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ET

LE CAMP ROMAIN

SUR LA FRONTIÈRE RÉMOISE

Épisode de la deuxième campagne de Jules César dans les Gaules.

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Lorsque Jules César, encouragé par le succès d'une première campagne, entreprit, en l'an 58 avant Jésus-Christ, de soumettre toute la Gaule transalpine à la domination romaine et conduisit ses armées victorieuses vers les régions du Nord, les Kimro-Belges occupaient la vaste contrée actuellement comprise entre l'Océan, la Seine, la Marne, les Vosges et le Rhin.

Depuis les temps préhistoriques, de nombreuses invasions avaient successivement roulé sur ce pays; les Galls, Gaëls ou Gaulois purs l'avaient occupé, puis étaient venus les Kimris, vers le VII siècle avant l'ère chrétienne. A leur tour, les Gallo-Kimris, vers le Iv° siècle, avaient dû céder la place aux Belges ou Bolgs, race essentiellement belliqueuse (1) qui, mélangée aux vain(1) CÆSAR, liv. I, § 1or.

cus, avait constitué la race Kimro-Belge à laquelle se heurta le conquérant romain.

Les différentes tribus de cette dernière race s'étaient partagé le sol et formaient un certain nombre de petits peuples autonomes, mais cependant alliés, ou plutôt confédérés et organisés pour la résistance commune en cas d'invasion nouvelle. Les habitants de la Gaule septentrionale surtout étaient de rudes chasseurs et de farouches guerriers; ils n'avaient pas été adoucis, comme les Gaulois du centre, par le contact de la civilisation romaine, et avaient conservé avec leurs coutumes sauvages leurs larges braies serrées à la cheville, leurs saies de peaux de bêtes, leurs épaisses moustaches et leurs longues chevelures souvent rougies par l'eau de chaux (1).

Parmi les populations Kimro-Belges, les deux premiers peuples qui virent les armes romaines furent les Rèmes (Remi) et les Suessions (Suessiones), dont les capitales respectives étaient Dourcortre (Durocortorum ou Durocorterum, aujourd'hui Reims) et Noviodun (Noviodunum, aujourd'hui Soissons). Le pays des Rèmes était borné au nord, par le pays des Nerviens (Cambray); au nord-ouest, par celui des Veromandues (le Vermandois); à l'ouest, par les Suessions; au sud, par les Tricasses (Troyes) - ces derniers appartenant à la Gaule celtique (2); au sud-est se trouvaient les Leuques (Toul) et les Trévires (Trèves).

Le territoire des Suessions était entouré au nord,

(1) PLINE, liv. XXVIII, ch. xII.

(2) Les Catalaunes (Châlons) étaient compris dans le territoire rémois, puisque César (liv. II, § 3) dit que - les Rèmes appartenant au pays belge étaient limitrophes de la Gaule celtique » — et ne fait pas mention d'une autre tribu belge intercalée entre eux et les Tricasses.

par les Véromandues; à l'ouest, par les Bellovaques (Beauvais) et les Silvanectes (Senlis); au sud-est, par les Meldes (Meaux); au sud, par les Tricasses, et enfin à l'est par le vaste pays des Rèmes.

Une frontière commune séparait ceux-ci des Suessions sur une longueur d'environ 40 lieues gauloises (près de 89 kilomètres) (1); cette ligne de séparation des deux territoires se dirigeait à peu près du nord-ouest au sudest, depuis le confluent de l'Oise (Isara) et de la petite rivière nommée Lette (autrefois Aiglette ou Ailette), (Aquila), jusqu'au pays des Tricasses qu'elle rencontrait près de l'endroit où se trouve aujourd'hui le village de Vauchamps, à peu de distance de Montmirail-en-Brie.

Ces délimitations, comme celles de la plupart des peuples des Gaules, peuvent être tracées avec exactitude parce qu'elles subsistèrent dans toute leur intégrité pendant une longue suite de siècles. Les Romains, pour gouverner plus facilement le pays soumis, respectèrent, non seulement les lois et les coutumes des divers peuples gaulois, mais encore les firent entrer intégralement et comme subdivisions dans ces grandes divisions usitées par la nouvelle administration civile et militaire qu'ils organisèrent après la conquête (2). Plus tard, lorsque, sous Constantin, le christianisme fut devenu la religion de l'empire, les divisions ecclésiastiques qui prirent le nom de diocèses, furent nécessairement les mêmes que les divisions administratives et conservèrent les limites et l'étendue des tribus primitives.

L'irruption des barbares et la chute de l'empire romain détruisirent les circonscriptions politiques et administratives, mais les circonscriptions ecclésiastiques

(1) La lieue gauloisé équivaut à 2 kilomètres 220 mètres.
(2) WALCKENAER, Géographie des Gaules, 2o partie, liv. Ier.

furent conservées par les Franks convertis; si, dans la suite, des changements ont été apportés dans la délimitation des diocèses, ces modifications ont été enregistrées par l'histoire, et leur connaissance permet de reconstituer aujourd'hui avec exactitude les anciens diocèses et, par conséquent, les limites respectives des anciens peuples gaulois.

II

Les Rèmes et les Suessions, avant l'arrivée des Romains, étaient étroitement unis, soumis aux mêmes lois et gouvernés par les mêmes magistrats (1); cependant, lorsque César marcha sur la Gaule-Belgique, ces deux peuples firent preuve envers lui de sentiments tout différents. Pendant que tous les Belges confédérés se préparaient à une résistance énergique et réunissaient 300,000 guerriers sous les ordres du chef suession Galba, les Rèmes, abandonnant la cause commune, s'empressaient d'offrir leur soumission au conquérant, lui livraient des otages et le renseignaient sur les forces des alliés avant même que les légions romaines eussent franchi la frontière celtique (2).

A quoi devons-nous attribuer ce manque de patriotisme de la part des Rèmes? Peut-être au dépit de n'avoir pu faire placer un chef rémois à la tête de l'armée、 de défense; peut-être à la crainte de voir succomber leur pays dans une résistance inutile. Ni l'une ni l'autre de ces deux raisons ne sauraient excuser leur conduite.

Il nous répugne cependant, pour notre part, d'accuser nos ancêtres de lâcheté, et nous aimons mieux croire qu'ils furent circonvenus par d'habiles négociations ou

(1) CESAR, liv. II, § 3.

(2) CESAR, liv. II, §§ 3 et 4.

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