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pose de les continuer, comme il a déjà fait depuis la rentrée des vacances, et peut-être l'an prochain® me sera-t-il possible de leur donner toute la place qui leur appartient à tant de titres. J'y ferai du moins mes efforts, et j'espère que dans une matière toute technique, et dans laquelle je suis peu versé, l'on voudra bien me venir en aide.

M. Bérard-Varagnac vous a fait connaître un volumineux rapport de M. Alcan, professeur au Conservatoire des arts et métiers, touchant le coton, soit dans ses produits, soit dans les procédés récents à l'aide desquels l'industrie est parvenue à les obtenir. Ce rapport, rédigé à la suite de l'Exposition de Londres, en 1872, est d'un très-grand intérêt, et l'industrie textile se rattache aux sciences morales par une foule de points qu'il est inutile de rappeler; mais la partie technique naturellement y domine, et vous me permettrez de me borner ici à cette simple énonciation.

Vous avez entendu la lecture d'une notice que M. Guégan, vous a adressée sous ce titre : Recherches géologiques et historiques aux environs de Saint-Germain-enLaye. Dans ce mémoire, l'auteur vous a entretenus d'un dolmen récemment découvert à Conflans-SainteHonorine, près du confluent de la Seine et de l'Oise, et de l'allée couverte de Marly près du lieu désigné sous le nom de la Tour-aux-Païens. Je me borne à cette simple mention, le travail de M. Guégan figurant actuellement dans le dixième volume de nos Mémoires.

Jusqu'ici nous n'avions guère comme source historique du Déluge, et en dehors de la tradition orale, que la Genèse, le récit de Bérose qui n'en est que le calque, et quelques inscriptions cunéiformes qui se bornaient à y faire allusion. Il n'en est plus ainsi depuis qu'un sa

vant anglais, M. Smith, est parvenu à rétablir dans leur ordre et à lire des milliers de tablettes, chargées d'inscriptions cunéiformes, éparses dans les restes de la bibliothèque royale du vieux palais de Sardanapale. Je ne puis entrer avec M. Rodouan dans les détails de cette découverte, ni vous dire les procédés au moyen desquels le poème assyrien (car c'est tout un poème) a pu être reconstitué; et je dois me borner à vous dire que la relation du poète offre une frappante analogie avec le récit biblique, et que, comme celui-ci, elle reconnaît au déluge une cause exclusivement morale, c'est-à-dire un châtiment infligé par le Ciel à la perversité humaine.

Vous devez à M. l'abbé Chevalier une série de communications sur la mer Morte et sur le récit biblique concernant les cinq villes détruites par le feu du ciel, récit dont une partie, celle qui s'applique au surnaturel, est naturellement restée en dehors des observations qui vous ont été soumises et dont voici le court sommaire. La destruction par le feu du ciel des villes qui formaient la Pentapole de la Palestine est attestée nonseulement par le récit de Moïse, mais encore par les témoignages formels et identiques de Strabon, de Pline, de Josèphe, de Tacite et de Solin; et Voltaire qui a cherché en plus d'un endroit à infirmer le récit de la Genèse, n'a eu garde de citer ces écrivains dont la véracité est à l'abri de tout soupçon. Ces villes étaient-elles situées à l'endroit même qu'occupent aujourd'hui les eaux du lac Asphaltite? La plupart des abrégés classiques de l'Histoire sainte le disent, mais le récit de la Genèse, qui parle de la vallée des Bois-Siddin comme étant devenue la mer de sel, ne dit nulle part que Sodome fût dans cette vallée. Le contraire même est formellement indiqué, puisque c'est dans cette vallée que

les rois d'Elam et de Sennaar se réunirent avec leurs armées pour livrer bataille aux rois des cinq villes. Il y avait donc là une plaine où des armées pouvaient se mesurer, et le récit ajoute que les rois d'Elam et de Sennaar, après leur victoire, allèrent piller les villes des vaincus. Et de là il résulte : 1° que contrairement à la prétention de Voltaire, la mer Morte n'a pas toujours existé; 2° que les villes détruites n'étaient pas sur l'emplacement actuel de cette mer. Où donc étaient-elles situées? Selon le récit de Strabon, de Tacite, de Josèphe, confirmé par les explorations des voyageurs modernes, elles auraient environné comme une couronne toute la partie méridionale de la vallée des Bois, et il ne serait pas étonnant que des villes bien abritées par la montagne de sel contre les feux du midi, et situées dans un terrain fertile, fussent devenues riches et florissantes. Mais si la mer Morte n'a pas toujours existé pour recevoir les eaux du Jourdain, où donc se rendaientelles? Le problème ne semble pas encore résolu, et les explorations nécessaires pour cet effet sont malaisées dans le désert; on peut admettre cependant que primitivement le Jourdain s'est déchargé dans la mer Rouge, et le mouvement naturel du terrain, des indications géographiques remontant à la plus haute antiquité et certaines traces, visibles encore, éparses dans le désert, semblent autoriser cette hypothèse. Enfin la découverte faite il y a vingt-cinq ans par deux voyageurs anglais d'une colonne d'environ quarante pieds de haut, formée d'une roche de sel recouverte de carbonate calcaire précisément sur le chemin de Ségor et à l'endroit où a dû se passer l'histoire de la femme de Loth, est une coïncidence que l'histoire n'a pas le droit de négliger.

Tout croire, tout rejeter sont deux excès que la saine

critique historique doit éviter avec un égal soin; malheureusement la fantaisie, la passion ne laissent pas d'être souvent les seules conseillères de l'historien comme du populaire, et les légendes dramatiques ont une grande chance de prévaloir sur la vérité plus simple et plus nue. Pour combien de gens Charles-Quint a fait procéder de son vivant à ses propres funérailles ! Robertson lui-même ne l'a-t-il pas cru? ne l'a-t-il pas raconté? Et Galilée? le monde ne croit-il pas encore aujourd'hui qu'il a gémi dans les cachots de l'Inquisition pour avoir enseigné que la terre se meut autour du soleil? le monde ne croit-il pas qu'obligé de se rétracter pour échapper à une peine rigoureuse, il le fit, mais en murmurant tout bas cette protestation « Et pourtant elle se meut!» Légende dramatique d'accord et très-propre à inspirerun poète, mais légende démentie par tous les témoins contemporains, démentie par toute la correspondance de Galilée, démentie par toutes les pièces du procès qui lui fut intenté, non pas pour avoir enseigné ce que Copernic enseignait fort librement, mais pour avoir voulu joindre à cet enseignement des doctrines théologiques erronées. C'est ce que M. l'abbé Chevalier vous a démontré, et en cela il avait été devancé par d'imposantes autorités qu'il vous a citées. Condamné comme mauvais théologien, non-seulement Galilée n'eut à subir aucune des rigueurs, aucune des humiliations dont la légende fourmille; mais sa correspondance démontre qu'il fut encouragé par la Cour de Rome jusqu'au jour où il eut la malencontreuse idée de dogmatiser.

M. de Barghon Fort-Rion vous a communiqué quelques notices qui ne sont pas sans intérêt pour notre histoire, et dont je ne puis que vous rappeler les titres : Séjour de Mozart à Versailles; l'ancien Hôtel des gendar

mes du roi, devenu aujourd'hui la caserne de recrutement; une biographie de Berthier, dans laquelle l'un de nous a regretté que l'auteur n'ait pas caractérisé comme ils le méritent certains actes qui pèseront toujours sur sa mémoire et que ses grands talents administratifs ne peuvent excuser. L'histoire a des droits, l'histoire a des devoirs, et ne peut déserter ni les uns ni les autres; aux vivants les égards, aux morts la vérité, toute la vérité.

Une publication récente de M. Félix Rocquain a fait connaître dans leur intégrité les principaux rapports faits au gouvernement, issu de la journée du 18 brumaire, par plusieurs personnages éminents envoyés en mission pour constater l'état du pays. Si ces documents officiels n'existaient pas, vous a dit M. Ploix, et si les hommes de notre âge qui n'ont point vu les faits ne les avaient entendu cent fois attester par les témoins oculaires, on serait tenté de contester l'exactitude du tableau tel qu'il ressort de ces documents, et l'on se refuserait à croire tout ce qu'ils rapportent de l'état où le régime de la Terreur, et plus encore l'incapacité et la malhonnêteté du Directoire avaient mis tous les services publics : les routes impraticables et changées en fondrières, les propriétés nationales tombant en ruines, les forêts abandonnées à la dévastation et au brigandage, l'instruction publique livrée par suite de la proscription du clergé, ici à des prêtres mariés, la plupart décriés pour leur immoralité, là à des maîtres d'école ignorants ou ivrognes; les juges des tribunaux électifs diffamés pour leur ignorance et souvent pour leur partialité; les hôpitaux dépouillés de leurs revenus, manquant de lits, de linge, de couvertures; les enfants abandonnés mourant sans secours et par centaines; un désordre financier tel qu'à Paris même il y avait un arriéré de soixante-dix

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