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sortie de la prison est aussi bien réglé que ce qui regarde la sortie de l'hôpital; on sait, jour par jour, quel est le nombre de filles qui ont fini leur détention, et la voiture qui conduit à la prison les dernières condamnées, en ramène les anciennes; point d'embarras, point de tumulte, la machine est montée et marche dans la perfection; l'état sanitaire, qui est constaté avant la sortie de la prison, l'est de nouveau par les médecins du dispensaire, et par les questions que l'on adresse à la fille et les divers renseignemens que l'on consigne sur sa feuille, on se procure le moyen de la suivre, de savoir ce qu'elle fait, et de la retrouver lorsqu'on le jugera nécessaire. Plus j'étudie le mécanisme de ce système, et plus j'en admire la simplicité; je ne vois pas les perfectionnemens qu'on pourrait y introduire, et à l'aide desquels on pourrait ajouter au bien immense que l'administration fait tous les jours à notre population.

S XIV. Du dépôt de mendicité de Saint-Denis.

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On veut à une certaine époque y mettre toutes les prostituées. Ce projet reconnu impraticable. — Presque toutes les vieilles femmes renfermées dans cette maison sont d'anciennes courtisanes. Circonstances dans lesquelles se trouvent quelques prostituées qu'on y envoie à l'époque actuelle.

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Pour compléter tout ce qui regarde la prison des prostituées, il ne me reste plus qu'un mot à dire, sur le dépôt de Saint-Denis; car j'ai déjà parlé de la

prison de Saint-Lazare, où on en met quelques-unes pendant un certain temps.

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J'ai fait connaître dans le courant de ce chapitre, que lorsque l'administration voulut régulariser à Paris les moyens répressifs de la prostitution, elle eut, en l'an 1x (1801), le projet de consacrer la maison de détention de Franciade (nom de SaintDenis à cette époque) à la correction des prostituées; je dois ajouter que ce projet fut reconnu impraticable, et que la maison de Saint-Denis resta consacrée aux mendians vagabonds, libres et infirmes, ainsi qu'aux vieillards sans ressource, qui tombent chaque jour entre les mains des inspecteurs de la police, ou qui réclament comme une faveur d'y être admis.

Ceci n'a pas empêché d'y envoyer chaque année, de la prison de Paris, quelques prostituées qui se trouvaient dans des circonstances particulières, que je vais rapidement exposer.

Dans le principe et jusqu'en 1816, on y envoyait ces filles dégoûtantes, autant ruinées sous le rapport physique que sous le rapport moral, et qui, sans ressources et mourant de faim, se font arrêter partout, et peuvent être considérées comme des mendiantes et de véritables vagabondes. A une époque où l'on avait l'habitude de faire reconduire dans leurs pays, par la gendarmerie, quelques-unes de ces filles, on envoyait à Saint-Denis celles qui, par

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leur âge et leurs infirmités, étaient hors d'état de faire la route.

Plus tard, cette ressource leur fut refusée; on fit observer avec raison, que Saint-Denis pouvait à peine suffire aux malheureux et aux vieux nécessiteux, et qu'il était contre toute justice d'y envoyer des femmes, qui ne doivent qu'à la débauche les infirmités qui les accablent; ce n'était pas connaître les prostituées, et surtout la suite de leur vie, que d'ouvrir un pareil avis; car j'ai acquis la preuve que parmi les femmes qui existent à Saint-Denis, et dont la position excite la pitié, un bon nombre avait passé la majeure partie de leur vie, en faisant le métier de courtisanes; si donc à l'époque actuelle, on ne les envoie plus directement dans ce dépôt, elles arrivent tôt ou tard, sous le titre de mendiantes, de vagabondes, et de femmes sans aveu.

y

Depuis dix ou douze ans, le nombre des prostituées envoyées à Saint-Denis par ordre de l'administration s'élève tout au plus à huit ou dix dans le courant d'une année; le plus ordinairement, ces envois se font à la demande des médecins, pour des cas incurables, tels que cancer, désorganisation, fistules recto-vaginales, idiotisme, etc., etc., quelquefois aussi comme moyen de répression, par exemple, lorsqu'une fille ne veut pas subir une opération reconnue indispensable; mais dans ce dernier cas, elle ne roste enfermée que jusqu'au moment où le méde

cin de Saint-Denis déclare, que l'affection n'est plus susceptible de transmettre la syphilis. Je tiens de ce dernier médecin, qu'il meurt au moins une sur quatre de ces filles, dans le cours d'une année, ce qui ne doit pas surprendre, vu l'état dans lequel elles sont lorsqu'on les y envoie.

CHAPITRE XIX.

DE LA TAXE A LAQUELLE LES PROSTITUÉES DE PARIS ÉTAIENT AUTREFOIS ASSUJÉTIES,

§ Ir. Détails historiques sur cet impót; circonstances qui ont nécessité sa création et motivé sa suppression.

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Sert de prétexte à tous

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La classe instruite de

Cet impôt n'est pas une invention nouvelle. Il existait dans l'ancienne Rome. On en trouve quelques traces dans les temps modernes. Définitivement établi chez nous au commencement du siècle actuel. Il est mal accueilli par l'opinion publique. · les mécontens pour attaquer l'administration. la société aussi pen éclairée à cet égard que la foule du peuple.-Nécessité où s'est trouvée l'administration de maintenir cette taxe.- Efforts que fait un préfet de police pour la supprimer. — Réponse singulière du conseil municipal à la demande de ce préfet. Son successeur n'est pas plus heureux. La taxe est enfin abolie sous M. Debelleyme. Exposé des principales raisons qui ont motivé cette abolition.-Avantages qui en résultent.

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L'impôt mis sur les prostituées n'est pas une invention moderne; nous en trouvons plusieurs exemples dans l'antiquité, et particulièrement à Athènes et à Rome. Dans cette dernière ville, non-seulement les lieux publics de prostitution payaient un certain droit à l'état, mais la vente même des prostituées, qui, pour la plupart, étaient esclaves, rapportait encore au fisc une somme importante. A cette époque,`

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