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prend aussi quelquefois une teinte jaunâtre; la choroïde désorganisée, et surtout amincie dans le glaucôme, se décolore et prend une teinte plus ou moins violacée et presque bleuâtre; recouverte par une rétine un peu moins diaphane et légèremens colorée, la choroïde ainsi modifiée renvoie la lumière dans la partie intérieure de l'œil en lui donnant une teinte bleuâtre, laquelle, en passant par le corps vitré et le cristallin plus ou moins jaunes, doit nécessairement la changer en verdâtre. Cette coloration n'est donc pas, comme on l'a prétendu, une simple illusion d'optique; elle ne disparaît pas après la mort.

Dans la seconde partie, qui occupe plus de la moitié du volume, M. Sichel expose les recherches historiques et philologiques qu'il a faites pour déterminer ce que les anciens. entendaient par le mot avzó; et pour préciser nettement l'état de la science ancienne et moderne sur la question du glaucôme.

M. Sichel soutient, avec pleine raison, que les hauts enseignemens de l'histoire ne sont pas moins importans en médecine que dans les autres sciences; et nul plus que lui ne rend justice à ceux dont la tendance est de réhabiliter ces études trop négligées par les sectateurs de systèmes exclusifs qui font table rase de tout ce qui est antérieur à eux ou placé en dehors d'eux. Nous encouragerons nous-mêmes, et autant qu'il sera en notre pouvoir, ces généreux efforts tentés depuis quelques années en France et surtout en Allemagne, par les restaurateurs de l'érudition médicale, et nous souhaitons vivement d'avoir souvent à rendre compte de recherches aussi étendues et aussi bien dirigées que celle de M. Sichel.

Dans l'histoire des sciences et principalement dans les sciences naturelles et médicales, le langage technique est une des plus grandes sources de confusions et d'incertitudes; les mots finissent toujours par être détournés de leur signification primitive, aussi bien par les anciens que par les modernes ; tantôt on se sert des mêmes termes pour exprimer des choses différentes, tantôt on invente des termes nouveaux pour

rendre des idées ou représenter des faits identiques; c'est précisément ce qui est arrivé pour le glaucôme. Aussi la première chose à laquelle M. Sichel s'est attaché, c'est de fixer définitivement le sens des mots sur de nombreuses et irrécusables autorités. En remontant aux écrits originaux des Grecs et en laissant de côté leurs commentateurs et traducteurs, écrivains souvent mal inspirés, il a trouvé que glauque (λauxós) ne signifie nullement vert ou verdâtre, comme le prétendent certains lexicographes anciens et tous les médecins modernes; mais que ce mot exprime toujours une idée de bleu clair. Il démontre ensuite par une série de témoignages authentiques que le glaucôme ou la glaucose (laúxwpa, yłaúxwors) des médecins grecs et de leurs successeurs au moyen âge, représente non pas l'état pathologique étudié pour la première fois au commencement du XVIIIe siècle par Brisseau (1705), et auquel ce médecin a conservé le nom de glaucôme, par suite d'une absence complète de critique, mais bien ce que nous appelons aujourd'hui la cataracte lenticulaire.

Brisseau, qui regarde le glaucôme comme une opacité du corps vitré, a été copié par tous ses successeurs, jusqu'en 1807, époque à laquelle Autenrieth ouvrit une nouvelle voie en plaçant le siége de cette maladie dans la choroïde; cette opinion resta sans écho. Les ophthalmologistes continuèrent à marcher sur les erremens de Brisseau, et ce n'est qu'en 1831 que MM. Sichel et Canstatt, sans connaître le passage d'Autenrieth, arrivérent simultanément à regarder la choroide comme l'organe primitivement et principalement affecté dans le glaucôme; ils établirent en outre que la décoloration de la choroide et la teinte jaune du corps vitré, et non pas son opacité verte, sont la cause véritable de l'apparente opacité verdâtre du fond de l'œil dans cette maladie. Plus tard, en 1837, M. Sichel fit faire un dernier pas à l'histoire du glaucôme en modifiant cette première opinion et en démontrant que le cristallin devenu jaunâtre avait plus d'influence sur la production de cette teinte verte que le corps vitré.

Si, depuis ces importantes découvertes, les ophthalmologistes

ont persisté dans les idées ou plutôt dans les erreurs de Brisseau, s'ils en ont enfanté qui leur sont propres, c'est qu'ils n'ont pas disséqué un assez grand nombre d'yeux glaucomateux, ou qu'ils ne l'ont pas fait convenablement, et avant qu'il se fût développé la moindre trace de putréfaction.

Plus de cent auteurs ont été compulsés par M. Sichel; it a traduit avec fidélité et précision les textes grecs et latins, allemands ou anglais; il a eu soin de mettre entre parenthèse les mots ou les textes originaux sujets à controverse; il n'a pas craint de citer longuement et d'accumuler un grand nombre de citations; il porte ainsi dans l'esprit une conviction plus entière et ne laisse plus matière à des objections.

Exposition des connaissances de Galien sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux, thèse par le docteur Ch. V. Daremberg. - Paris, in-4°.

Que le lecteur ne s'effraye point, nous ne voulons point faire ici un traité de pathologie du système nerveux. Nous avouerons même qu'il n'est pas dans nos usages d'annoncer les thèses de médecine. Mais celle-ci, sans parler du mérite scientifique sur lequel nous nous garderons bien de prononcer, a pour nous un intérêt particulier en ce qu'elle met en relief les connaissances et la doctrine d'un des plus célèbres méde cins de l'antiquité. Les ouvrages de Galien n'intéressent pas seulement sa spécialité, ils s'adressent aussi à l'historien, au philosophe, à l'antiquaire; on y trouve même les renseiseignemens les plus curieux sur la bibliographie contemporaine du médecin grec. Nous nous sommes donc empressés de lire cette thèse, qui, comme on l'a dit ailleurs, sera une des meilleures sorties de la faculté de Paris.

Après avoir présénté une idée générale de l'anatomie de Galien, M. Daremberg s'occupe de l'anatomie des centres nerveux et des instrumens employés à la dissection du cerveau; puis en parlant de ses membranes appelées dure-mère et pie-mère, il traite de leur usage et de leur utilité, de la

surface extérieure du cerveau, du cerveau proprement dit, de ses parties accessoires, de ses voies d'excrétion et en particulier du corps pituitaire. Cette première partie se termine par des détails sur le plexus rétiforme, la substance du cerveau et sur la moelle épinière. La seconde partie est consacrée à l'anatomie des nerfs connus sous les noms de craniens, olfactifs, optiques, oculo-moteur, trifacial, palatins, etc., etc. Si nous mentionnons les autres divisions intitulées : Origine et structure des nerfs, leur distinction d'avec les tendons; physiologie générale des centres nerveux; physiologie expérimentale, but pratique de l'anatomie de Galien, nous aurons présenté un canevas bien nu du curieux et savant travail de M. Daremberg, qui, sous le titre modeste de thèse, nous a donné un véritable ouvrage rempli de recherches du plus haut intérêt, en rectifiant un grand nombre d'erreurs accréditées sur les connaissances anatomiques de Galien. Cette liste de mots techniques montre assez au lecteur qu'il nous est impossible d'entrer même dans quelques détails à cet égard; nous renvoyons les hommes du métier à la thèse elle-même; mais ce que nous devons dire, c'est que l'auteur a une lecture immense et qu'il a fait preuve d'une véritable et solide érudition. Au milieu des recherches qui se rapportent directement à son auteur favori, il a fait de fréquentes excursions dans les écrits de ceux qui ont précédé ou suivi Galien, en les rattachant à ce dernier; en sorte qu'il a donné, pour l'anatomie surtout, l'histoire presque complète du système nerveux avant la renaissance. Il ne faut pas s'étonner si les connaissances anatomiques des anciens étaient si peu avancées. Un obstacle perpétuel, constant, s'opposait aux progrès dans cette branche de la science: nous voulons parler de la loi religieuse qui défendait l'ouverture du corps humain, obstacle dont Galien lui-même se plaint dans ses ouvrages, réduit qu'il était à faire ses observations anatomiques sur les corps des animaux. M. Daremberg a parfaitement apprécié le degré des connaissances anatomiques du célèbre médecin grec; nous l'engageons à persévérer dans cette voie peu explorée, et à nous faire mieux connaître un

écrivain dont les textes n'ont pas encore été soumis à une critique sévère et judicieuse; il continuera l'école toute nouvelle fondée chez nous par M. Littré.

LITTÉRATURE ANCIENNE.

Grammaire latine. Traité des lettres, de l'orthographe et de l'accentuation; par l'abbé Prompsault, aumônier de la maison royale des Quinze-Vingts. Paris, chez G. Martin, imprimerie de Dépée. In-8° de 320 p.

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« Je distingue, dit l'auteur, quatre âges dans la littérature latine, et quatre espèces de latinité. Le premier âge commence à la fondation de Rome et finit vers les derniers temps de la république. Le second commence dans les derniers temps de la république et finit avec le règne d'Auguste. Le troisième commence sous les successeurs d'Auguste et finit à la chute de l'empire. Le quatrième commence à la chute de l'empire et finit au xv° siècle, époque où la langue latine cesse d'être parlée. La première espèce de latinité est celle qui fut propre aux écrivains du premier âge; je la nommerai haute latinité. La seconde est celle qui se forma sous les meilleurs écrivains du siècle d'Augnste; je la nommerai belle latinité. La troisième est celle que suivirent les écrivains du troisième et du quatrième âge; je la nommerai moyenne latinité. La quatrième a été de tout temps celle du peuple et des écrivains dépourvus de goût et de savoir; je la nommerai basse latinité. Les grammairiens que j'ai consultés sont ou anciens ou modernes je mets au nombre des anciens tous ceux qui ont écrit avant le xve siècle, et au nombre des modernes tous ceux qui ont écrit depuis. Chaque grammairien ancien a enseigné comme cela devait être la latinité de son siècle. Ses préceptes avaient le mérite d'être appropriés aux besoins du moment et faisaient souvent oublier ceux qui avaient été donnés par ses devanciers. De là vient que les traités de grammaire composés durant le premier et le second âge de la

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