préparaient de nouvelles. (P. 17 et 18.)

Nous ne faisons que resserrer ce qui est développé dans ce petit livre, laissant même fidèlement à la pensée sa forme; or Bossuet, dans son discours à l'Académie, en 1671, a mieux loué, mais n'a pas autrement Joué Louis XIV, alors à l'apogée de sa gloire : « Au dedans, au dehors, « dit-il, dans le particulier et dans le public, on l'admire, on le craint, « et on l'aime; de loin il étonne, de près il attache; industrieux par « sa bonté à faire trouver mille secrets agréments dans un seul bien« fait, d'un esprit vaste, pénétrant, réglé, il conçoit tout, il dit ce qu'il faut, il connait les affaires et les hommes, il les choisit et les forme, il les applique dans le temps, il sait les renfermer dans leurs fonc« tions ......

D

L'auteur de la relation suit ensuite dans ses détails le gouvernement de Louis XIV.

Prudent à l'égard des réformés, il se bornait à favoriser les catholiques sans dénier justice aux premiers; car si la foi des édits et diverses considérations ne permettaient pas l'extirpation de la réforme par un coup de puissance absolue, au moins n'excluaient-elles pas Sa Majesté de pratiquer les moyens pour ramener les devoyés dans le droit chemin, sans violenter leurs consciences. (P. 13.)

Il entretenait, d'ailleurs, un clergé nombreux, de profonde littérature, de mœurs exemplaires et d'un zèle rigoureux pour l'entretien et le rétablissement de la discipline. (P. 82.)

Par la suppression de plusieurs centaines de secrétaires du roi, il avait détruit cette fourmilière de petits nobles, lesquels, croissant par familles entières et se répandant dans les campagnes, les infestaient à la honte de la véritable noblesse et à la ruine du paysan, qui restait accablé sous le poids des tailles. (P. 30.)

Quant à l'épargne, elle n'avait commencé à être un fait que depuis qu'on en avait supprimé les trésoriers.

A l'égard des recherches contre les financiers et de la chambre de justice, la grande affaire du moment, dans cette longue route, dit l'au

teur, qui est entre Paris et Marseille, j'ai ouï fort souvent parler de cette recherche, mais toujours comme d'une chose fort raisonnable; mais de la prodigieuse multitude mêlée dans les parties, la moitié au moins vivant dans Paris, et la cour même étant infectée de cette lèpre, il n'était pas étonnant qu'il ne vînt de mauvais bruits, Puis, entrant dans de grands détails,' il montrait avec quelle mesure ces recherches étaient conduites, et qu'il n'en pouvait résulter aucun préjudice, soit pour l'État, soit pour la fortune publique; et il peignait, comme Lesage le fit plus tard, la bande des traitants.

Ces développements pourraient amener quelques-uns à douter de la réalité de la relation italienne, et faire croire à une apologie placée sous ce couvert et dictée par Colbert; mais il semble que Louis XIV croyait trop en lui pour recourir à ces petits moyens, et que le laborieux et austère Colbert n'était pas homme à y perdre son temps et à le faire à l'insu du roi.

Quoi qu'il en soit, l'auteur terminait en montrant ce prince faisant la principale affaire des finances, sachant le détail de ses revenus, leurs charges et leur destination, connaissant et discutant les baux des fermes, ordonnançant toutes les dépenses de sa main, enfin n'ayant supprimé la place de surintendant que pour la faire lui-même.

Et grâce à cet excellent ménage, disait-il, on amassait pour le besoin, au lieu de manger la moisson én vert. L'argent était compté aussitôt qu'il était ordonnancé, les parties prenantes n'étant plus à la merci des trésoriers. Au lieu d'emprunter à douze et quinze pour cent, d'accumuler prêts sur prêts, et d'engloutir à l'avance les revenus de plusieurs années, l'État prêtait à longs termes des millions au commerce; en même temps, les places et les arsenaux étaient munis; la marine militaire. créée, les maisons royales embellies et les tailles déchargées annuellement de dix millions de livres (p. 75 et 80). Effectivement, c'était bien là la tâche glorieuse dès lors accomplie par Louis XIV. Avant de faire la France conquérante, il avait compris qu'il fallait qu'elle fût riche, soumise, et transformée par une énergique direction : car, l'histoire ne le prouve que trop, laissé à lui-même, un pays s'abandonne à tous les excès, tombe dans tous les abaissements; tandis que, si la Providence lui suscite un chef de génie, il se relève puissant et glorieux, sous ce frein salutaire. Ainsi sous Louis XIV, ainsi sous le Consulat, ainsi naguère encore.

HIVER DE BEAUVOIR.

ERRATUM.-Page 362 (84 Bulletin), ligne 38, lisez regrettable, au lieu de respectable.

« AnteriorContinuar »