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ment auffi avantageux? En vérité, Mademoiselle, je crois, Dieu me pardonne, que vous perdez l'efprit. Je penfois que c'étoit quelque godelureau, comme ceux qui fe font déja préfentés. Ma foi, fi je n'avois peur de vous faire du tort dans l'efprit de Monfieur le Comte, je lui écrirois tout-à-l'heure, afin qu'il vous gronde comme vous le meritez. Je vous le permets, lui répondis-je, auffibien aurois-je grand befoin de fes fages confeils

pour m'aider à me déterminer. Mais je vous avertis que fi Madame apprend que vous lui ayez écrit, elle ne vous le pardonnera jamais. Oh, fi ce n'eft que cela, je le ferai bien fans qu'elle le fache;

repofez-vous fur moi ; je veux que vous foyez heureuse malgré vous.

Elle me quitta dans l'inftant pour aller écrire, & je m'applaudis d'avoir trouvé le fecret d'inftruire mon Amant de tout ce que j'avois à lui dire, fans qu'il parût que j'y euffe aucune parr. Mademoiselle Brouceremplitadmirablement bien mon idée, & voici la Lettre qu'elle écrivit au Comte.

MONSIEUR,

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» L'intérêt que je fçais que » vous prenez à tout ce qui regarde Madeinoifelle Flo»re, m'engage à vous faire part d'un Parti très-avantageux, que Madame lui

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propofe. Vous n'en douterez point, lorfque vous apprendrez que c'eft M. le Ba ron de... Je ne puis comprendre quelles raifons elle peut avoir de le refufer;mais »il eft certain que fi vous ne joignez votre autorité à celle » de Madame, pour la déter» miner, je la vois toute dif pofée à refufer ce mariage. Je n'ai jamais vu de douleur pareille à la fienne; il eft » même à craindre qu'elle n'en tombe malade. Je ne fçais d'où lui peut venir cette averfion décidée qu'elle a » toujours eue pour toutes for tes d'établiffemens: On pour roit lui paffer fa répugnance » pour les premiers qui fe font

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préfentés; mais Monpour feur le Baron, qui, après » vous, Monfieur, eft, felon moi, le plus aimable de tous les hommes, vous convien» drez qu'il faut être entierement dépourvu de jugement » pour refufer une fortune auffi brillante, & qu'elle ne retrouvera peut-être jamais. » J'ai pris la liberté de lui en 20 dire mon fentiment. J'entrevois qu'elle pourroit bien avoir une inclination. Au refte ce n'eft qu'une conjecture que je tire fur fon obfti»nation; car je ne lui connois » d'attachement pour perfon» ne. J'ai voulu la fonder làdeffus, & n'ai pu rien décou vrir, Cependant je me flatte

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כל

qu'elle m'aime affez, pour m'en avoir fait la confiden» ce. J'ai donc cru devoir vous avertir de fon chagrin, afin » que vous employiez le pou» voir que vous avez fur elle » pour lui faire prendre une » réfolution qui lui foit utile. » Madame doit partir dans huit jours pour Paris: comme je » ne ferai point du voyage, parce qu'elle me laiffe auprès »de Mademoiselle Flore, fi » vous jugez à propos de lui écrire, ayez la bonté de mettre votre Lettre fous enveloppe à mon nom. «

כבי

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Et par apoftille:

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Il eft effentiel que Madame ne fcache point que j'ai → eu l'honneur de vous écrire;

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