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UNE CHARTE CARLOVINGIENNE

ET

UNE CHARTE DU MOYEN AGE "

COMMUNICATION

Faite à la Société des sciences morales des lettres et des arts de Seine-et-Oise

PAR M. VICTOR BART

Le plus ancien manuscrit de ma modeste collection remonte au temps de Charlemagne. On peut considérer comme presque miraculeuse la conservation de cette pièce. Il est même probable que sans les recherches auxquelles je me suis livré avec opiniâtreté pendant bien longtemps, en compulsant dix ou douze mille vieux parchemins, ce document du VIIIe siècle, qui avait été sauvegardé durant plus de mille ans, serait actuellement anéanti (2).

(1) A ces chartes se rattache le souvenir de Charlemagne, de Théodrade, l'une de ses filles, de Carloman, son frère, de Louis VII, de Suger, d'Héloïse et d'Abélard.

(2) Dans la nuit du 4 août 1789 et depuis, on a détruit un nombre incalculable de vieux parchemins manuscrits. Quand on ne les brûlait pas, on les coupait par morceaux, soit pour les coller sur toutes sortes de cartonnages, soit pour couvrir des vases de conserves. L'abolition des privilèges était assurément une excellente chose, mais on n'aurait pas dû aller jusqu'à la destruction des monuments écrits de notre histoire.

La dernière de mes pièces historiques émane du personnage, pour nous tristement célèbre, que l'on a appelé << un grand barbare, » comme s'il remontait aussi au temps de Charlemagne, c'est-à-dire à l'époque où régnait ce redoutable chef des Francs dont les historiens allemands se sont emparés au profit exclusif de la nationalité allemande. Je veux parler de M. de Bismarck. - Ce document, qui est probablement unique entre les mains d'un simple collectionneur, marque la fin du trop mémorable siège de Paris.

Entre ces deux dates extrêmes, j'aurai à vous parler du roi Louis le Jeune, de Catherine de Médicis, de Louis XIV, de Washington, des princes de Condé, du conventionnel Condorcet, du général Belliard, du géné ral Bonaparte, de la Restauration, de la révolution de 1830 et de celle de 1848, du prisonnier de Ham, le prince Louis-Napoléon, et du maréchal Bugeaud. Presque tous ces documents sont inédits.

Les pièces autographes inédites ont un double attrait. Elles sont souvent intéressantes par ce qu'elles contiennent, c'est-à-dire par les renseignements ou les éclaircissements que l'on peut en tirer, surtout pour l'histoire. La vue des autographes, même publiés, n'est pas non plus à dédaigner. L'examen attentif d'un manuscrit présente un intérêt qu'on ne saurait méconnaître. Cet examen fait surgir d'utiles réflexions, si l'on se reporte par la pensée au temps où vivait l'auteur. Lorsque l'autographe émane d'un homme célèbre, on considère, avec une sorte d'émotion, les caractères tracés de sa main. Si l'auteur a éprouvé quelques hésitations à propos des idées émises ou des expressions employées, s'il a fait des modifications ou des corrections apparentes, on peut arriver à se rendre compte du travail d'esprit

qui les a amenées. On fait quelquefois certaines autres découvertes qui permettent d'entrer dans la pensée intime de l'auteur, comme vous pourrez le remarquer en voyant la lettre écrite par M. de Bismarck. Il ne suffit donc pas d'entendre la lecture des documents autographes; il faut es voir et les examiner à loisir.

Si cela vous est agréable, je mettrai sous vos yeux les plus importantes des pièces dont j'ai à vous donner lecture. Vous pourrez ainsi vous assurer de leur authenticité, ce qui ajoutera beaucoup à la valeur que chacun de vous, suivant ses dispositions particulières et ses penchants prédominants, serait porté à attribuer à tel ou tel de ces manuscrits.

Les premiers documents qui vont vous être présentés, sont deux très anciennes chartes sur parchemin. Toutes. deux ont figuré, par mes soins, à l'Exposition universelle de 1867. Elles m'ont valu l'attribution d'une grande médaille portant l'inscription : « Pour services rendus. »

D'autres chartes analogues avaient aussi été admises, avec empressement, à cette grande Exposition, dans la partie rétrospective. Mais les deux documents que voici, avec leur caractère à la fois historique et archéologique, se distinguaient par une circonstance très remarquée. Ils se trouvaient être des dates les plus reculées, ce qui les avait fait classer en tête de ceux exposés.

Ces documents s'appliquent l'un et l'autre à des communautés religieuses très anciennement établies à Argenteuil.

Même avant le temps de Charlemagne, il existait à Argenteuil un monastère ou prieuré de femmes, fondé par un riche seigneur nommé Ermenric et par son épouse Nummane. La création de ce monastère que les fondateurs paraissaient avoir mis sous la dépendance de

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