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Pendant ce difcours j'étois reftée pétrifiée, j'avois les yeux baiffés que je n'ofois lever dans la crainte de laiffer échapper les larmes dont ils étoient remplis. Je voulus cependant prendre fur moi de cacher mon trouble, mais le coup étoit trop fen

fible.

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Comment donc, poursuivit Madame d'Arenville, avec cet air qu'elle fçavoit si bien prendre lorfqu'elle vouloit se faire obéir; il me paroît Mademoifelle que vous n'approuvez point mes arrangemens, quand je ne dois m'attendre qu'à des remercimens de votre part, je vous trouve l'air interdit & ne pouvez répondre. Voilà plufieurs Partis qu'on

&

vous propofe, pas un ne vous convient, je n'ai point été furprife de l'éloignement que vous avez marqué pour les premiers; l'éducation que vous avez reçu par mes foins, peut bien vous avoir épuré les fentimens, & j'ai toujours cru qu'elle avoit gravé dans votre cœur une délicateffe & une façon de penfer dont je pouvois m'applaudir; mais la perfonne que je vous propose m'étant alliée, il me paroît que c'est vous faire affez d'honneur pour me flatter que vous duffiez m'en montrer au moins quelque reconnoiffance, & je vois avec chagrin mes foupçons fe tourner en certitude. Depuis long-tems je m'apperçois que le Comte vous

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aime: il ne m'eft pas difficile de voir à préfent que vous êtes la feule caufe de fon obftination à refuser Mademoiselle de Tournon. J'aurois pû me flatter que fes refus pouvoient avoir un plus noble objet; mais, que dis-je, n'ai-je pas as m'appercevoir depuis longtems que je fuis payée de toute part de la plus noire ingratitude : je fçaurai vous en punir l'un & l'autre. Comment petite folle, avez-vous pû former le projet de vous attacher un homme qui ne peut, ni ne doit jamais être à vous; car il eft bon de vous dire que malgré l'amitié que j'ai eu pour vous, je m'opposerai toujours, de tout mon pouvoir à vos

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idées extravagantes. Non, Mademoiselle, ne vous flattez jamais d'époufer le Comte, je vous crois encore trop de vertu pour vouloir être fa maîtreffe, ainfi vous n'avez d'autre parti à prendre que celui d'époufer le Baron,puifqu'il vous aime affez pour s'abaiffer jufqu'à vous, ou celui de vous faire Religieufe, fans quoi je yous abandonne.

Ah mon Dieu ! Madame lui dis-je en fondant en larmes, quelle horrible sentence avezvous prononcé contre moi! hélas permettez-moi du moins de me juftifier auprès de vous. Je ne veux rien entendre, me dit Madame d'Arenville & vous laiffe tout le tems que je

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ferai

01

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ferai dans mon voyage, pour faire vos réflexions: je verrai par le parti que vous prendrez, fi je dois encore m'applaudir des foins que j'ai pris de vous élever comme ma fille. Je ne répondis qu'en mouillant de mes larmes une de fes mains que je baifois. Elle fonna fes femmes, qui furent très-fur18 prifes de me voir fortir toute en pleurs.

Je remontai dans mon Appartement, où je me livrai à la douleur la plus amère: les duretés que je venois d'effuyer de la part de Madame d'Arenville, me perçoient le cœur. Renoncer pour la vie à l'efpoir d'être unie au Comte, étoit pour moi le comble de tous les H

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